Jean-Baptiste Petit

Je suis artiste-plasticien, illustrateur et co-fondateur du collectif d’artiste Bétonite.

Ma pratique se situe entre les frontières de l’estampe, du dessin, de la peinture.

Je m’intéresse particulièrement à la notion de traduction du réel, de ses interprêtations et de sa transformation par le processus créatif fractionné et multiple. Cette fragmentation consiste régulièrement à faire passer une image par plusieurs états successifs, à travers des médiums qui la modifient progressivement.

La représentation de la nuit se trouve au centre de mon travail du fait de son caractère irreproductible, m’amenant à la traiter sous une infinité de points de vue et de variations.

Conjuguer, mélanger différentes plasticités me permet de trouver des langages spécifiques à mon propos: la gravure donne à la peinture ce qu’elle ne peut pas dire seule et inversement. Le savoir-faire technique m’est d’autant plus cher car il me laisse la possibilité de naviguer entre plusieurs registres graphiques (de l’illustration à l’œuvre plastique).

Il s’agit souvent pour moi de confronter l’instantanéité des images pensées ou saisies à leur production/reproduction lente et minutieuse, dans un rapport au temps distordu.

Je cherche le point de rupture entre figuration et abstraction, où la mémoire s’estompe en songe.
Les narrations contemplatives et séquentielles m’inspirent des récits silencieux, nocturnes. 

Les images issues du souvenir et de l’enfance apparaîssent ponctuellement accompagnées d’une écriture en prose.
Les scènes ou récits qui mèlent la peur à la contemplation m’intéressent particulièrement.

Thomas Jacoulet

Je suis illustrateur de commandes et auteur d’albums et de bandes dessinées. Mes récits se nourrissent de contes régionaux, de littérature fantastique, du cinéma de genre et des épopées antiques et médiévales. le dessin est pour moi une écriture sensible autant qu’une porte vers des objets et des espaces en trois dimensions. C’est par ailleurs un outil, qui m’a servi à animer des marionnettes, pour la réalisation d’accessoires de cinéma et de vues perspectives pour un architecte. En collectif (Bétonite) il devient un autre territoire d’exploration. Il gangrène les murs des sous-sols, on s’y déplace dans des logiciels 3D, il sort de l’ombre lors d’expositions et se propage en festival sous diverses formes imprimées.

Amélie Royer

J’ai une pratique de la peinture à l’huile, de la gravure taille douce, ainsi que du dessin au fusain, à la pierre noire et à l’encre de Chine. La notion centrale dans mes recherches picturales est celle d’ « espace-temps ». Je cherche une sensation, celle d’être immergée dans une ambiance jusqu’à s’y oublier. Cette ambiance se caractérise par un temps palpable, si lent, qu’il semble habiter l’espace.
L’origine de cette recherche s’ancre pour moi dans un désespoir de la jeunesse, du moins de celle qui m’entoure. On se renferme dans la mélancolie, face à un monde qui nous échappe. J’incarne alors un déni de la «réalité». Je cherche des espaces de refuge, de liberté, attirée par la marge et fascinée par les espaces qu’elle occupe : terrains vagues, zones industrielles, friches, etc. Se trouver dans des ruines, c’est être face à une certaine immobilité ; quand on sort de la temporalité commune, on s’engouffre dans un vide. Je me fonds dans ce silence hypnotisant et y disparaît. Ce ressenti est la cible de mes recherches plastiques, une expression de la mélancolie, plus précisément de l’acédie, présente notamment dans la peinture romantique.
Aussi, c’est dans l’obscurité que je fais apparaître mes images. Cette fascination pour le noir va de pair avec mon expérience des souterrains . Quand je m’engouffre dans le noir, je me renferme sur moi-même, le temps n’existe plus, mes perceptions de l’espace sont sublimées et se mêlent à l’affect. Il y a dans les profondeurs de l’obscurité une impression d’engloutissement, de désintégration. Puis je vais trouver là de la lumière, un monde à part. C’est comme rentrer dans le sommeil, les lueurs qui apparaissent surviennent comme un rêve. Cette lumière est comme une présence, elle définit l’ambiance, la tension, elle semble alors flotter dans l’infini.
De plus, la lumière dans l’obscurité incarne le mystique. Elle révèle un besoin de croire en quelque chose qui nous dépasse. J’en suis fascinée, mais les images que je crée n’évoquent aucune croyance comme une incarnation du néant.
Il y a dans l’expérience de ces lieux, une sensation similaire à la création : l’espace de liberté d’un lieu en ruine s’apparente à celui de la feuille/plaque/toile.
Aussi ma pratique artistique prend source dans des moments que j’ai photographié. C’est une manière de revivre ces souvenirs, leur donner une nouvelle lecture proche de mes états d’âme. Ma pratique vient alors s’ajouter comme une nouvelle temporalité, je reconstruis une scène, son ambiance et pendant plusieurs heures, plusieurs jours, je ne vis plus que dans cet instant suspendu.
J’aime travailler en plusieurs couches, monter en contraste, en profondeur. L’image est alors empreinte du temps que j’aurai passé dessus.
Par ailleurs, je m’intéresse à la figuration. En m’approchant d’un certain réalisme je me rapproche de cette réalité un peu parallèle dans laquelle je me réfugie, je vis dans mes films et les images que je crée en sont des décors.

Marguerite Caillot

Dans ma pratique, il me plaît d’interroger le signe à travers le mouvement, le geste et l’amplitude. Le travail de la ligne m’envoute ; courbes, plis, boucles, volutes, avec lui je m’empare spontanément des thèmes du Corps et de l’Intime et du Rapport à l’Autre.
Je vois le corps comme un inventaire de signes et de matières, de pleins et de creux… Je vois la ligne et le dessin automatique comme le moteur d’une création libérée d’attentes. Mêler lâcher prise et précision pour faire parler le corps et les émotions.

Véronique Buri

Artiste plasticienne tournée, à l’origine, vers l’élaboration de bijoux contemporains, d’objets liés au corps et à son intimité. Son imagination est alors alimentée par les sécrétions émanant de la société de consommation avec une prédilection pour l’univers coloré et fascinant de la boite de conserve imprimée (entre-autre) qu’elle détourne créant une poétique du rebut.
Progressivement, ses créations, se détachant parfois du corps, ont aussi pris place dans l’espace osant ainsi une nouvelle exploration des possibles où vient se glisser une notion, celle d’une lenteur revendiquée qu’elle souhaite au rythme d’un sablier.
Dès lors, dans ses réalisations figuratives, elle utilise des savoir-faire populaires hybridés à des techniques liées aux domaines des Beaux-Arts, questionnant ainsi « l’ouvrage de dames » en tant que femme artiste.
Actuellement, elle développe un travail graphique au stylo, en cyanotype,
à partir de photos qu’elle prend lors de ses randonnées à travers les Vosges.
Arpenteuse des monts et forêts de longue date, elle constate le changement qui s’opère depuis des années et devient la source de ses inspirations et de ses préoccupations liées à la préservation du vivant.
Capter l’instant du regard posé, retracer la disparition, la fragilité, en un champ poétique et émotionnel. Ces différents procédés servent un propos, celui de son intérêt particulier porté à notre quotidien peuplé de ces petits riens et à notre environnement naturel avec en tête une urgence, celle de notre devenir.

Romain Goetz

Romain Goetz est un graphiste, développeur web, illustrateur, photographe et peintre Strasbourgeois.   

 

Depuis 2016, il travaille comme graphiste indépendant. Il accompagne des projets au long cours et évolue de la conception à la fabrication, grâce à une vision globale et fédératrice. Il collabore notamment avec le secteur culturel et associatif, avec la restauration, ainsi qu’avec des agences de communication et des entreprises de toutes tailles. Son univers est vibrant, coloré et dynamique. Il emploie les nombreux outils de la création graphique pour construire des identités fortes et cohérentes.   

 

Sa pratique d’illustrateur s’y inscrit en suite. L’artiste y travaille principalement la commande, où il complémente ses univers graphiques par des dessins, des images, des peintures. Elles se déploient sur de nombreux formats et matériaux : la carte d’un restaurant, des étiquettes de vins, l’intérieur d’un rapport d’activités, les interstices de sites internets. Tous deviennent autant d’espaces d’expressions et de transformations. La relation de Romain Goetz avec le public se déroule par le biais d’un objet utile, pourtant, elle apporte un retournement, un carnaval d’idées et de mélanges de genres .Le cartoonesque, la dérision et l’audace se mêlent aux techniques traditionnelles, à un travail minutieux et sensible.   

 

Enfin, comme peintre et dessinateur, Romain Goetz présente un travail plus intime et introverti. Au contact du terrain, à l’arpent du paysage, que l’artiste vit comme une rencontre, il cherche un échange avec le « plus que soi ». Il cherche la survivance du sauvage, une certaine étincelle, les tremblements qui émergent. L’artiste est à la recherche des lumières, des couleurs, des vibrations des moments plutôt qu’à leur représentation. En découle une œuvre disparate, autant toile que carnets, papier trouvés et morceaux d’écorces, dessins d’atelier et croquis de bivouacs.

ZalmO

Fascinée par l’acharnement technique de l’Art académique, par l’esthétique et le mystère des Symbolistes, l’inventivité des Surréalistes, l’absurde des Dadas (et leurs héritiers  littéraires de l’Oulipo!), par le trait d’Egon Schiele ou la liberté de Frida Kahlo, la peinture me berce depuis longtemps. Mais c’est plutôt du côté de dessinateurs raconteurs d’histoires que je trouve d’illustres exemples : de Béatrix Potter à Pef, de Gustave Doré à Gotlib ou Sempé, puis B. Yslaire, et toute la clique des férus de détails et de merveilleux : Rosinski, Loisel, Ana Mirallès, Bourgeon, etc.

J’ai choisi de travailler à l’encre, stylo et crayon et de favoriser l’aquarelle pour la mise en couleur. Attirée par l’art et l’histoire médiévale, je me suis amusée à imaginer un support qui permettrait de faire le lien entre le scrolling quotidien nous poussant à faire défiler les images du monde sur nos écrans, et le mode de lecture des rouleaux antiques, utilisé jusqu’au moyen-âge pour y dérouler les nouvelles du royaume. Je crée ainsi des « Rotuli », dessins en rouleau, support ludique et décoratif permettant de faire exister des textes illustrés. 

Au travers de mes créations, je cherche à créer de la complicité, du partage, et mon inspiration vient de la nécessité de trouver une forme à une idée, une intention, de l’envie d’offrir une image dans laquelle chacun pourra y puiser le petit frisson qui change la couleur du jour. 

Comme on sait que l’émulation vient en mangeant, la curiosité pour la cuisine artistique des autres a inspiré quelques réalisations communes : Les illustrations de «La Méthode Moussay», méthode de chant en collaboration avec l’artiste lyrique Mélanie Moussay,  «Bazooka», avec l’auteur et psychologue Cécile Canal, «Les Démons de la Colère», illustration en «Rotulus» du poème de Paul Barbieri, musicien et poète.

Certes exaltée par l’interdisciplinarité, je puise aussi mes images du côté de ce qui me semble purement esthétique et chéris autant l’intention profonde que la valeur décorative du dessin. Afin de relier fond et forme je travaille actuellement sur des projets de livres illustrés en tant qu’illustratrice et auteur.

Amande Bleue

Ma pratique artistique se concentre autour du dessin, et aujourd’hui principalement autour de l’illustration numérique sur Procreate, même si je conserve également une pratique de dessin plus traditionnelle, aux crayons de couleur et aux poscas.

Mes illustrations se concentrent essentiellement autour du féminin. Elles sont constituées à la fois de portraits de femmes que j’admire, mais aussi de personnages féminins plus imaginaires. Travailler autour de ces personnages est une façon de réaffirmer sans cesse la place et l’image des femmes dans nos sociétés. En outre, même si le portrait reste un de mes genres artistiques préférés, je m’attache à développer de plus en plus des illustrations narratives et conceptuelles. Mon style est un mélange entre réalisme et imaginaire, doux et coloré, qui laisse place à un certain onirisme, parfois étrange et mélancolique.  Mes sources d’inspiration sont multiples : la littérature, le cinéma, l’histoire de l’art, la culture japonaise, la bande-dessinée et la pop-culture. J’aime entremêler ces différentes références avec lesquelles j’évolue dans mes illustrations, pour proposer de nouvelles images que j’espère inspirantes.

Lisa Colicchio

Depuis quelques années, je travaille autour des thèmes de la maison, du chez-soi et surtout des abris, ceux qu’on a choisi de se fabriquer après une tempête, un incendie ou un cœur brisé. Ceux dans lesquels on rentre se réfugier parce qu’ils sont doux, familiers et confortables.

J’ai d’abord beaucoup représenté des accidents, des incidents et incendies qui venaient détruire ces foyers, ou simplement les perturber. Après ces destructions, il fallait donc fabriquer des abris, que j’ai représentés d’abord avec des techniques de peinture et de dessin, puis de gravure, pour pouvoir les multiplier presque à l’infini. 

À force d’en représenter, ma conception de l’abri a évolué : ils étaient d’abord très fermés, dépourvus de portes ou de fenêtres et même parfois sous cloche pour se protéger de l’extérieur, risquant de devenir des prisons. 

Par la suite, ils se sont ouverts et parés d’accessoires pour pouvoir y aller et venir à guise, jusqu’à s’ouvrir complètement sur le monde qui les entoure.

Évidemment, j’ai appris à considérer ces abris comme l’expression de mon « foyer intérieur », de la façon dont je me place dans le monde, comment je matérialise mon intériorité et son rapport avec l’extérieur : le réel, le concret et les autres. J’aime beaucoup la façon dont les femmes-maisons de Louise Bourgeois font du « soi » une construction dans laquelle on peut s’abriter.

Souvent, les abris que je crée sont littéralement des représentations de maisons, de cabanes, etc.   ; parfois, c’est un souvenir doux et agréable qui me sert d’abri, alors je me sers de photos pour construire une peinture, un dessin ou une gravure qui représente un lieu ou un moment qui m’a entourée de douceur. 

En ce qui concerne les techniques de gravure, j’essaie toujours d’expérimenter pour aller au bout de ce qu’une technique peut apporter à mon travail. J’aime beaucoup jouer avec les différentes textures, les jeux de superpositions de couleurs, les nombreux niveaux de détails que la technique que je choisis peut apporter à mon image.