Marina Bristot

Le questionnement autour du geste et du corps féminin sont les thèmes récurrents de mon travail. Je me suis intéressée à des techniques de création dites « lentes » (gravures, broderies, vanneries) car j’aime aller chercher dans la répétition du geste, une forme de rythme et de méditation qui vient façonner l’ouvrage.
J’aime pouvoir utiliser des savoir-faire anciens pour traiter de thématiques actuelles, politiques et féministes. Cela me permet de mettre en évidence la question de l’héritage dans mes œuvres ainsi que le besoin de transmission : faire liens.

Sylvestre Bouquet

Je suis illustrateur, graveur et auteur de BD.
Je sculpte aussi dans le bois des bas reliefs qui prennent la forme de portraits-totems.

Véronique Buri

Artiste plasticienne tournée, à l’origine, vers l’élaboration de bijoux contemporains, d’objets liés au corps et à son intimité. Son imagination est alors alimentée par les sécrétions émanant de la société de consommation avec une prédilection pour l’univers coloré et fascinant de la boite de conserve imprimée (entre-autre) qu’elle détourne créant une poétique du rebut.
Progressivement, ses créations, se détachant parfois du corps, ont aussi pris place dans l’espace osant ainsi une nouvelle exploration des possibles où vient se glisser une notion, celle d’une lenteur revendiquée qu’elle souhaite au rythme d’un sablier.
Dès lors, dans ses réalisations figuratives, elle utilise des savoir-faire populaires hybridés à des techniques liées aux domaines des Beaux-Arts, questionnant ainsi « l’ouvrage de dames » en tant que femme artiste.
Actuellement, elle développe un travail graphique au stylo, en cyanotype,
à partir de photos qu’elle prend lors de ses randonnées à travers les Vosges.
Arpenteuse des monts et forêts de longue date, elle constate le changement qui s’opère depuis des années et devient la source de ses inspirations et de ses préoccupations liées à la préservation du vivant.
Capter l’instant du regard posé, retracer la disparition, la fragilité, en un champ poétique et émotionnel. Ces différents procédés servent un propos, celui de son intérêt particulier porté à notre quotidien peuplé de ces petits riens et à notre environnement naturel avec en tête une urgence, celle de notre devenir.

Juliette Defrance

Au croisement des sciences humaines et d’un appétit entretenu pour l’histoire des images et des techniques, je cherche à concevoir un vocabulaire plastique décalé, sarcastique et multimédia. La question de l’incarnation est majeure dans mon travail.

De la mythologie au fais divers, je sélectionne et j’analyse les récits qui me semblent caractéristiques des enjeux de pouvoir qui sous-tendent les représentations du féminin.

Qu’il s’agisse de personnages mythiques identifiés, de contes, de représentations littéraires ou de grandes figures anonymes presque hagiographiques (la madonne, la femme fatale…etc), je dissèque ces rôles-fonctions au travers d’une iconographie critique où les contraintes symboliques deviennent des contraintes physiques, sculpturales.

Je m’attache à réinterpréter, rejouer, exacerber, par la performance, la narration photographique ou vidéo et l’installation, les rôles construits et attendus de mon genre. Là où l’iconographie dominante naturalise et fige les limites de mon corps, je propose des auto-fictions acides rendant les coutures de ces grands récits outrageusement visibles, leur statisme artificiel.

Le spectateur de mes histoires est pensé à la fois comme témoin et comme personnage, invité à se déplacer dans un réseau d’indices et d’actions.

J’utilise volontiers le registre du morbide, du grotesque et une imagerie marquée par l’organique.

Une des images du féminin qui caractérise, métaphoriquement mon travail plastique est celle de la fleur carnivore: les textures minérales de mes pièces, qu’elles soient de verre, de céramique ou de métal, sont sensuelles et galbées comme des replis de peau. L’imagerie médicale et scientifique irrigue mes recherches formelles. Je tiens à ce mélange des règnes et à cette tension narrative née du paradoxe entre attirance et répulsion.

L’attention aux ambiances colorées et aux sensations procurées par les différents médiums que j’emploie naît d’une volonté de penser l’œuvre d’art comme une expérience immersive, au sein de laquelle cohabitent avec l’image et le volume plusieurs temporalités d’une même histoire

 

Romain Goetz

Romain Goetz est un graphiste, développeur web, illustrateur, photographe et peintre Strasbourgeois.   

 

Depuis 2016, il travaille comme graphiste indépendant. Il accompagne des projets au long cours et évolue de la conception à la fabrication, grâce à une vision globale et fédératrice. Il collabore notamment avec le secteur culturel et associatif, avec la restauration, ainsi qu’avec des agences de communication et des entreprises de toutes tailles. Son univers est vibrant, coloré et dynamique. Il emploie les nombreux outils de la création graphique pour construire des identités fortes et cohérentes.   

 

Sa pratique d’illustrateur s’y inscrit en suite. L’artiste y travaille principalement la commande, où il complémente ses univers graphiques par des dessins, des images, des peintures. Elles se déploient sur de nombreux formats et matériaux : la carte d’un restaurant, des étiquettes de vins, l’intérieur d’un rapport d’activités, les interstices de sites internets. Tous deviennent autant d’espaces d’expressions et de transformations. La relation de Romain Goetz avec le public se déroule par le biais d’un objet utile, pourtant, elle apporte un retournement, un carnaval d’idées et de mélanges de genres .Le cartoonesque, la dérision et l’audace se mêlent aux techniques traditionnelles, à un travail minutieux et sensible.   

 

Enfin, comme peintre et dessinateur, Romain Goetz présente un travail plus intime et introverti. Au contact du terrain, à l’arpent du paysage, que l’artiste vit comme une rencontre, il cherche un échange avec le « plus que soi ». Il cherche la survivance du sauvage, une certaine étincelle, les tremblements qui émergent. L’artiste est à la recherche des lumières, des couleurs, des vibrations des moments plutôt qu’à leur représentation. En découle une œuvre disparate, autant toile que carnets, papier trouvés et morceaux d’écorces, dessins d’atelier et croquis de bivouacs.

Zalmo

Fascinée par l’acharnement technique de l’Art académique, par l’esthétique et le mystère des Symbolistes, l’inventivité des Surréalistes, l’absurde des Dadas (et leurs héritiers  littéraires de l’Oulipo!), par le trait d’Egon Schiele ou la liberté de Frida Kahlo, la peinture me berce depuis longtemps. Mais c’est plutôt du côté de dessinateurs raconteurs d’histoires que je trouve d’illustres exemples : de Béatrix Potter à Pef, de Gustave Doré à Gotlib ou Sempé, puis B. Yslaire, et toute la clique des férus de détails et de merveilleux : Rosinski, Loisel, Ana Mirallès, Bourgeon, etc.

J’ai choisi de travailler à l’encre, stylo et crayon et de favoriser l’aquarelle pour la mise en couleur. Attirée par l’art et l’histoire médiévale, je me suis amusée à imaginer un support qui permettrait de faire le lien entre le scrolling quotidien nous poussant à faire défiler les images du monde sur nos écrans, et le mode de lecture des rouleaux antiques, utilisé jusqu’au moyen-âge pour y dérouler les nouvelles du royaume. Je crée ainsi des « Rotuli », dessins en rouleau, support ludique et décoratif permettant de faire exister des textes illustrés. 

Au travers de mes créations, je cherche à créer de la complicité, du partage, et mon inspiration vient de la nécessité de trouver une forme à une idée, une intention, de l’envie d’offrir une image dans laquelle chacun pourra y puiser le petit frisson qui change la couleur du jour. 

Comme on sait que l’émulation vient en mangeant, la curiosité pour la cuisine artistique des autres a inspiré quelques réalisations communes : Les illustrations de «La Méthode Moussay», méthode de chant en collaboration avec l’artiste lyrique Mélanie Moussay,  «Bazooka», avec l’auteur et psychologue Cécile Canal, «Les Démons de la Colère», illustration en «Rotulus» du poème de Paul Barbieri, musicien et poète.

Certes exaltée par l’interdisciplinarité, je puise aussi mes images du côté de ce qui me semble purement esthétique et chéris autant l’intention profonde que la valeur décorative du dessin. Afin de relier fond et forme je travaille actuellement sur des projets de livres illustrés en tant qu’illustratrice et auteur.

Amande Bleue

Ma pratique artistique se concentre autour du dessin, et aujourd’hui principalement autour de l’illustration numérique sur Procreate, même si je conserve également une pratique de dessin plus traditionnelle, aux crayons de couleur et aux poscas.

Mes illustrations se concentrent essentiellement autour du féminin. Elles sont constituées à la fois de portraits de femmes que j’admire, mais aussi de personnages féminins plus imaginaires. Travailler autour de ces personnages est une façon de réaffirmer sans cesse la place et l’image des femmes dans nos sociétés. En outre, même si le portrait reste un de mes genres artistiques préférés, je m’attache à développer de plus en plus des illustrations narratives et conceptuelles. Mon style est un mélange entre réalisme et imaginaire, doux et coloré, qui laisse place à un certain onirisme, parfois étrange et mélancolique.  Mes sources d’inspiration sont multiples : la littérature, le cinéma, l’histoire de l’art, la culture japonaise, la bande-dessinée et la pop-culture. J’aime entremêler ces différentes références avec lesquelles j’évolue dans mes illustrations, pour proposer de nouvelles images que j’espère inspirantes.

Lisa Colicchio

Depuis quelques années, je travaille autour des thèmes de la maison, du chez-soi et surtout des abris, ceux qu’on a choisi de se fabriquer après une tempête, un incendie ou un cœur brisé. Ceux dans lesquels on rentre se réfugier parce qu’ils sont doux, familiers et confortables.

J’ai d’abord beaucoup représenté des accidents, des incidents et incendies qui venaient détruire ces foyers, ou simplement les perturber. Après ces destructions, il fallait donc fabriquer des abris, que j’ai représentés d’abord avec des techniques de peinture et de dessin, puis de gravure, pour pouvoir les multiplier presque à l’infini. 

À force d’en représenter, ma conception de l’abri a évolué : ils étaient d’abord très fermés, dépourvus de portes ou de fenêtres et même parfois sous cloche pour se protéger de l’extérieur, risquant de devenir des prisons. 

Par la suite, ils se sont ouverts et parés d’accessoires pour pouvoir y aller et venir à guise, jusqu’à s’ouvrir complètement sur le monde qui les entoure.

Évidemment, j’ai appris à considérer ces abris comme l’expression de mon « foyer intérieur », de la façon dont je me place dans le monde, comment je matérialise mon intériorité et son rapport avec l’extérieur : le réel, le concret et les autres. J’aime beaucoup la façon dont les femmes-maisons de Louise Bourgeois font du « soi » une construction dans laquelle on peut s’abriter.

Souvent, les abris que je crée sont littéralement des représentations de maisons, de cabanes, etc.   ; parfois, c’est un souvenir doux et agréable qui me sert d’abri, alors je me sers de photos pour construire une peinture, un dessin ou une gravure qui représente un lieu ou un moment qui m’a entourée de douceur. 

En ce qui concerne les techniques de gravure, j’essaie toujours d’expérimenter pour aller au bout de ce qu’une technique peut apporter à mon travail. J’aime beaucoup jouer avec les différentes textures, les jeux de superpositions de couleurs, les nombreux niveaux de détails que la technique que je choisis peut apporter à mon image.

Vanessa Garner

Née en 1993. L’artiste considère que le métissage est une pleine composante de son identité. Dès l’enfance, la question de l’identité se posait déjà. Jeune femme eurasienne (d’une mère thaïlandaise et d’un père français), elle est aussi petite-fille de nomades qui sillonnaient jadis le Siam et l’Asie du Sud-Est. Bercée par des cultures différentes, l’artiste grandi avec un sentiment de flottement. Son travail artistique permet à l’artiste d’explorer son métissage et sa féminité pour en faire une véritable force, presque spirituelle. Un univers unique découle de ses œuvres, infusé d’une mythologie personnelle influencée par ses origines, l’art brut, ainsi que les arts asiatiques et africains, qui lui permet à la fois d’explorer son rapport au monde, et son identité. Pour l’artiste plasticienne, le questionnement identitaire se définit à travers l’articulation de ses outils plastiques. Variant les techniques et médiums, en passant par la peinture et l’installation.

Pierre Kieffer

… Où peindre serait plus de l’ordre de l’expérience , non pas d’une expérience technique apte à la fabrication d’images mais des expériences de confrontations avec la matière provoquant accidents et évènements, surgissements    souvent à son insu et qui changent la donne , qui redistribuent les cartes, qui dispersent ce qui était coagulé en une belle forme.
  Il ne s’agit pas ici de reprendre un motif    mais de poursuivre , de rejouer l’alternance des couleurs , des formes . Un seul trait peut être à l’origine de bascule, d’équilibre précaire, un changement de couleur peut ouvrir à l’enthousiasme , à la dépression , à l’amour , à la haine … bref peindre c’est aussi dé-peindre , mettre en jeu ce qui était en jachère , nouvelle mise en tension dans un rapport à un impossible à dire.
  Il ne s’agit pas de trouver la dernière pièce du puzzle mais de faire l’expérience comme disait Amy Sillman que « la peinture est expérience, que l’art est la sensation de morceaux qui ne vont pas ensemble ».
  Retravailler à partir de l’accident , de l’évènement , c’est accepter une relance et non pas faire oeuvre de repentir.
  Sont à l’oeuvre le trait , la forme et la couleur . Leur appariement est producteur d’évènements.
La peinture n’est pas la production d’images mais la dispersion. Julia Kristeva dit de la couleur qu’elle est « l’éclatement de l’unité ».
La couleur n’a pas fonction de coloriage , la forme ne reproduit pas l’existant . Le trait n’est pas trait d’union , il peut être      trait d’humour, voire trait d’esprit , fissure , limite… Le trait peut aussi faire figure tout en défigurant. Pierre Kieffer
31/12/2023