Mon rapport à la céramique se consolide autour de différents axes de réflexions qui parcourent l’ensemble de mes pièces.
En prenant conscience de la capacité de ce médium à invoquer une charge historique qui lui est propre, à parler de lui-même, de son histoire et de son existence millénaire que j’envisage l’objet en céramique comme curseur de la notion de temporalité . Capable de traverser les ages et presque immuable dans le temps, ce matériau s’inscrit simultanément dans un temps relatif au passé, au présent et au futur.
J’envisage les pièces qui en découlent comme des objets d’éternité, des statues qui brouillent quelques frontières temporelles et se faisant tendent justement à parler de cette jonction floue qui raccorde entre eux différents espaces de temps.
Aussi, à travers certaines séries qui amorcent une rencontre entre l’objet érotique et la céramique, je m’intéresse aux notions d’activation de charge des pièces que je conçois. Si l’espace d’exposition optimise la charge artistique d’une oeuvre, la possibilité d’une prise en main manifeste et le caractère modulable de ces pièces permet d’entrevoir une charge autre, ludique, qui a capacité à s’exercer en dehors de l’espace dédié à l’art.
J’évoque cette charge autre à travers l’idée de charge fétiche. Dont le terme se réfère aussi bien à son utilisation en anthropologie d’objet devenu amulette, d’objet magique ; que dans sa dimension érotique d’objet ayant capacité à modifier la naturalité des relations sociales, d’objet non-humain générateur d’excitation.
Ces pièces ont vocation à rendre perceptible un terrain de jonction entre oeuvre d’art, objets érotique et objet magique.
Valentine Cotte, née à Toulouse en 1994, a d’abord étudié la gravure à l’école Estienne de Paris puis la céramique à la HEAR de Strasbourg. Elle expose régulièrement en Alsace et à Paris, mais aussi à Bruxelles, Bâle et Taean. Ses œuvres ont intégré le fond de l’artothèque de Strasbourg, d’Eleven Steens à Bruxelles et du FRAC Alsace de Sélestat. Elle est lauréate du prix Icart Artistik Rezo 2024. L’artiste est traversée par l’esthétique médiévale, depuis les gargouilles de sa ville d’enfance jusqu’aux figures gothiques qui l’environne aujourd’hui. Les créatures moyen-âgeuses et l’intérêt pour ces temps pré-capitalistes lui permettent d’aborder les thèmes de la famille, la santé mentale, ou l’invisibilisation des minorisé·es dans l’histoire de l’art. Par des œuvres gravitant autour du thème du corps, de la blessure et de ses soins, l’artiste développe une réflexion sur la fragilité et la résilience au regard des violences et des injustices commises sur les femmes et personnes sexisé·es.
En 2017, les envies de création qui sommeillaient en Giom Von Birgitta depuis plus de 10 ans commencent à poindre. Ou alors elles demeurent simplement aussi vivantes qu’avant, mais deviennent visibles par l’œil et l’esprit jusqu’alors concentrés sur d’autres priorités. C’est alors qu’il a rencontré la terre et qu’ils ont échangé. Des mots. Des silences. Des promesses. Des envies. Des peurs. Des doutes. Des convictions et bien d’autres choses encore…
C’est une rencontre : celle d’un parcours, d’un artiste et de la matière, de toutes ses forces. C’est une histoire : de liberté, d’humilité, de patience et de partage. C’est un lieu : signe d’une époque éteinte, mais qui sait se réinventer, bouillonnant de ses nouveaux espoirs. Les créations de Giom Von Birgitta sont tout cela, même si elles renferment une part d’indescriptible magie – celle qui nous échappe toujours – comme forgées par la somme de nos émotions les plus essentielles, à la croisée entre la puissance originelle des éléments et un territoire tout à la fois brut et sensible.