
Pratiques : Céramique


Marianne Mell

Patricia Feibel

Clémentine Muller
Mon rapport à la céramique se consolide autour de différents axes de réflexions qui parcourent l’ensemble de mes pièces.
En prenant conscience de la capacité de ce médium à invoquer une charge historique qui lui est propre, à parler de lui-même, de son histoire et de son existence millénaire que j’envisage l’objet en céramique comme curseur de la notion de temporalité . Capable de traverser les ages et presque immuable dans le temps, ce matériau s’inscrit simultanément dans un temps relatif au passé, au présent et au futur.
J’envisage les pièces qui en découlent comme des objets d’éternité, des statues qui brouillent quelques frontières temporelles et se faisant tendent justement à parler de cette jonction floue qui raccorde entre eux différents espaces de temps.
Aussi, à travers certaines séries qui amorcent une rencontre entre l’objet érotique et la céramique, je m’intéresse aux notions d’activation de charge des pièces que je conçois. Si l’espace d’exposition optimise la charge artistique d’une oeuvre, la possibilité d’une prise en main manifeste et le caractère modulable de ces pièces permet d’entrevoir une charge autre, ludique, qui a capacité à s’exercer en dehors de l’espace dédié à l’art.
J’évoque cette charge autre à travers l’idée de charge fétiche. Dont le terme se réfère aussi bien à son utilisation en anthropologie d’objet devenu amulette, d’objet magique ; que dans sa dimension érotique d’objet ayant capacité à modifier la naturalité des relations sociales, d’objet non-humain générateur d’excitation.
Ces pièces ont vocation à rendre perceptible un terrain de jonction entre oeuvre d’art, objets érotique et objet magique.

Leila Helmstetter

Alban Turquois

Sirarpi Mikayelyan

Séverine Oudart

Valentine Cotte
Valentine Cotte invoque le dialogue du dessin et de la terre, et par ces biais explore l’ambiguïté des corps, entre images, objets et actions. Son travail prend source dans l’évocation conjointe des figures humaines et animales, amenant une réflexion sur la fragilité et la nécessité de « prendre soin », au contact de matériaux vulnérables. Des gestes empruntés à l’univers médical, comme masser, panser, lier, deviennent artistiques, et font naître un répertoire de formes hybrides. Ses «répara(c)tions» s’inscrivent dans la proposition de résiliences collectives, et la réécriture d’histoires silencieuses, à la croisée de l’écoféminisme, du post-humanisme et d’un médiéval émancipateur.
Elle » sculpte comme on soigne une plaie », pour questionner la notion du « care » dans son entièreté et son ambivalence, au regard de la violence de ces injonctions pour les personnes concerné.es : femmes et sexisé.es. Elle expose les chimères de ces utopies proto-contemporaines, comme un miroir tendu vers une société blessée, pour une autopsie de nos artefacts présents.

Giom Von Birgitta
En 2017, les envies de création qui sommeillaient en Giom Von Birgitta depuis plus de 10 ans commencent à poindre. Ou alors elles demeurent simplement aussi vivantes qu’avant, mais deviennent visibles par l’œil et l’esprit jusqu’alors concentrés sur d’autres priorités. C’est alors qu’il a rencontré la terre et qu’ils ont échangé. Des mots. Des silences. Des promesses. Des envies. Des peurs. Des doutes. Des convictions et bien d’autres choses encore…
C’est une rencontre : celle d’un parcours, d’un artiste et de la matière, de toutes ses forces. C’est une histoire : de liberté, d’humilité, de patience et de partage. C’est un lieu : signe d’une époque éteinte, mais qui sait se réinventer, bouillonnant de ses nouveaux espoirs. Les créations de Giom Von Birgitta sont tout cela, même si elles renferment une part d’indescriptible magie – celle qui nous échappe toujours – comme forgées par la somme de nos émotions les plus essentielles, à la croisée entre la puissance originelle des éléments et un territoire tout à la fois brut et sensible.