Yutao Ge

Yutao peint avec une grande franchise, des scènes d’une exquise et discrète sensibilité, où se mélangent enfance et âge adulte, sensualité et innocence, romantisme et humour.

Imprégnée de deux cultures, la chinoise qui a bercé sa jeunesse, et la française qui est, depuis 20ans, son quotidien, elle mêle, harmonieusement, la pudeur et la délicatesse de l’une avec la liberté de l’autre.

Ses personnages, nus ou vêtus, jamais vulgaires, démontrent la complexité de l’être humain, ainsi que l’affrontement des désirs charnels et de l’idéal de pureté. Les corps, riches de leur rondeur, expressifs et en mouvements, jouissent de la beauté et du plaisir de l’instant présent, et se dirigent, avec optimisme, vers l’avenir et l’inconnu.

Dans ce monde de rêves, aux couleurs chaudes, chacun peut projeter les siens, et se réconcilier avec l’espèce humaine. Derrière l’humilité des héros de ces toiles magnifiés, avec amour, par Yutao, transparaît l’humanité, le désir de communiquer et l’intensité des pensées secrètes. peindre l’huile sur toile est toujours la matière préférée .

C’est un pur bonheur.

Tess Gilles

Ma pratique artistique s’est construite autour de deux médiums principaux, la céramique et la photographie. Attirée par des textures végétales et minérales, mes photographies questionnent la notion de paysage. Je travaille la photographie argentique, les défauts du négatif, et son développement. L’image prend son propre chemin dans la chambre noire et me surprend. Mes tirages sont proches d’une abstraction, d’une illisibilité : un paysage apparaît dans sa matière, ses formes et ses contrastes sans lire un lieu en particulier.

À la croisée entre l’art et la ruralité, la céramique est pour moi une manière de travailler la terre. Je cherche un lien entre ces deux mondes de cultures. Décomposer et recomposer. Le végétal puise une essence minérale et la synthétise différemment. La céramique se construit de terre et d’eau, mon travail de géologie et de météorologie. Évoquer dans la lourdeur de la terre, la légèreté d’un nuage. Écouter le bruissement d’une feuille et l’entendre dans la porcelaine.

On s’attache à des lieux pour s’attacher à tous les ailleurs : la montagne se lit dans la plaine, la mer se déploie dans les gorges de la vallée. Alors, j’essaie d’entrevoir les horizons de multiples terres.

Gaëlle Duvernoy

Formée à l’Institut Européen des Arts Céramiques (IEAC) de Guebwiller, je suis installée comme sculptrice-céramiste depuis 2017. Je travaille le grès dans mon atelier à Orbey dans le Haut-Rhin.Je crée principalement des personnages dans leur univers naïf et tendre. Ils y dialoguent avec des animaux, des insectes et autres plantes, dans un environnement où la nature rencontre la poésie et la rêverie.

Marianne Mell

Je m’intéresse aux phénomènes naturels comme créateurs de motifs, de couleurs, de matières, j’en collectionne des extraits et des images qui constituent mes inspirations principales. L’écriture de mon mémoire de fin d’études fut guidée par la question suivante : Comment l’usage d’un protocole permet-il de libérer le geste ? Cette question m’a amené à observer les cycles du vivant comme moteurs créatifs, comment ils interviennent dans l’usure de la matière par exemple, puis j’ai intégré la pratique de la teinture végétale à ce questionnement. Les couleurs évoluent dans le temps en fonction de leur emploi, de leur exposition à la lumière, de la manière dont on les fixe sur le tissu, etc… Depuis environ deux ans, je m’intéresse donc spécifiquement aux teintures végétales et aux plantes tinctoriales et sauvages. Mes collectes et recherches de couleurs deviennent des installations prenant la forme de cabanes textiles poétiques ou de grandes bannières en patchwork ou bien encore sous forme de petits nuanciers textiles. En 2021, j’ai cofondé le studio Dé-teintes avec la jeune artiste/ designer et céramiste Flora Acquistapace, rencontrée à la Hear à Mulhouse, qui vit et travaille à Paris. Dé-teintes est un projet pluridisciplinaire qui porte des valeurs écologiques et éthiques. Les projets que nous y développons s’intéressent au paysage, aux nuances cachées d’un territoire, aux artisanats des régions que nous arpentons et ses habitant.e.s.

Patricia Feibel

Modeleuse de terre, Patricia se passionne pour les expressions de visages du bout du monde marqués par la vie qu’elle fait émerger de ses doigts pour voyager très loin

Clémentine Muller

Mon rapport à la céramique se consolide autour de différents axes de réflexions qui parcourent l’ensemble de mes pièces.
En prenant conscience de la capacité de ce médium à invoquer une charge historique qui lui est propre, à parler de lui-même, de son histoire et de son existence millénaire que j’envisage l’objet en céramique comme curseur de la notion de temporalité . Capable de traverser les ages et presque immuable dans le temps, ce matériau s’inscrit simultanément dans un temps relatif au passé, au présent et au futur.
J’envisage les pièces qui en découlent comme des objets d’éternité, des statues qui brouillent quelques frontières temporelles et se faisant tendent justement à parler de cette jonction floue qui raccorde entre eux différents espaces de temps.
Aussi, à travers certaines séries qui amorcent une rencontre entre l’objet érotique et la céramique, je m’intéresse aux notions d’activation de charge des pièces que je conçois. Si l’espace d’exposition optimise la charge artistique d’une oeuvre, la possibilité d’une prise en main manifeste et le caractère modulable de ces pièces permet d’entrevoir une charge autre, ludique, qui a capacité à s’exercer en dehors de l’espace dédié à l’art.
J’évoque cette charge autre à travers l’idée de charge fétiche. Dont le terme se réfère aussi bien à son utilisation en anthropologie d’objet devenu amulette, d’objet magique ; que dans sa dimension érotique d’objet ayant capacité à modifier la naturalité des relations sociales, d’objet non-humain générateur d’excitation.
Ces pièces ont vocation à rendre perceptible un terrain de jonction entre oeuvre d’art, objets érotique et objet magique.

Leila Helmstetter

Je m’appelle Leïla Helmstetter et j’ai passé mon enfance en Afrique, dans des paysages de sécheresse qui ont marqué mon imaginaire. Fille d’un ingénieur agronome et petite-fille d’agriculteur, mon intérêt pour le monde végétal s’est développé très tôt et m’a poussé à obtenir un diplôme de paysagiste en 2014. Je mesuis ensuite tourné naturellement vers l’argile, qui est à mes yeux le matériau idéal pour exprimer le monde du vivant. Diplômée de l’IEAC de Guebwiller en juillet2022, je viens tout juste d’ouvrir mon atelier à Strasbourg. J’aime travailler cette matière molle, humide, porteuse de vie, loin des sols arides africains que j’ai connus toute petite. Quand j’ai de l’argile entre les doigts, je n’oublie jamais qu’elle vient de sous nos pieds, qu’elle flirte avec les racines des arbres. Nous l’avons extraite pour la ramener à la lumière, et elle est le matériau idéal pour exprimer les dynamiques du vivant. Je sais qu’elle est issue d’un processus de dégradation très lent. Ce temps qu’elle a mis pour se former nous parle aussi de l’évolution des espèces. De celles qui s’éteignent et restent prises dans les roches, et de celles qui mutent au fil des siècles. Quelle est notre place au sein du vivant ?Existe-t-il d’autres formes de vie ?Ces sculptures en grès chamotté, texturées et émaillées nous questionne. Les techniques de façonnage sont multiples. Ici, tout se mélange, pousse, fleurit, meurt puis renaît. Bienvenue en territoire inconnu et pourtant si familier.

Alban Turquois

La rencontre avec le travail d’Alban Turquois apparaît à la fois comme une étonnante découverte et d’émouvantes retrouvailles. Face à ses oeuvres-objets on est tout autant frappé par leur caractère familier que par leur extrême atypie. De l’apparente sobriété, voire de la précarité des tables, des chaises, des divers contenants façonnés par l’artiste, émane une force intime, sourde, géologique, le sentiment d’arriver au milieu d’une histoire à la temporalité incertaine mais d’une humanité profonde.Ces histoires sont souvent celles de rencontres, avec des gens, avec des matériaux, avec lesquels l’artiste tisse un lien fort, soutenu, entretenu, qui transparait dans chaque objet. Les moyens et le temps passé pour aller à leur rencontre — cueillettes, glanages, collectes, échanges — sont les points de départ pour inventer et compléter de nouveaux récits. (extrait d’un texte de Lucas Belloc)

Sirarpi Mikayelyan

Je passe mon chemin, tous les jours, toutes les heures,toutes les secondes. Je suis à la frontière entre mon passé et mon avenir, ce qui est le présent. Je suis à la frontière de la lumière et de l’ombre, à la frontière du traditionnel et du contemporain, et, du fait de mon parcours, à la frontière des cultures de l’Est et de l’Ouest. Le présent semble incompréhensible, l’avenir est incertain, seul le passé est tangible et toujours là. À mon avis, la seule façon de percevoir et de donner un sens au présent c’est d’agir. Le présent devient le passé à chaque seconde et c’est notre « valise intérieure » dans laquelle nos sentiments, nos actions, nos émotions et nos pensées sont constamment accumulés. L’avenir, oui bien sûr, est incertain, mais il a la capacité de contenir de l’espoir.

Séverine Oudart

Le travail de l’argile m’engage dans une gestuelle libre, un rapport franc et
sensible, où les empreintes et les aspérités participent à rendre mes créations
expressives.
Mes recherches de couleur s’orientent vers des compositions issues de terres
glanées ou de minéraux simples. Le passage par le feu réserve une part
d’aléatoire qui anime ma curiosité et offre le plus souvent à mes pièces leur
caractère unique.
Je m’intéresse aux objets du quotidien, témoins discrets de notre histoire. Ils
parlent d’un lieu, d’un usage, partagent notre intimité, se transmettent de
génération en génération. Dans ce rapport aux objets, la relation au « sacré » me questionne.