Valentine Cotte

Valentine Cotte invoque le dialogue du dessin et de la terre, et par ces biais explore l’ambiguïté des corps, entre images, objets et actions. Son travail prend source dans l’évocation conjointe des figures humaines et animales, amenant une réflexion sur la fragilité et la nécessité de « prendre soin », au contact de matériaux vulnérables. Des gestes empruntés à l’univers médical, comme masser, panser, lier, deviennent artistiques, et font naître un répertoire de formes hybrides. Ses «répara(c)tions» s’inscrivent dans la proposition de résiliences collectives, et la réécriture d’histoires silencieuses, à la croisée de l’écoféminisme, du post-humanisme et d’un médiéval émancipateur.
Elle  » sculpte comme on soigne une plaie », pour questionner la notion du « care » dans son entièreté et son ambivalence, au regard de la violence de ces injonctions pour les personnes concerné.es : femmes et sexisé.es. Elle expose les chimères de ces utopies proto-contemporaines, comme un miroir tendu vers une société blessée, pour une autopsie de nos artefacts présents.

Giom Von Birgitta

En 2017, les envies de création qui sommeillaient en Giom Von Birgitta depuis plus de 10 ans commencent à poindre. Ou alors elles demeurent simplement aussi vivantes qu’avant, mais deviennent visibles par l’œil et l’esprit jusqu’alors concentrés sur d’autres priorités. C’est alors qu’il a rencontré la terre et qu’ils ont échangé. Des mots. Des silences. Des promesses. Des envies. Des peurs. Des doutes. Des convictions et bien d’autres choses encore…

C’est une rencontre : celle d’un parcours, d’un artiste et de la matière, de toutes ses forces. C’est une histoire : de liberté, d’humilité, de patience et de partage. C’est un lieu : signe d’une époque éteinte, mais qui sait se réinventer, bouillonnant de ses nouveaux espoirs. Les créations de Giom Von Birgitta sont tout cela, même si elles renferment une part d’indescriptible magie – celle qui nous échappe toujours – comme forgées par la somme de nos émotions les plus essentielles, à la croisée entre la puissance originelle des éléments et un territoire tout à la fois brut et sensible.

Gashi Shqipe

Réalisé in-situ, le travail de Shqipe Gashi se caractérise par la diversité des supports et des médiums qui se répondent les uns aux autres et qu’elle met en scène en fonction des espaces/environnements d’exposition. Nourrie des codes de la scénographie, de la littérature et de l’histoire de l’art, elle emprunte aussi bien aux codes du théâtre, du consumérisme qu’à ceux de l’histoire de l’exposition pour explorer la construction de nos structures sociales. Ce qui l’intéresse ce sont les conditions particulières qu’une chose a besoin pour exister et les interactions qui se mettent en place entre l’oeuvre, son contexte et son spectateur. Les combinaisons de couleurs et d’esthétiques qu’elle associe à différentes histoires et cultures lui permettent d’annuler les normes et les hiérarchies prédéterminées dans les différentes compositions de son travail. 

Lisa Jaeggy

Plasticienne installée à Mulhouse depuis 2020, Lisa essaie de construire sa pratique céramique comme elle se construit personnellement. Elle est à la recherche dans les deux cas d’une forme de bien-être. Le bien-être se retrouve de bien des manières au quotidien : créer, prendre le temps, partager, prendre soin (des autres, de soi, de ce qui nous entoure…). Cela veut dire un rapport simple, authentique aux choses, à la nature, mais aussi, c’est un besoin, de faire ensemble. Il s’agit de trouver sa place. C’est une recherche simple du bonheur.Ses objets sont des formes très brutes. Des pièces vivantes, qui gardent l’empreinte des doigts, de leurfaçonnage. Elle aime créer des pièces aux allures rondes et rocailleuses.

Hugo Carton

La pratique de la céramique est au carrefour entre celle de l’artisan et de l’artiste, entre l’utilitaire et le sculptural. Hugo Carton prend souvent le parti de ne pas dissocier les deux. Ses sculptures-objets ne sont pas exposées ; elles habitent les lieux comme des choses vivantes, révèlent la continuité entre l’art et la vie quotidienne. 

Aux antipodes de la production en série d’objets industriels, chaque objet est unique, possède son histoire et sa présence propre, voire même une personnalité. La figure humaine revient presque systématiquement dans ses productions, comme une célébration discrète de la collaboration de l’Homme aux éléments.

C’est, entre autres, l’observation du monde sur le temps long qui nourrit son travail. Aussi, le végétal occupe une place de plus en plus importante dans ses créations. En effet, il ne cherche pas à le représenter comme il le fait avec le corps humain, mais plutôt à intégrer de vraies plantes dans ses sculptures-objets. 
Les végétaux, tantôt habitants, tantôt habités, composent avec l’argile des paysages miniatures, des planètes de poche évoluant au gré des saisons. 

La présence quasi vivante de ces objets évoquent aussi un rapport presque animiste à la matière, ils rappellent une certaine filiation entre l’argile et la chair. 
Même quand la figure humaine n’est qu’esquissée, presqu’absente, la souplesse et la mollesse est toujours évoquée. 

Hugo Carton a parfois recours à la cuisson électrique ou au gaz, pour des contraintes de temps. Mais dès qu’il le peut, il prend un grand plaisir à cuire ses pièces dans un grand four à bois qu’il a construit, et qu’il modifie au gré des cuissons. 
Le temps de la cuisson est un moment à part entière faisant un pont direct entre vie et travail créatif : c’est un temps de réunion à la fois tranquille et actif. Les personnes présentes s’alternent pour nourrir le feu, qui brûle souvent plus de 12h consécutives. 
C’est une communion entre humains, mais aussi avec les éléments : en plus du feu, l’air, la terre et l’eau sont mis à contribution lors de cet événement. 
Au plus haut de sa température, le four atteint les 1300° et reste chaud pendant encore 48h à 72h après la fin de la cuisson.

Sophie Davin

Je joue avec les « rebuts » de mon utilitaire afin de construire et déconstruire en laissant les mains et le corps se laisser aller à faire. Mes gestes sont rapides, instinctifs et intuitifs. Dans mes compositions, je trouve l’équilibre, chaque chose prend sa place.Il s’en dégage, silence, douceur et poésie.D’abord, je collecte mes pièces d’utilitaires tournées, des détails cassés que je garde précieusement, des morceaux de pièces que je glane dans l’atelier. Mon choix se porte essentiellement sur la terre grise, la porcelaine, des pièces crues, biscuitées ou en haute température.Les rebuts, c’est cette matière mise de côté puisque, non aboutie, déformée, fissurée… Des tessons sensibles qui parlent d’une vie, d’un geste, de choix, mais aussi d’intentions, d’un parcours personnel, d’un goût… Poser un regard attentif sur ces éléments m’a permis de les considérer, de les percevoir tels des richesses, des trésors avec leur histoire. Il s’agit de remettre en scène ces fragments afin d’en proposer une nouvelle lecture. Chacun des rebuts confiés ou trouvés est une base de travail, ce qui donne naissance à une pièce unique une fois le tout assemblé. J’aime l’idée que la pièce puisse avoir plusieurs vies.Ensuite, j’assemble le tout, parfois de manière éphémère en déconstruisant aussi vite que construit et parfois, je pérennise mes sculptures en les collant à l’émail.« À chaque fois dans mes constructions, je regarde ce qu’il se passe dans les détails de ce que je suis en train de faire, je ne vois pas toujours ma pièce dans sa globalité, j’ai besoin de recul. Le recul, je l’obtiens une fois ma pièce dans l’objectif de mon appareil photo, et là ma pièce commence à exister, je peux devenir l’observatrice de moi-même et de mes créations ». Sophie Davin

Anne-Marie Schoen

Juste au bord du temps  … Un coup de pinceau, un trait plus appuyé… Je cherche un rythme, une musique, avec des mots de tous les jours, …, des mots qui nous sont communs… La poésie est à dire ou à chanter. Elle s’incarne dans l’éphémère d’ une voix qui lui donne son rythme et sa couleur, le mouvement d’un corps, la fluidité ou la puissance d’une ligne…L’art se vit dans la rencontre et l’échange…Le mouvement a besoin de légèreté et de dépouillement ce qui me conduit à privilégier des installations éphémères, de petits formats sur papier et à me concentrer sur l’écriture que j’ai toujours pratiquée.

Viktoria von der Brüggen

Historienne de l’art, Viktoria von der Brüggen développe depuis plus de dix ans sa propre démarche artistique dans le domaine de la sculpture céramique.Son processus de création combine deux approches de la matière : un travail gestuel avec une terre très plastique et l’assemblage de fragments préexistants et de rébus. Ses œuvres évoluent souvent lentement, selon leur propre rythme, au fil des rajouts, observations et pauses. Les formes qui émergent de cette morphogénèse peuvent s’apparenter au monde végétal, animal ou géologique, évoquer des phénomènes plus immatériels, tels des nuages, rappeler parfois des objets. La mise en couleur de ces univers résulte d’un usage expérimental des émaux et de recherches s’appuyant sur une pratique régulière de l’aquarelle.

Christine Hoffmann

Sculptrice céramiste, je modèle le grès. Du grès ocre, beige rosé, noir ou des terres mêlées. Je réalise des pièces uniques qui sont cuites à haute température. C’est un univers féminin, poétique et sensuel que j’explore.Les personnages féminins que je modèle sont texturés et délicats. Le travail de modelage est réalisé avec l’intention d’obtenir un toucher rugueux – par les aspérités et les surépaisseurs d’argile laissées apparentes sur les corps – tout en travaillant sur la finesse des détails et des traits.Les figures féminines travaillées dans le grès sont à la fois fortes, graves, délicates et fragiles. J’étire et je déforme, jouant avec la matière, les vides et la couleur. Dans l’imperfection des corps modelés une beauté se révèle.

Violetta Fink

Modeler, façonner la terre, pouvoir manipuler cette matière silencieuse à mains nues, le contact direct avec le matériau sans devoir passer par des machines m’ont séduite dès ma première rencontre avec la céramique. Puis il y a la notion du temps, il faut être patiente, attendre que la pièce sèche, la cuire une première, puis une deuxième fois. L’excitation d’ouvrir le four enfin et de voir si la cuisson a réussi, c’est un peu comme ouvrir une lettre d’amour attendue ardemment. Il ne m’est pas toujours facile d’expliquer la nécessité de créer. C’est mon langage personnel, intime et sensible. Cela me permet d’exprimer des pensées autrement qu’avec des mots et m’amène à un état où le temps est suspendu. D’extérioriser, d’aller au delà de la limite de mon propre corps. Certainement il y a là quelque chose du besoin d’exister, ou de faire exister ce qui est en profondeur, parfois inexplicable. De laisser une trace, apporter quelque chose au monde de ma part intime. Et la céramique ouvre la possibilité – vertigineuse – de traverser les siècles. J’ai aussi tout simplement besoin de naviguer dans l’imaginaire, l’abstrait comme on regarderait le ciel infini.