Cannelle Preira

« Observatrice attentive du quotidien, j’en récolte les détails joyeux et négligeables grâce à la photographie. Ainsi, matière architecturale, épis et sculptures capillaires, gestes automatiques et jeux de mains m’inspirent la création d’objets qui nouent un lien étroit avec le corps et tentent de transmettre des sensations infimes. Mes sculptures nous rappellent à un émerveillement superflu, renvoient à des souvenirs oubliés.

Sculpter la pierre et la lumière, le métal ou l’argile sont des gestes que j’alterne pour questionner le jeu, l’identité et la société. La photographie, tout comme des questionnements sociologiques, politiques et culturels s’affirment de plus en plus dans mes recherches et viennent peu à peu donner de nouvelles dimensions à ma pratique comme avec Mon Château, projet sur le logement social, pour lequel mes sculptures de pierre et mes photographies se sont agrandies. »

PHP

PHP par Henry Cow (extrait)trad:Ruth Goodwin. Dés le début des années 80 ,et comme tant d’autres Poirot est un « sérial painter » Les  canapés ,les architectures,le chantier,les objets, le théâtre de l’atelier et ses acteurs, forment une fiction figurative ou le mythe affleure dés qu’ on le convoque et a la visite de curieux livres peints d’assez grands formats,des carnets de croquis anciens s’empilent dans la grande étagère de l’atelier et semblent nourrir la production Depuis je crois 2000 il peins la peinture du paysage , tout d’abord la ou l’archéologue termine son travail de découverte au pinceau :dans le livre « l’ocre du lœss » ,puis avec les Vosges ,curieusement d’après des décors de théâtres parisiens de la période 1870-1914, la ou apparaît le mythe de la « ligne bleue » , enfin il attaque maintenant une série nommée « Austral » motivée par un périple en 1996 dans le désert australien et la rencontre avec les artistes des antipodes. Les échanges et des résidences en Australie puis en Nouvelle-Zélande se poursuivent avec les séries en cours (Execution..etc) Un travail avec la ruche et l’abeille (,L’arbre-rucher,l’alvéole) commence également en 2010 sur le chemin des passeurs…

Pinto

Pinto travaille divers matériaux, il marie les éléments, le bois, le métal, le cuir, la pierre et à partir de là, la fusion mystérieuse se produit, l’énigme de la création investit l’espace. Un dialogue s’instaure avec la matière. Cette matière que l’on croit inerte est bien vivante, il faut savoir l’écouter, lui parler, la comprendre, établir un climat de confiance avant de la soumettre à la forme, il faut en faire sa complice. Car si l’osmose n’est pas là la matière ne se livre pas, elle résiste, s’esquive! Le secret est de partir de l’ordinaire pour aller vers la beauté sublimée.

Emilie Picard

Une peinture s’inscrit dans le temps. On pense souvent qu’une oeuvre survit à son auteur, qu’elle dépasse le trépas, et devient l’objet de la mémoire d’une âme, d’une histoire. Pourtant les peintures s’effacent, se détériorent et il est de plus en plus complexe de les faire durer.

Que devient une oeuvre après la vie de son créateur?

Émilie Picard s’est posé cette question. Artiste peintre contemporaine, son travail convoque les souvenirs, les restes et le temps qui passe. Comme une scène de théâtre dont les acteurs auraient précipitamment fuit les planches, les objets installés par Émilie sont cabossés, déchirés, meurtris. Ses peintures ont une double lecture.

D’une part, il y a le travail du temps – sur la toile figure la disparition avant qu’elle n’ait vraiment lieu. Les toiles d’Émilie Picard sont pâles et lumineuses ; elles donnent le sentiment de regarder de grands formats surexposés, comme si le temps avait déjà fait son travail, le décor s’efface, le blanc est omniprésent. Ce blanc constitue la base de la toile, la base du travail de couleur qu’Émilie appose par la suite en prenant soin de ne pas donner la touche de trop, celle qui déséquilibrerait l’impression ondulatoire entre le fond et la scène. Cette relation

entre le dessin et son support s’inscrit dans une

logique vibratoire et permet d’écrire l’oeuvre au passé. Fortement nourrie des oeuvres de Giotto, notamment des fresques de la chapelle des Scrovegni à Padoue, Émilie Picard questionne la relation de l’oeuvre avec le temps, à ses usures et ses reliquats. La disparition de l’image importe autant que celle de son contenu.

D’autre part, il y a le jeu de la mémoire, des souvenirs personnels, ceux de l’artiste et ceux liés au regard du spectateur. Des débris, des objets et végétaux, beaucoup de matière minérale et quelques attributs liés à l’enfance font partie du décor. La plupart du temps les objets s’amoncellent pour former de petites ruines au dehors, tels des vestiges périssables du passage d’un personnage déjà manquant. Ces micro-architectures sont le symbole puissant de l’action de l’Homme extrait de son quotidien. Aussi nous pouvons imaginer une oeuvre dans une oeuvre qui ne demande qu’à sortir du cadre ou au contraire à s’y inscrire durablement malgré ce blanc qui rogne.

L’impression que l’image tend à disparaître et ne restera plus longtemps agit comme une urgence à expliquer ce que l’on y voit, à comprendre pourquoi cet objet se retrouve ici. Émilie Picard nous fait nous raconter des histoires. Et l’urgence va plus loin : les cadres mêmes tendent à se fendre. Des fissures apparaissent à la surface de l’image, comme si elles étaient prêtes à exploser pour laisser jaillir le blanc. D’où cette question relative : s’agit-il d’une disparition ou de l’apparition de ce que nous ne voyons pas encore et qui ne demande que présence ici bas ?

Lorine Boudinet, 2019

 

P-mod

Officiant professionnellement dans la photographie depuis 1997, Dominique Pichard a quitté le confort d’un laboratoire photo où il exerçait depuis une dizaine d’années pour se plonger dans le vaste univers de l’indépendance depuis 2007.
Issu du milieu alternatif, ancien musicien, il commence à se faire la main en arpentant les scènes de festivals et salles de concerts dans la région de Strasbourg.
Il publie rapidement dans la presse tattoo internationale, parcourant le monde au gré des conventions de tatouage qu’il couvre notamment pour le magazine Rise pendant dix ans.
Fin 2013, il entame une résidence à la Bibliothèque Humaniste de Sélestat, où il
développe des projets artistiques et expose les photos du chantier monumental jusqu’à la fin de sa restructuration en 2018. Entre plusieurs voyages sur les cinq continents, il organise deux expositions hors les murs intitulées De Chair et d’Encre et A corps écrits.
Les douze ans de documentation sur le tatouage prendront forme dans l’ouvrage “Figures Libres” co-écrit par la journaliste Laure Siegel aux éditions Noire Méduse.
En mars 2015, il rejoint le collectif M33, un atelier partagé à Strasbourg, où il installe son studio. Il co-préside l’association avec la photographe Paola Guigou. Il y développe progressivement d’autres approches du métier, plus collectives, et se frotte à des sensations et des rythmes différents, comme la réalisation vidéo ou le photojournalisme pour la presse d’information nationale (ARTE, Médiapart…)
La somme de ces expériences donne naissance à une démarche plus engagée dans le cadre de deux résidences artistiques toujours en cours:
– l’une avec la Maison des Ados de Strasbourg depuis 2016, où il documente les activités de la structure, forme les professionnels du médico-social et son public en vue d’un travail de création immersif lors d’ateliers de médiation par l’image.
– l’autre avec Emmaüs Scherwiller depuis 2019, où il forme les compagnons en vue d’un travail de documentation qui deviendra la série photographique “Le Grand Dérangement”, présentée en septembre lors du festival Caritatif Compagnons d’encre, également coordonné par l’artiste en résidence et le collectif M33.
À mi-temps à l’atelier strasbourgeois M33 et l’écolieu Oasis Multikulti à Mietesheim, les projets actuels s’axent aujourd’hui vers la recréation du lien via la co-construction de projets inter structurels à portée sociale et artistique, sur la collecte de mémoire auprès de publics larges et variés par le prisme du projet Memento, ainsi que sur le développement des alternatives économiques et culturelles”

Arthur Poutignat

Du sensé au sensible

La question de la perception est centrale dans mon travail. Le point de vue du spectateur, la construction de l’espace, sa dépravation (anamorphoses, métamorphoses, perspectives singulières), sont les moyens qui vont permettre de nouveaux agencements visuels, propices à la remise en cause de repères traditionnels. L’équivoque et l’étrange sont les moyens de cette nouvelle donne, interrogeant les références communes et les distinctions généralement admises entre volume, surface, motif.

Par le paradoxe, le renversement, l’ambiguïté, ma démarche m’amène ainsi à produire des objets, installations et dispositifs, qui viennent détourner la perception du spectateur, lui proposant une vision étrange, un monde imaginaire qui vient mettre en crise le tangible.

Les zones d’ombres, les ambiguïtés spatiales créent le doute, les mettent en évidence et me permettent de révéler les contradictions et oppositions sous-jacentes à notre appréhension du monde. Inhérente au visible, l’obscurité vient affirmer notre perception de l’espace, sa mise en valeur me permet de trouver des points de basculements du réel vers la fiction.

De l’altération à l’altérité

Sans médium de prédilection, mais très attaché aux principes du dessin, je cherche à faire émerger le poétique à partir de nouvelles combinaisons. La fiction vient effleurer le réel, enrichissant l’imaginaire du spectateur.

J’interroge nos visions du monde, en adoptant d’autres points de vue ; de nouvelles logiques donnent forme à mes œuvres. Il s’agit, à la fois, d’interroger un scientifique par la logique du dessin et de transposer des éléments de vocabulaire dans un nouveau champ lexical. Créant ainsi un espace sémantique ambiguë et ludique. Ces opérations me permettent de mettre à jour l’incertitude des choses, d’en préserver sa magie et ses possibles. Il s’agit avant tout de permettre un autre regard.

Claire Perret

Illustratrice, j’aime m’aventurer dans des champs de recherche différents, et me plais à changer de technique en fonction des projets. La technique du papier découpé est ma favorite, mais le pochoir au crayon de couleur est aussi un mode d’expression que j’apprécie. Le reste du temps, les techniques numériques me permettent de travailler vite, et de m’essayer à des gammes de couleur très vives. Fascinée par les planches de botanique et par les contes animaliers, j’aime mettre en scène des petits personnages se promenant dans une nature luxuriante et une faune chatoyante.

Pierre-Louis Peny

Le monde minéral est au cœur de mes préoccupations en tant qu’artiste : la roche me permet d’expérimenter notre perception du temps, de convoquer les mythologies et les fantasmes qui alimentent notre conception du monde. Roger Caillois parlait à ce propos de « lecture des pierre ». A l’instar des romantiques du XIXème siècle, il est dans mon travail question de notre rapport à la ruine et au sublime mais aussi de fascination et répulsion pour une société où l’anthropocène à plus que jamais pris une place prépondérante. Le minéral est intiment lié aux processus entropiques et son exploitation révèle une juxtaposition d’échelles temporelles.

C’est donc par ce prisme que je pars depuis quelques années en quête des lieux et des histoires qui constituent cet univers fait de roches et de sédiments. Cette envie de faire parler la matière m’a amené au travers du temps et des expérimentations à explorer les différents domaines que sont l’architecture, la géologie, l’industrie, ou encore l’archéologie. Tous ces univers fonctionnent entre eux comme des strates. De ces empilements naissent des histoires dont le sens de lecture perd sa linéarité au profit d’une interprétation personnelle.

Si la pierre est en elle même un moyen direct de créer des formes avec une esthétique forte, j’ai aussi l’envie de pouvoir la faire parler autrement. C’est ainsi que je cherche à utiliser d’autres médiums pour la donner à voir sous de nouveaux angles. Ils permettent de mettre en valeur des enjeux communs : le sel se taille puis disparaît avec les intempéries, le mycélium se développe au travers du temps et se solidifie, etc… Les formes prennent petit à petit leurs autonomies et participent alors du geste sculptural.

Ma curiosité pour ces matériaux me pousse à créer des liens entre les phénomènes naturels et les façons humaines de les interpréter. Dès lors, l’action de l’outil se compare à l’érosion, les rythmes de croissance du vivant se substituent à l’horloge.

Garage Print

L’atelier voit le jour en 2014 dans le quartier de Rotonde à Strasbourg en la personne de Pierre Faedi. Sérigraphie, risographie, de l’impression au façonnage, Pierre s’équipe petit à petit de l’ensemble du matériel inhérent à la chaine du livre et gagne rapidement en autonomie.C’est donc naturellement qu’il crée sa petite structure éditoriale : « les éditions gargarismes » qui donneront finalement leur nom à l’atelier.

 

Soutenu par l’association Central Vapeur dont il est un fervent collaborateur, l’atelier prend ses marques et diffuse le travail des artistes locaux via des fanzines, des posters et toutes sortes d’objets imprimés. Il produit également des pochettes de disques vinyle et de cassettes audio via le micro label « Urin Gargarism Record », pendant musical de la structure.

 

En 2019, Pierre et son atelier partent s’installer à la COOP dans le quartier Port du Rhin. Gargarismes est aujourd’hui parfaitement intégré au paysage artistique du Grand Est, collaborant autant avec des artistes que des structures culturelles.

Natacha Perez

Passionnée par les sens cachés, la couleur et les êtres vivants, mes recherches picturales et artistiques m’ont permis de découvrir bien des univers. Je vous souhaite donc la bienvenue dans mon monde – un monde de magie et de poésie mais aussi de sciences et de physique quantique où la quête de la compréhension du monde me mène chaque jour un peu plus à la rencontre de moi-même. Sensible aux couleurs et aux formes ainsi que leur relation à l’homme, je me dirige naturellement vers le design d’objet. Cette formation a nourri mon intérêt pour les matériaux en général et m’a offert la possibilité d’expérimenter de multiples savoirs faire manuels (céramique, bronze, ébénisterie, etc). Actuellement, je travaille principalement sur des créations en peinture et techniques mixtes et ce sur de multiples supports, de la feuille de papier en passant par le bois, la toile et la fresque murale. J’aime mélanger les matières et travailler les textures. J’ai par ailleurs développer une technique à base de journal sculpté afin de réaliser certains sujets sur toile, tels des bas reliefs. Je travaille également la peinture à l’huile ainsi et l’encre de chine depuis plusieurs mois, ce qui élargit mon horizon de couleurs et de nuances. Je décrirais mon travail comme figuratif, réaliste et empreint de symbolisme et de notes abstraites. Je ne suis pas dans une quête de réalisme bien que mes oeuvres tendent vers ce style. Ce qui me plaît, c’est de donner vie à un regard, révéler l’âme d’une matière, partager la mélodie du silence… Le tout dans une alchimie de couleurs entre-mêlant poésie et recherche d’équilibre.