A mes difficultés linguistiques de départ s’ajoutèrent donc des difficultés culturelles et personnelles à créer de la relation et à entrer en contact avec les autres, c’est-à-dire les membres de cette culture française qui se montrait, une fois dépassée la première impression somme toute familière, si différente. Pour tout dire, je ressentais une telle impossibilité à communiquer qu’elle rendait impensable toute possibilité d’intégration à un groupe quel qu’il soit en me faisant souffrir de mon isolement. Pour moi, qui était déjà peu enclin de par nature à rechercher la vie en société, entrer en relation avec mon entourage est alors devenu une nécessité absolue. C’est tout naturellement par l’intermédiaire de ma pratique artistique que j’ai tenté d’analyser et de résoudre mon problème relationnel. J’ai alors créé ce que j’appellerais des « objets collectifs expérimentaux » destinés à rassembler des personnes autour d’un dispositif à faire résonner des sentiments, un peu comme s’il s’agissait d’instruments de musique muets. J’ai alors invité tous ceux qui s’approchaient de mes travaux à participer à cette expérience qui n’imposait pas la maîtrise d’un langage commun mais seulement le désir de se réunir, ensemble, autour d’un objet artistique.
