Stephane Spach

Stéphane Spach glane et collecte. Il soustrait le décor, fixe, et répète. Si la répétition fait voir la nécessité de la soustraction, elle a cependant pour autre vocation de ne pas confondre la singularité de l’objet avec l’idéalité de sa forme. Ces gestes relèvent d’une poétique du taxon. Paradoxalement, ce n’est jamais le même qui se répète. Plutôt, l’insistance de la variation.

Stéphane Spach soustrait le décor ou alors n’en plante un que pour mieux révéler les contours et la matérialité nue de l’objet. Il s’agit presque toujours de délier l’objet, de le dégager de ses liens, afin de (le) faire voir autrement (de faire sentir, toucher autrement, car ces objets ainsi saisis sont pleins d’entailles, de plis et d’éraflures).

Alors, la familiarité – ou l’absence – des relations qu’avec lui nous entretenions se met subrepticement à vaciller. Unheimlichkeit: le familier inquiète, et c’est par là qu’il suscite, qu’il oblige presque, l’attention.

L’attention particulière qu’il déploie lorsqu’il saisit (capture) des paysages n’est qu’un autre versant de ce travail qui s’attache à produire le cadre d’une célébration de l’ordinaire. Une banalité – des lieux, des éléments qui les composent-, qui se situe au seuil de nos regards familiers, de leur absence ou de leur effacement.

Alexis Zimmer

fabienne arbogast

En Bohême, mes ancêtres tchèques étaient tous peintres sur verre, malgré une adoration pour la renaissance italienne et la dorure, mes cours d’histoire de l’art, auraient pu être mes fils conducteurs, mais mon véritable déclic artistique se produit adolescente, lors d’un voyage scolaire en Hollande où je suis en admiration devant une toile du maître Mondrian.
Depuis j’ai une fascination absolue pour le travail de composition et de géométrie et mes premières toiles se construisent peu à peu de perspectives géométriques et d’assemblage de surfaces très colorées et rigoureuses. Je mets en scène toutes ces lignes horizontales et verticales qui s’imposent à moi instinctivement et s’équilibrent par le rapport des volumes et des couleurs. Elles me relient en permanence à une organisation rationnelle des éléments géométriques et donnent à mes œuvres un caractère spatial rigoureux. J’ai un rapport avec l’alphabet plastique polychrome que je trouve des plus esthétiques.
Après mon diplôme de photographe qui me relie encore davantage à l’architecture de la nature et du monde, je combine les deux lors de multiples voyages et suis les tendances cinétiques en travaillant dans le monde des effets spéciaux, de la colorisation et dans divers médias à Londres en tant que freelance pendant plus de dix ans.
J’enseigne également diverses techniques picturales mixtes contemporaines et anciennes.

Rahel Knöll

gekürzt

 

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Was bleibt ist ein meist kleines Bild.

Man könnte die Bilder auch als Schautafeln verstehen, sie zeigen ausgeschnittene, nichtverbale, farbige messages und sind eine Einladung an die mündigen BetrachterInnen mit ihnen zu spielen. Spielen wird meist verwechselt mit zweckfreiem Tun, anzusiedeln in der Zeit wo Lebewesen noch nicht sozialisiert sind, dies ist aber ein gelinder Irrtum: Spieltheorie ist eine Wissenschaft, die nicht kooperative Spieltheorie ein Teil derselben, wobei nicht kooperativ meint, dass sich die Spieler auf verschiedenen Informationsebenen befinden. Nun: in der Kunst von Rahel Knöll geht es nicht um Sieger und Verlierer, sie würde diese Polarisierung keinesfalls gutheissen, nein es geht nicht einmal um Spielen im landläufigen Sinne, wo es dazu mehrere Mitspieler braucht. Es ist noch komplexer: ihre Kunst, ihre Malerei, ihre Bilder liefern quasi das Regelwerk und dies hat sie ja schon gesetzt. Der Spieler, die Spielerin, die Betrachter können sich nun soweit sie mögen einlassen auf  die spannende Frage, was ist das denn für ein Spiel und noch wichtiger, was habe ich davon wenn ich mich darauf einlasse und vielleicht noch, wieviel will ich investieren um daraus einen geistigen Mehrwert zu erzeugen. (Eine wichtige Technik beim Finden von Gleichgewichten in der Spieltheorie ist das Betrachten von Fixpunkten). Ein anderes Phänomen zum Gleichgewicht ist dass je mehr Information auf Seiten des Betrachters vorhanden ist, desto mehr Nutzen und Spass zieht derselbe aus der Auseinandersetzung mit.

Wenn Sie sich ein Fahrrad kaufen oder einen Fernseher sind die Gebrauchsmöglichkeiten mehr oder weniger scharf umrissen, das Fahrrad bringt sie schneller als zu Fusse von a nach b, in den Fernseher können Sie reingucken z.B., bei Kunst, bei der Malerei, bei den Arbeiten von Rahel Knöll liegt das nicht so einfach: denn sie sagt ihnen nicht was sie mit dem Teil anfangen sollen, ob sie es als Meditationstafel oder als Spiegel oder als Schaltordnung benutzen sollen, das liegt ganz bei Ihnen, denn die Künstlerin verweigert da jegliche Auskunft, auch das eine Haltung, welche vom Vertrauen in die geschaffene Ordnung rührt, welche quasi eine selffullfilling prophecy sein soll. Leicht wird diese Haltung mit Arroganz verwechselt, ein Irrtum, denn ganz im Gegenteil kommt sie aus einer- durchaus selbstbewussten- Bescheidenheit: Rahel Knöll ist sich bewusst, was alles im Namen einer umfassenden Kunsttheorie auch schon passiert ist und was dabei auch alles nicht ganz funktioniert hat, der Begriff des Gesamtkunstwerkes z.B. mit seinem endgültigen Scheitern im 2. Weltkrieg; die Formatfrage seit den fünfziger Jahren, die grossen Amerikaner gegen die kleinen Europäer, oder das Ringen um das grösste Bild in einer Nacht gemalt von Martin Disler, die Superlative, die Rekorde, die titanischen Leistungen rauschhaften, genialischen Tuns. All das interessiert sie nicht, sie selbst würde ganz gerne ausprobieren, wie es denn wäre, eine kleine Arbeit von ihr z.B. neben oder gegenüber des toten Christus von Holbein zu setzen, was pasiert da, was geht da ab? Oder ein anderes kleines Bild an die Stirnwand des Oberlichtsaals in der Kunsthalle hängen und sonst nichts, das wäre zugegebenerweise eine Zerreissprobe, aber spannend.
Das sind die echten Herausforderungen.

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Matthias Aeberli, Dezember 2011

 

Julie Chane-Hive

Mon travail artistique est lié au paysage, il fait autant appel à l’expérience personnelle, qu’à la contemplation de celui-ci. Se mouvoir dans un espace, accorder un temps pour l’observation et la vanité, sont aux fondements de mes préoccupations et de mes réflexions. Dans la lenteur et la répétition de la marche, le corps se meut autant que la pensée. Prendre le temps de regarder les lumières changer, écouter les murmures de la forêt, ressentir les nivellements du terrain sont les expériences desquelles je m’inspire en partie pour créer, ainsi ce que j’essaie de retranscrire n’est pas le phénomène mais bien une interprétation de l’expérience. L’image du glaneur est aussi présente, je collecte autour de moi, ici et là, des fragments du paysage, des mots, des extraits de textes, des images. Je relie les éléments entre eux pour construire ma pensée en constellation.

La création de récits est constante dans les projets que je mène, car c’est pour moi un moyen d’amener le lecteur à se projeter ailleurs que dans ce qu’il voit. Partir d’un fragment pour re-concevoir une histoire, chercher et ré-assembler les éléments pour comprendre l’ensemble. La notion de discrétion est aussi importante, la discrétion c’est avoir le pouvoir de décider mais c’est aussi le caractère de ce qui n’attire pas l’attention. Celui qui regarde doit prendre part à l’oeuvre car la rencontre n’est pas frontale.

Le livre et la maison d’édition Martian’s Parlor que j’ai créé avec Colin Thil font partie intégrante de la réflexion que je mène. J’ai commencé
à m’intéresser à l’objet livre pour la valeur qu’il a dans notre société, il a depuis l’imprimerie peu de valeur monétaire mais garde une forte valeur culturelle. Ce que j’aime dans la forme du livre c’est qu’il a un côté populaire, et très facile d’accès. Pourtant il faut s’y intéresser, s’y plonger, le livre comme les formes que je mets en oeuvre demande de l’attention.

Maxime Peltier

Démarche :

J’arpente en immersion de plusieurs semaines des espaces naturels à travers l’Europe (Alpes/Islande/Madère…) pour me faire le témoin de leur animation solitaire. Je documente mes expéditions par la photographie que je tire ensuite artisanalement en cyanotype, je reviens enfin dessus avec la peinture à tempera. L’union de ces deux techniques anciennes me permet de reconstruire le chaos éprouvé dans l’instant sur le terrain. Ici la nature n’existe pas, il s’agit seulement d’un regard désignant l’artifice.

Philippe Schoen

La photographie dévoile, la parole cachée de la lumière. J’ai une croyance, qui est en même temps une rêverie : je crois que le réel, ce que nous percevons par nos maigres cinq sens, ce contre quoi on se cogne, nous parle. Il nous parle et nous n’écoutons pas. Nous sommes trop préoccupés par nos petites affaires pour entendre. Je crois que les enfants, les ermites, les arbres écoutent et certains comprennent. Il est donc possible d’entendre ce souffle, loin des hommes, indéchiffrable et jovial, qui chante depuis la nuit des temps. J’écris et je photographie. Chacun de mes témoignages s’exprime simultanément en texte et en image.

Alexandre Kato

Je regarde avec la même attention l’immense océan et les reflets étincelants aperçus entre les écailles d’un poisson rouge. Je m’attache au détail. Il reproduit en lui-même l’immensité de ce qui l’entoure ; de la même manière l’éphémère en dit long sur le temps qui passe.

Se reflétant
dans les yeux d’une libellule
les montagnes
Issa (1763-1828)

Les liens qu’entretient l’Homme au paysage et au territoire constitue la base de ma réflexion. Ils nous déterminent depuis des milliers d’années et influencent notre physique, notre nourriture et parfois même nos croyances. Que sont-ils devenus aujourd’hui, alors que nous traversons les continents et océans en quelques heures et que le monde entier est accessible depuis nos écrans ?

Le shintoïsme, animisme japonais qui place des esprits dans les éléments naturels comme la pierre, les arbres, la lune, m’intrigue. Je me demande s’il y a maintenant des esprits dans les écrans avec lesquels j’observe de grandes étendues de territoire, ou dans la lumière des lampadaires.

Mes origines japonaises sont déterminantes dans mes recherches. N’ayant jamais vécu dans ce pays, je cherche à tisser des liens avec une part de moi-même que je connais et comprends peu.