Laetitia Piccarreta

15ans de pratique autodidacte, puis diplômée à 38ans à l’école Estienne à Paris, directrice artistique depuis 2010, je questionne la place de l’individualité
à travers plusieurs médiums. Mes interprétations visuelles s’expriment par la
technique de la photographie et le graphisme et plus récemment, le film photographique. J’effectue un travail de commandes en plaçant ma position d’artiste queer militante au cœur de ma pratique pour tenter d’aller à contre courant des regards hétéronormatifs et cisgenres.
Mes reportages explorent les actions progressistes locales en visibilisant le militantisme au quotidien. Je questionne également l’aspect politique qui peut
avoir une place centrale chez les personnes issues des minorités de genre et comment cela influence leur manière d’évoluer au sein de la société. En 2019, j’ai co-fondé le studio D’ailleurs , un collectif à volonté éthique qui propose des créations engagées à des acteurices portant des projets d’intérêt général qui répondent à une charte de valeurs.
En 2020, j’ai été publiée dans l’ouvrage Notre corps, nous-mêmes (version inclusive) pour illustrer le chapitre corps et genre. En 2020, la crise sanitaire, économique et écologique m’a amenée à collaborer à une réflexion en groupe
initié par Le Signe, Centre national du graphisme, autour de la notion de commun(s) mettant en lumière les contradictions et les impasses d’un modèle de
société patriarcat basé sur l’intérêt individuel, la compétition et l’exploitation des humains et de la nature.
En 2021, j’ai créé Royale Canine, un projet de réappropriation de mots détournés de leurs sens par le patriarcat. Les bénéfices sont reversés à des associations luttant pour les droits des femmes et les minorités de genre. Depuis 7 ans, je documente les milieux queers à Strasbourg et à Paris dans ma sphère privée et dans les milieux militants.

 

 

 

 

Jacques Muhlenbach

Tableaux

« Tableaux » est une série de quatre polyptyques constitués chacun d’une trentaine d’images photographiques.

Tableau :
(1355, « toile pour peinture »). Œuvre picturale exécutée sur un support rigide et autonome.
Tableau à plusieurs volets, V. Diptyque, triptyque, Polyptyque. Tableau sur bois, toile, carton, isorel, etc.
Tableau peint à l’huile, à la gouache, au pastel. (Dictionnaire « Petit Robert).
A la définition du Petit Robert on pourrait rajouter que pour beaucoup, le tableau se complète d’un cadre qui peut avoir un rôle protecteur, de limite, mais surtout un rôle de mise en évidence.
La série « Tableaux » pose la question de la nature de l’image photographique.

Elle est une accumulation de paradoxes :
– Les cadres sont présents, mais ils encadrent quoi ? Une peinture à l’huile, une gouache, un pastel ?
Non, ils encadrent des images photographiques.
– On s’attend à ce qu’une photographie représente la réalité figurative ; c’est le propre de la photographie pour la majorité d’entre nous. Ici les photos sont abstraites, issues d’un filé, d’une mauvaise mise au point, d’un tremblement intempestif de l’opérateur, etc.

– On admet de nos jour qu’une peinture soit abstraite et non plus figurative. Mais une photo ?
– Ici, la préoccupation de l’auteur n’est pas la ressemblance, mais la simple juxtaposition de formes colorées, l’organisation de l’espace de l’image et la lumière. La peinture nous y avait habitué.

– La plupart des peintures abstraites ne sont plus encadrées. Elles sont en contact direct avec l’environnement mural qui la met en évidence. Plus d’isolement. Ici les photographies le sont.
– La présentation, quant à elle, se veut muséale. Non pas muséale comme de nos jours où l’on isole les images pour qu’elles ne soient pas altérées par sa ou ses voisines, mais comme au XIX ème siècle où il était courant d’accumuler.

Tableaux ou pas ?

Elie Mauvezin

« Il y a malgré tout, dans cette nuit sombre, une source de lumière centrale, celle d’un grand feu rougeoyant. Il nous donne à voir par ses couleurs chaudes, un attroupement de présences qui l’entourent. On ne les distingue qu’à peine. Ils·elles forment une ronde dansante qui reste ouverte, comme pour nous faire une place et nous inviter à entrer dans leur danse. (…) Je porte un costume de bête, avec des franges en tissu qui vont jusqu’aux chevilles et au bout des doigts. Je transpire sous mon masque, une gueule d’animal en papier mâché avec de grands yeux et du sang entre les crocs. Je suis, moi aussi, un chien blanc. »
Elie Mauvezin, Un carnaval en été, auto-édition, 2021, p.4.

Marion Augusto

Mon travail pourrait se définir par des allers-retours intempestifs entre une recherche visuelle personnelle et des expériences collaboratives hors et en institutions. Influences réciproques sur les terrains du collectif et de l’expérimentation. Ces différentes manières d’entrer et d’approcher – un environnement, une situation, un contexte – m’amènent à interroger les notions de cadre, de milieu, de relation ou d’incompréhension, à travers une production d’images (photographies, dessins, textes). Cette discipline du fragment est sans cesse réactivée par l’expérience de la rencontre, à travers des agencements narratifs. Oscillation entre fiction et documentaire. Mon travail photographique met en doute le visible par une attention signifiante portée sur des détails insignifiants. L’image comme un malentendu. Des tentatives pour pointer l’écart persistant entre l’image et l’impression, entre l’éprouvé et sa représentation

Laurence Muller

Le Paradis est comme éparpillé sur toute la terre – et c’est pourquoi il est devenu méconnaissable. Ses traits épars doivent être réunis, son squelette habillé de sa chair : Novalis

Revoir la notion de guetteur d’images et de textes, explorer les voies vers un « dé-montage », construire la possibilité d’une traversée à pas menus, en vue d’inaugurer une vision esthétique du monde, l’exercice d’un rapport renouvelé aux objets, paysages… ; ceci par la présentation, la mise en contact de photographies, de fragments d’objets prélevés dans la nature, dans les archives, d’objets domestiques trouvés dans une maison (outils, bris, vaisselle…)

S’agit-il de l’exploration de la notion d’expérience esthétique, « une flamme entre rien et quelque chose » ainsi que l’écrit Walter Benjamin ?

Des traces de dessins, des collages/assemblages comme des textes tissés en mesure, par une pratique de la collusion, du télescopage d’images issues de sources et de supports divers.

Fragments, éclats, re-montés, un jeu vers une « iconologie de l’intervalle », proposer au visiteur d’aspecter l’écart entre les choses, les objets et un sens nouveau qu’il lui revient d’ imaginer, de créer, à son tour.

Juste la nécessité de tracer, matérialiser par des moyens techniques, presque toujours intempestifs, ce qui est perçu, ramassé : tenter d’accueillir ce qui est donné.

Julien Hoffschir

Procurer une émotion, inviter à la réflexion, susciter un questionnement… j’y tiens !

 

La rue

La rue est une formidable scène à ciel ouvert. Le spectacle y est permanent. Au fil de mes vadrouilles, je cherche à fixer des situations inattendues, des attitudes équivoques, teintées d’espièglerie, d’émotion, des moments uniques. En bref, des situations offrant une amusante singularité.

Le bon moment pour le déclic ne s’annonce pas, il s’impose en une fraction de seconde. Tout passe par le regard. L’instant que je saisis ne se reproduira jamais. Vous l’aurez compris, j’attache une importance sans faille à la spontanéité.   

 

Le spectacle, la scène

A l’intérieur, je compose avec la lumière ambiante. Jamais je n’ai recours au flash. Pour mes séries de photographies prises lors de spectacles, je joue avec les lumières imposées par la scénographie, effectuant tous les réglages manuellement. Je m’attache à transcrire au mieux la palette d’émotions que transmettent les artistes. Qu’il s’agisse de pièces de théâtre, d’arts circassiens, de concerts, de danse, tout m’intéresse. Avec une prédilection pour la danse. 

 

Vers l’abstrait

Et puis, je cherche encore et toujours à aller plus loin, toujours plus loin… 

Je m’efforce en effet de sortir allègrement de ma zone de confort, d’aller au-delà de ce que je maîtrise déjà, histoire, entre autres, de booster mon imagination. Une certitude : l’abstrait m’interpelle. Donner libre cours à ma fantaisie en détournant le sens premier de certaines de mes photographies ne cesse de me titiller. Je m’abandonne de plus en plus à cet exercice exacerbant ma créativité. Cela me permet d’aborder un monde différent, de plonger mes images dans une autre ambiance. Et, au passage, de dérouter les visiteurs s’attardant devant mes clichés.

Vincent Bohn

Vincent Bohn s’autorise tout, par le dessin, la photo, le collage, la peinture, la sculpture, il construit et deconstruit. Sans limite, ses oeuvres percutent son quotidient. Ce quotidient si plat auquel il redonnent du relief, du sens.

 

Théo Leteissier

À travers différentes explorations, je m’intéresse au passé et à l’évolution de lieux qui me touchent. Un escalier creusé dans la falaise normande, une sphère colorée sur l’autoroute A4, des anciens bains de rivière urbaine en Alsace… Chacune de mes recherches est l’occasion de documenter une manière d’habiter, d’utiliser ou de regarder le paysage. J’envisage ainsi la photographie de manière locale, à partir de constructions singulières et d’histoires oubliées.