Lucie Guillemin

Je mets en avant le problème de la surface quant à la représentation du réel par un procédé de mise à plat, de dépliage et de découpe dans notre environnement-écran. J’accentue volontairement la bidimensionnalité pour jouer de l’illusion de profondeur.

Plus qu’un symptôme spatial contemporain, c’est un temps de pause dans un environnement instable qui permet de mieux retenir en mémoire. La suspension dans le temps est liée à la fixation d’un paysage, à un drame latent mais principalement à une immersion et à un isolement dans celui-ci. Je fais appel à cette propension au silence.

Susciter une déroute, une dislocation a pour but de mieux percevoir un ensemble. L’image est mise à l’épreuve. Je mets en valeur sa fragilisation car j’interroge son fantasme intrinsèque. J’utilise des matériaux précaires qui font que la forme puisse s’évanouir. Le dessin me permet la suggestion et le souvenir. Mes moyens d’expression plastiques sont réduits aux éléments les plus simples.

Gauthier Sibillat

Dans Ecce Homo, Nietzsche écrit: « ne prêter foi à aucune pensée qui ne soit soit pas née au grand air, pendant que l’on prend librement du mouvement ».
J’aurais tendance à penser la même chose en matière de photographie.

Serge Lhermitte

Né en 1970, Serge Lhermitte vit et travaille à Saint-Ouen et Strasbourg.
Pratiquant une forme quasi sociologique de l’art, Serge Lhermitte explore et analyse l’impact essentiel de phénomènes sociaux tels que le travail salarié, les retraites, la réduction du temps de travail, mais aussi l’architecture, l’urbanisme et les mutations urbaines sur la construction de nos identités, dans l’élaboration de nos subjectivités, dans l’information de nos êtres au monde. Il propose des images réflexives, où les espaces privés et publics se replient l’un sur l’autre. Si dans son travail il tourne le dos à une photographie documentaire, il tient aussi à se démarquer d’une photographie plasticienne dans sa mise en exposition.
Serge Lhermitte invente pour chaque série un protocole particulier, un cadrage et un mode spécifique de monstration, l’artiste crée des images frappantes, à la fois évidentes et complexes, directes et énigmatiques. Une esthétique hybride qui articule deux dimensions apparemment antinomiques : symbolique et réaliste.

Sabine Clochey

«… dans ses petites compositions, à peine ébauchées, [elle] traite des « paysages devant la porte », comme si la quête du monde se traduisait par la volonté d’absorber les choses infinies que l’on a toujours devant soi, chaque matin quand on ouvre ses volets, quand on sort de sa maison pour faire quelques pas dans le jardin. » Alexandre Rolla
 » Mon temps d’observation est souvent plus long que le temps de réalisation d’un dessin. La trace que je dépose sur le papier, que ce soit au pinceau, avec du pastel ou un crayon, est plus l’empreinte d’un objet que l’objet lui-même. » S. Clochey

Anne Immelé

Les photographies d’Anne Immelé interrogent notre rapport au territoire dans ses multiples dimensions : géographique, humaine, sociale mais aussi mémorielle et poétique. C’est à travers l’édition et l’accrochage que ses images entrent en dialogue les unes avec les autres, créant un terrain de confrontation. Melita/Refuge son projet actuel documente quelques voies migratoires contemporaines en les croisant avec les parcours des phéniciens dans l’antiquité à partir des îles maltaises.
Docteur en art, photographe et commissaire, Anne Immelé vit et travaille en Alsace et à Malte, elle enseigne à la HEAR, Haute école des arts du Rhin. Dernière exposition : Jardins du Riesthal à la Galerie Madé, parcours Elles X Paris Photo. Le livre Jardins du Riesthal est disponible aux éditions Médiapop.