Mon travail artistique est lié au paysage, il fait autant appel à l’expérience personnelle, qu’à la contemplation de celui-ci. Se mouvoir dans un espace, accorder un temps pour l’observation et la vanité, sont aux fondements de mes préoccupations et de mes réflexions. Dans la lenteur et la répétition de la marche, le corps se meut autant que la pensée. Prendre le temps de regarder les lumières changer, écouter les murmures de la forêt, ressentir les nivellements du terrain sont les expériences desquelles je m’inspire en partie pour créer, ainsi ce que j’essaie de retranscrire n’est pas le phénomène mais bien une interprétation de l’expérience. L’image du glaneur est aussi présente, je collecte autour de moi, ici et là, des fragments du paysage, des mots, des extraits de textes, des images. Je relie les éléments entre eux pour construire ma pensée en constellation.
La création de récits est constante dans les projets que je mène, car c’est pour moi un moyen d’amener le lecteur à se projeter ailleurs que dans ce qu’il voit. Partir d’un fragment pour re-concevoir une histoire, chercher et ré-assembler les éléments pour comprendre l’ensemble. La notion de discrétion est aussi importante, la discrétion c’est avoir le pouvoir de décider mais c’est aussi le caractère de ce qui n’attire pas l’attention. Celui qui regarde doit prendre part à l’oeuvre car la rencontre n’est pas frontale.
Le livre et la maison d’édition Martian’s Parlor que j’ai créé avec Colin Thil font partie intégrante de la réflexion que je mène. J’ai commencé
à m’intéresser à l’objet livre pour la valeur qu’il a dans notre société, il a depuis l’imprimerie peu de valeur monétaire mais garde une forte valeur culturelle. Ce que j’aime dans la forme du livre c’est qu’il a un côté populaire, et très facile d’accès. Pourtant il faut s’y intéresser, s’y plonger, le livre comme les formes que je mets en oeuvre demande de l’attention.