Elle passe des feutres pointe fine aux aiguilles, des tapisseries aux fils à broder, des pastels secs aux fils métalliques. Françoise Marmillot a démarré sa carrière dans les arts plastiques à L’Évasion, lors du lancement en 2004 de cet Esat artistique et culturel unique en Alsace. Les techniques qu’elle emploie se sont enrichies au fil des projets, que ce soit au sein de L’Atelier ou au sein de la Compagnie de L’Évasion, dont la spécialité est le théâtre d’ombre et la création visuelle. Ses couleurs de prédilection sont à la limite des tons francs, délicatement fanées, comme des fleurs qui auraient juste dépassé leurs plus belles heures. Des fleurs que Françoise voit quasi-quotidiennement lorsqu’elle se rend dans son jardin partagé ou dans les arbres et autres végétaux qu’elle aperçoit tout au long du chemin bucolique qui y mène. Que ce soit en peinture, en gravure, en couture ou en sculpture, ses sujets –personnages, animaux, végétaux…– se parent d’une pointe de tendre naïveté. Sa grande spécialité? Des petites marionnettes qu’elle forme en fil de fer, de coton et de laine, et qu’elle pare de boutons et autres bouts de tissus de récupération.
Mots clés. Couleurs, fleurs, bonheur, labeur, végétaux, oiseaux, marionnettes, couture, gravure, collage, récup’.
Influencée par la bande dessinée américaine et française, le folklore français et anglais et les thèmes développés dans les musiques traditionnelles, je rencontre le tatouage après m’être intéressée aux murder ballads, aux chansons de prisonniers et aux chants de marins. Ce langage de codes et de symboles parle immédiatement à ma sensibilité et je l’intègre à ma pratique. Puis je deviens tatoueuse. Avec le temps, mon travail d’illustration presque exclusivement en noir et blanc s’éloigne du traditionnel tatouage de marin pour produire des images mélancoliques qui interrogent les mystères de la nature et de l’univers, et je construis mon propre folklore, peuplée de figures hybrides, animaux humanisés, chimères tristes mêlant le végétal au minéral, personnages de contes pervertis, femmes dominatrices, fantômes joyeux, trésors, galaxies, labyrinthes, micro-organismes et constellations, coulures, formes organiques qui possèdent les personnages et l’espace faisant rapidement passer de la légèreté du rêve à la vision angoissante d’un monde à l’agonie. En parallèle, mon travail de tatoueuse est plus léger et se nourrit de culture populaire, d’humour et d’auto-dérision ou s’oriente autour de la recherche formelle de l’ornement ou du motif.
Plusieurs éléments jouent un rôle substantiel dans mes travaux. Formé aux sciences humaines et sociales, mon approche tant pratique que réflexive du médium photographique s’en trouve fortement imprégnée. Les uns rejoignant les autres, j’aime à-lier les aspects esthétiques et techniques aux questionnements et méthodes de l’anthropologie. L’espace ouvert de ce dialogue dessine les contours de ma démarche et, en creux, en fonde la singularité. Photographier est une façon d’entrer en relation avec ce qui m’environne. Les éléments consubstantiels de mon environnement, vivants ou inertes, humains ou non, sont autant d’entités avec lesquelles j’interagis. Pleins de promesses, les rencontres m’amènent à répéter mes visites. Dès lors, je noue avec les espaces des liens de familiarité. En ressassant ainsi les lieux, j’escompte mieux en découvrir les différentes facettes, en saisir les ambiances. La traduction pratique de cette interaction se concrétise par les réglages de l’appareil au moment de la captation, le choix des paramètres. La maitrise technique vient appuyer le propos photographique. Mes compositions, dans leur grande majorité, se caractérisent par une esthétique empreinte d’un fort graphisme. J’aime et recherche le fait que l’impression visuelle suscitée par la photographie prenne le pas sur la lecture logico-rationnelle de l’image. En dépouillant le sujet photographié de sa signification première, je cherche à faire naître chez l’observateur quelque chose d’intime et difficilement exprimable : son ressenti. Pour arriver à ce résultat, j’essaye de leurrer le sens de la vue. En fonction du sujet, je joue avec la profondeur de champ et l’alignement des différents éléments figurant dans le cadre. En manipulant l’empilement des différents plans de la photographie, je compose une image aux lignes et perspectives déroutantes. Aussi, l’utilisation d’une focale plus ou moins importante associée au zoom (ou au rapprochement du sujet) me permet de brouiller les pistes quant à l’échelle. Enfin, en dépouillant l’image de détails, j’accrois le trouble visuel occasionné tout en soulignant l’effet graphique de mes compositions. Tout cela concourt à brouiller les pistes du regard, trop habitué – éduqué – à se repérer dans l’espace, à associer aux choses une signification au premier coup d’oeil. La chaîne de production de sens ainsi leurrée reste aveugle, sa cécité momentanée laissant le champ libre à l’impression. En parallèle à ces travaux, au moyen d’incisions, de découpages et de tressages, j’expérimente des manières d’assembler mes tirages photographiques les uns avec les autres. L’oeuvre dont la finalité semblait alors acquise, s’entrouvre, renouvelée.
Déstructuration Harmonisée Mon inspiration vient en grande partie du cubisme et de l’architecture. L’aspect linéaire me fascine tout comme les matériaux de construction « modernes » d’où la présence de métal et de verre. Exprimer une forme d’avertissement envers la globalisation des constructions de gratte-ciel où il y a une véritable compétition entre les pays qui cherchent toujours à avoir des bâtiments qui atteignent des hauteurs et des complexités impressionnantes, mais qui reste tout de même fascinante. Skyscrapers, les totems de l’architecture moderne, des monstres qui défient la gravité, évoqués en toute apesanteur et leur terrible beauté. Le sous locataire l’homme, par sa quête d’absolu, réalise des constructions toujours plus fascinantes sur cette terre, dont il n’est que l’humble passager. Le message reste fort, et les formes hiératiques et sobres de ces œuvres Architectural nous interrogent. Oxydation du métal et transparence du verre taillent une trace emprunte de beauté et d’émotion, nourrie par cet étrange dilemme homme/nature. La lumière qui à la fois intrigue et attire, tout en reprenant la complexité des structures. L’utilisation du verre est destinée à mettre en relief une certaine transparence rendant originale la structure en métal. Le fait de tailler le verre en prisme, permet à la lumière d’être absorbée sans toutefois le traverser. Ce processus confère à la structure complexe, un rendu unique et authentique. Mes œuvres sont à qualifier de minimalistes, exprimant le respect des structures complexes mais aussi une certaine ironie quant à la folie démesurée des hommes. Le design de la pièce est à la fois droit et linéaire mais porte une architecture qui sort de la normalité. En oxydant le métal on fait sortir l’harmonie de couleurs que celui-ci porte. Le fer étant une matière froide même de vue, en transformant la matière on permet à la sculpture d’avoir une perception tout à fait différente.