Hélène Gouvion

Mes recherches s’intéressent aux relations que nous entretenons avec notre environnement et trouvent leur origine dans des rapports d’opposition, confrontant stabilité et inconstance.Basée sur un principe de mise en situation, personnelle ou collective, ma pratique tente de révéler l’immatériel, faisant ainsi de la perception une matière avec laquelle composer. Constituée de mouvements, de déplacements et de variations, elle place les phénomènes et les temporalités au cœur de procédés de création. Mon travail s’articule autour de la rencontre entre la lumière, la matière, le corps et l’espace, et tente d’en exploiter les particularités. Laissant s’exprimer le dialogue qui nait de ces interactions, c’est entre opacités, transparences, textures, ombres, champs et hors-champs que se forme chaque composition. Dans une logique de morcellement, mes travaux cherchent à déconstruire une réalité pour faire apparaître des univers mouvants dans lesquels les repères deviennent incertains. Ceci dans l’intention de réinterroger le rapport que nous entretenons à nous-même et aux autres, à l’espace et au contexte, et la manière dont cela modèle notre façon d’habiter.

Le Grenier de Steph Poulette

L’atelier « Le Grenier de Steph Poulette » est tout récent. Il est né à la toute fin de l’année 2022. Mais ses murs sont très anciens ! Il est situé au centre du village, dans une ancienne ferme, dont la partie la plus ancienne a près de 300 ans ! Stéphanie, avec sa famille, habite dans la partie principale de la propriété, depuis 2002. Presque 10 années de travaux ont été nécessaires pour rendre la maison chaleureuse et accueillante. De 2013 à 2017, toute la famille est partie vivre une magnifique expérience au Québec. La maison était alors louée à des vacanciers venant parfois de très loin. Ils étaient ravis de séjourner dans ce lieu typique. Avant sa rénovation, l’atelier était à l’état de grenier, non isolé, non chauffé, non utilisé : comme un no man’s land emboité entre la maison d’habitation et l’immense grange. Juste à côté, au rez-de-chaussée, sous la grange, un cordonnier y avait son atelier. Son vieil établi avec quelques outils y sont encore en place. Steph Poulette y travaille le bois et le métal, pour préparer ses supports. Bien trop à l’étroit dans son minuscule bureau-atelier de 6 mètres carrés, Stéphanie a décidé de lancer la rénovation de ce grenier de 45 mètres carrés, accolé à sa maison. Elle a motivé les troupes (conjoint, famille et amis) pour lui donner un gros coup de pouce ! Bientôt, des meubles vont venir habiter ce lieu : une vieille table de tapissier, un meuble bas qui servait de rangement pour les moules à chocolats, dans l’ancienne pâtisserie paternelle. Les chaises ont été récupérées dans un ancien atelier de menuisier, dans un village tout proche. La démarche de récupérer des objets qui ont une histoire, se retrouve aussi bien dans la démarche artistique, qui consiste à détourner des objets et des outils, que dans l’aménagement de l’atelier. Maintenant, l’artiste peut déjà tout stocker au même endroit, et profiter pleinement de son matériel, de ses vieilleries rouillées et patinées, de ses vieilles planches, de ses tissus et dentelles, pour enfin avoir tout à portée de main. Elle peut surtout laisser ses assemblages naître doucement, avec un espace de création beaucoup plus grand, sans avoir besoin d’empiéter dans le couloir ou le salon familial, comme c’était le cas avant ! Le Grenier de Steph Poulette : pourquoi ce nom ? Peut-être parce qu’en 2002, quand Stéphanie a visité cette maison avant d’y habiter, un poulailler avec quelques poules, se trouvait au fond de la cour ? C’est surtout grâce au collectif d’artistes « Les 3 poules » qui a existé entre 2003 et 2013. Stéphanie, et deux de ses amies artistes, avaient créé ce collectif pour pouvoir travailler et exposer ensemble. Au départ, la thématique des trois artistes était essentiellement animalière, avec ce côté léger et enfantin. Stéphanie a tenu à garder ce nom, comme un clin d’œil à cette belle période de complicité artistique.

Marc Guénard

Né en 1973 à Antony(Hauts de Seine), Marc Guénard est photographe indépendant et vit à Mulhouse.

Il découvre la photographie d’auteur en 1994 en assistant aux cours de photographies de Francois Despatin à Choisy le Roi. Une rencontre déterminante dans la manière dont va s’orienter son travail d’auteur, notamment dans celui du portrait.

Marc Guénard est un artiste photographe, phénoménologue de la perception, pour qui l’image et la lumière sont les instruments d’une partition dialectique. Ainsi, ses photographies montrent un au-delà où la perception et la simple connaissance sensible que nous pouvons avoir d’un objet, d’un sujet, est élevée à la pleine conscience d’elle-même.

Aussi, ses vidéographies et réalisations photographiques interrogent le lien de conscience que peuvent avoir les individus avec les objets de leur environnement, dans un face à face questionnant. En photographiant de manière analytique les liens invisibles entre l’objet et le sujet, confondus alors l’un et l’autre en une sensibilité absolue, Marc Guénard décloisonne les clichés de notre société.

Dans ses derniers travaux autour du paysage, Marc Guénard délaisse le terrain urbain pour les chemins de nature et quitte la lumière pour gagner l’obscurité.

Atmosphères irréelles, contours indécis, étrangetés chromatiques: ses paysages nocturnes livrent une cartographie inédite et évocatrice de ce que la nuit dit de nous.

Gashi Shqipe

Réalisé in-situ, le travail de Shqipe Gashi se caractérise par la diversité des supports et des médiums qui se répondent les uns aux autres et qu’elle met en scène en fonction des espaces/environnements d’exposition. Nourrie des codes de la scénographie, de la littérature et de l’histoire de l’art, elle emprunte aussi bien aux codes du théâtre, du consumérisme qu’à ceux de l’histoire de l’exposition pour explorer la construction de nos structures sociales. Ce qui l’intéresse ce sont les conditions particulières qu’une chose a besoin pour exister et les interactions qui se mettent en place entre l’oeuvre, son contexte et son spectateur. Les combinaisons de couleurs et d’esthétiques qu’elle associe à différentes histoires et cultures lui permettent d’annuler les normes et les hiérarchies prédéterminées dans les différentes compositions de son travail. 

MDGP

Je cours et je dessine; je marche, j’observe, et je ramasse.

 Il m’importe de dessiner les bois, forêts, talus; les mousses, les lichens, les lentilles d’eau…

 C’est à travers les éléments, leur forme, leur couleur, leur masse, leur répétition que j’appréhende le 

monde qui m’entoure et que j’essaie d’y trouver une place.

 C’est à travers les éléments que j’observe les turbulences, les chamboulements provoqués par nos 

déplacements, nos vies.

 C’est à travers les mots qui souvent accompagnent le dessin que j’interroge le monde à double sens – à double lecture.

Kiki DeGonzag

Mon travail se construit essentiellement par mon intolérance ambivalente face aux systèmes de dominations. Mon travail questionne, parfois avec humour et poésie, parfois avec sensibilité et chaos, le déséquilibre de certaines relations.
D’abord inspirée par l’ouvrage de Pascal Quignard, Le Sexe et l’Effroi, ma pratique a commencé par se jouer des mythes, des stéréotypes culturels et des symboliques inconscientes qui influencent nos perceptions et nos relations. A travers des représentations phalliques, j’interrogeais autant la peur, le dégoût ou la fascination, les culpabilités inconscientes ainsi que la place de la sexualité dans nos sociétés ou les relations genrées… Les broderies anatomiques, par exemple, sont une forme de désacralisation de la place du sexe et de la prédominance de la sexualité. En donnant la même valeur aux différents organes.
Depuis quelques années, ma recherche se précise à travers des performances par
lesquelles j’expérimente différents types de contraintes : celles du corps, de l’autre, de l’espace, du contexte. Ces « empêchements » créent un geste nouveau.
A la suite de ma recherche liée aux questions de genres, l’expérimentation s’étend aujourd’hui vers les relations humains/animal et les dominations de pouvoirs inspirées par toutes les vérités absolues et les pensées uniques et totales. Chaque instance humaine qui semble provoquer en moi un sentiment de malaise, d’indignation, de dégout ou de rage, m’attire et m’interpelle par ses contradictions.
En 2022, l’œuvre intitulée « Quality Time Remains » incarne un virage dans la forme de mon travail : Premier volet d’une série de mises en scène de mes « folklores imaginaires » qui s’inspirent d’images oniriques, de rituels intimes, de mythes individuels qui prennent forme dans l’entrelacs des croyances dominantes et des rites identifiés. En mettant en scène mes propres folklores, mes rituels confidentiels et inavoués, j’invite le spectateur à questionner la crédibilité des cultures dominantes face aux cultures privées : existe-t-il qu’une seule vérité au cœur de nos multiplicités singulières ? N’avons-nous pas la liberté de remettre en question nos propres perceptions autant que le font les « Lois » qui nous gouvernent ? Je m’intéresse notamment à ce qu’on nomme folie, maladies mentales ou troubles psychiques qui sont des formes de langages et des manières d’être au monde.

Sabine Gazza

J’observe d’infimes détails dans le paysage, dans le quotidien, chacun étant un témoin du temps qui passe, de la lumière de l’instant. L’image d’un monde entier peut se dérouler sur quelques centimètres carrés. Aussi, j’ai pris l’habitude, ces derniers temps, de chercher un monde dans de petites flaques, de représenter un tout par un détail, un contenu pour un contenant, un envers pour un endroit, parler des choses de manière indirecte, comme on utiliserait une métonymie en littérature.

Anne Gerlinger

Il y a une petite dizaine d’année, un besoin d’évasion au cœur de la nature m’a plongé dans la photographie. Le souci du détail, du fait d’une pratique du dessin, m’a très vite orienté vers la proxiphoto. Cela m’a permis d’ouvrir les yeux sur un monde minuscule que j’ignorais et que je découvre chaque fois un peu plus. Régulièrement, je m’essaye à d’autres techniques. Le monde de la photo étant tellement vaste, il est stimulant d’en explorer toutes ses facettes. Que cela soit dans la nature ou le milieu urbain, je prends le temps de m’immerger. Ce qui m’importe, c’est de traiter chaque thème avec exigence, de façon créative et adaptée à chaque sujet pour tenter d’en révéler la quintessence. Aujourd’hui, la photographie occupe la majeure partie de mon temps libre.Inscrite dans un club photo depuis 2013, je participe régulièrement aux concours de la Fédération de Photo. Récompensée à plusieurs reprises dans les concours régionaux et Nationaux, j’ai été diplômée de la FIAP (Fédération Internationale de l’Art Photographique) en décembre 2019.

Alexandra Gerber

Ma pratique s’étend aux champs élargis de la conscience (pratique de soins chamaniques) et à la mycologie (en particulier les polypores). La matière première de mes sculptures est issue du vivant (sculpture sur bois de masques et totems, créatures en laine, champignon, assemblage d’os, de plumes, de crânes…) mais je réalise aussi des peintures, dessins, films, romans, poèmes …Tous nés dans un état de transe. J’obéis à la pulsion d’aller vers de nouveaux territoires, puis vient une étape de digestion, croisement, mélange pour en faire des « oeuvres ». Exploratrice, touche à tout, me ramifiant sans cesse en absorbant tout ce qui trouve sur mon passage, j’ai découvert que je fonctionnais comme du mycélium, me ramifiant sans cesse.  On peut appeler ça de l’art mycélien, ou fongique… Chaque projet se nourrit du substrat de l’autre, pour évoluer constamment.