Gilles Orage

Après une formation en art aux Beaux Arts de Metz puis en design textile aux Beaux Arts de Lyon, entre l’envie de prendre la parole au travers de formes sensibles et l’exigence d’un savoir-faire dit simplement décoratif, il me fallait formellement éviter le déchirement dans ma pratique. Je décide alors de traverser ce hiatus par la voie rédemptrice de l’idiotie et d’avoir le droit de m’émouvoir à chaque fois que je parcours mon salon ou pose les yeux sur un bibelot. Ornements et autres légèretés deviendraient donc des idées redoutables et soudainement mon travail s’incarne assez librement, que ce soit par le dessin, la conception d’objets, la performance ou encore, par l’élaboration de « titres parfaits » avant même de savoir ce qu’ils habilleront.
Ma pratique est donc un véritable processus de collecte pour laquelle il faut toujours rester hautement vigilante. Il s’agit ensuite de coller, ou plus précisément, de mettre en scène un quotidien de motifs récurrents devenant suffisamment obsédants pour s’imposer comme des ensembles de formes que je dispose et réarrange sans cesse :

 

« Objets qui brillent, catastrophe domestique, objets qui ne brillent pas, sosies de coupes de cheveux dans la même journée, toutes sortes d’images préfabriquées et autres boîtes de conserve, objets détestables tant par leur forme que pour leur propriétaire, mon chien, phrases entendues, divinations hasardeuses avec un jeu des sept familles, répliques imaginées trop tôt ou trop tard, blagues faites ou à ne pas faire, Divas des années 70, reproches, situations financière, amoureuse, rêvée ou accidentelle, titre de chanson française, bêtise et courage de mon chien, bêtise et courage que je m’attribue … ».

 

De ces séries de citations ou collections inévitables, j’imagine alors des scènes (en dessin, installation ou situation) comme des décors où quelque chose est sur le point de se produire, rejouant ces motifs pour le simple plaisir de la réplique. Dans un jeu de mise en relation perpétuelle des images et afin d’établir un récit esthétique et poétique, mon travail est toujours dans un écart, se situant tout juste entre le plaisir du bel écrin, la vague impression laissée, la simple suggestion ou la situation inextricable.

Philippe Godderidge

2022 03 24  Le travail   Faire une sculpture première Pas primitive mais première. Qui aurait pu se faire avant la symbolisation des signes. Pas d’idée, pas de symbole. Une sculpture abstraite et pourtant ambiguë qui ferait penser à… Une sculpture qui parlerait de la sculpture, des sculptures. Faite comme je fais les dessins. Le simple fait de poser l’encre sur le papier, c’est déjà le dessin. Le simple fait de manipuler la terre, c’est déjà la sculpture. Comme le feraient les enfants et pourtant ailleurs aussi. Ailleurs que dans l’enfance. Dans un monde simplifié au simple fait de faire. Le monde de l’intuition qui me pousse à mettre en forme les images qui surviennent sourdement au moment même où je travaille. Je fais pour penser. Faire pensée. Je m’appuis sur le travail produit ou en train de se faire pour construire mon histoire. Animé par la force des matériaux. Regardant comment ils apparaissent et comment naissent entre eux des relations intimes. Des fusions, des guerres sans merci. Je les rapproche c’est tout. Je les mène en relation avec moi, avec mes mains. Ma peau, ma tête aussi. Un son naît du pot que je construis. Un son comme une échographie au cœur du pot. Issu du pincement régulier, le geste répété. Un son qui perdure dans l’atelier et qui accroche la forme à mes oreilles. Le corps entier est attentif, tendu, concentré sur la fabrication. Je regarde. Comment la terre rencontre mes mains et comment la forme rencontre mes yeux et mes oreilles. La cuisson, c’est autre chose, c’est une affaire de temps : changer le temps de la terre. Ralentir. Changer le temps de mon regard. Rien ne se fait sans ce ralentissement général. Il faut le temps que les choses naissent, qu’elles apparaissent au monde, qu’elles m’apparaissent. Il me faut ce temps de faire pour entrevoir ce que je suis. Et tous les jours refaire. Inlassablement. Sans compter, ni le temps ni l’énergie. Refaire pour voir, enfin. Voir les traits et les espaces du dessin, voir les masses et les couleurs de la sculpture. Voir l’humanité du pot.

Marc Gouvion

Faire et laisser fer.  Mes œuvres sont une ode à la matière.  A partir de composites hétéroclites, métaux neufs ou rongés par la rouille, chutes industrielles et pièces utilitaires, je gère des paradoxes et donne naissance à des œuvres inédites.  C’est dans la plus parfaite abstraction que prennent vie des pièces maîtresses tout à la fois tangibles et évanescentes.  Fer avec du rien, un rien sublimé, un quotidien transfiguré, tel est le message donné ici à l’emporte-pièce.

Marion Galut

Artiste multimédia, je suis l’auteure d’installations technologiques mêlant vidéo, lumière, son, photographie et performance. Mon travail s’enrichit de ma pratique assidue de la méditation et des arts énergétiques internes depuis plus de 30 ans, ainsi que de mes recherches en hypnose et neurosciences.

Art et hypnose sensorielle magnétique
Par exemple, la série « Focus » présente quatre installations lumineuses cinétiques fusionnant vidéo, lumière et design sonore. Inspirées par des éléments naturels, ces œuvres transforment des images organiques en abstractions vibrantes, créant une expérience hypnotique où l’art devient un outil d’exploration de la conscience à travers des phénomènes perceptifs. Deux phases de 10 minutes composent l’expérience artistique :

• Phase vidéo: une œuvre à observer les yeux ouverts, focalisés sur un point central.
• Phase lumière: une œuvre à « voir » les yeux fermés, où la lumière scintille à travers les paupières comme un ciel étoilé, par l’intermédiaire de 23 projecteurs.

Laboratoire artistique, neurosciences, hypnose et méditation
L’installation explore le phénomène d’« entraînement cérébral » pour synchroniser l’activité neuronale avec les rythmes de l’œuvre. En coordonnant lumière, basses fréquences et le son de mon souffle, le dispositif amplifie les perceptions. Chaque œuvre propose un objectif de renforcement intérieur, tel que la joie, la force ou la dynamisation. Inspirée par la « Dreamachine » de Brion Gysin, l’installation synchronise les rythmes cérébraux avec des fréquences induisant un état intermédiaire entre veille et sommeil, propice à l’émergence d’images mentales et de sensations intensifiées. Chaque séquence stimule la plasticité cérébrale, révélant une nouvelle forme d’art sensoriel, à la fois hypnotique et magnétique.

Immersion intérieure
La focalisation sur un point central plonge le spectateur dans un état de concentration intense. Le spectateur devient acteur de son expérience méditative, à la fois conscient et créateur de son vécu sensoriel. Les témoignages révèlent la profondeur des dimensions cachées de la conscience, éclairant son potentiel d’évolution. L’expérience repose sur un protocole simple permettant d’en optimiser les effets.

Performance
Mes performances explorent la relation entre l’artiste et le public, en activant le champ relationnel par la présence, le regard et la gestuelle. En lien avec ma pratique des arts énergétiques internes et de la méditation, j’explore l’impact de l’intention dans l’espace. Je sculpte une œuvre immatérielle au sein de l’empreinte invisible du corps. Par des gestes lents et précis, j’invite à une ouverture du cœur, à une sensation d’harmonie et de joie intérieure. Je façonne un espace vibratoire à travers des mouvements minimalistes, où le regard devient un élément actif du processus, générant un dialogue silencieux, intuitif et presque télépathique.

Guillaume Chauchat

Arrivé aux Ateliers bois de la COOP en octobre 2023,
Guillaume Chauchat s’y attelle à explorer de nouvelles pistes.
Un axe principal : faire dialoguer le dessin et le volume dans l’espace.
Il profite également de la proximité d’artistes et de structures avec lesquels il poursuit ses expérimentations  :
Manuel Zenner, graphiste avec lequel il travaille depuis plusieurs années sur ses livres et avec lequel il partage son nouvel atelier :
Je me suis caché, éd. Albin Michel Jeunesse
Un lisou, éd. Biscoto
La Flaque d’eau Bleue, éd. La Partie…
et d’autres à paraître,
Emmanuelle Giora, céramiste avec laquelle il partage ses préoccupations de dessin et de volume, pour donner naissance tant à des objets utilitaires décorés que des modelages inutilitaires.
Gargarismes, et son éditeur Pierre Faedi, qui continue de bien vouloir donner naissance à des livres étranges.
BOOMSHAKALAKA
Trois petits livres …
et d’autres à paraître,
Les éditions 2024, qui après avoir publié son premier livre il y a onze ans remettent le couvert avec la sortie de Je suis un Américain, en avril 2024
Il se passe des choses T.1, T.2, T.3
Fesse
Vu, lu (collectif)
Le Roi de la lune T.1, T.2, de Donatien Mary et Bérengère Cornut (lettrage)
et d’autres rencontres à paraître…

Salomé Garraud

Ma pratique artistique se concentre autour du dessin et d’une réflexion sur l’archivage de mes propres souvenirs, à la manière d’une poésie sans mots. Je tente de donner à chacune de mes images un aspect mystérieux et peu explicite pour les confronter au regard des autres, recueillir leurs propres pensées et sensations en leur partageant un peu des miennes. Au fur et à mesure, j’affine et réinvente mon langage visuel, composé principalement de couches de crayons de couleurs, au travers desquelles je laisse différentes interprétations ouvertes et la possibilité pour le spectateur de se raconter sa propre histoire. J’aime pour cela jouer avec la subtilité des couleurs et construire des images oniriques et énigmatiques toutes en nuances. À travers mon travail je parle notamment du temps qui passe, de la relation entre le corps et les émotions et d’une nature fantasmée, pleine d’éclats d’étoiles et de brumes délicates.

Joachim Galerne

Joachim Galerne naît en 1991 à l’Haÿ-les-roses. Son père est roboticien, sa mère est institutrice et collectionne les illustrés. Dans l’école nouvelle où il est élève, il voit pour la première fois une presse typographique sur laquelle il imprime son tout premier fanzine, Cauchemars, avec ses camarades.

Plus tard, dans l’atelier d’un sculpteur, il s’initie au gâchage du plâtre avant de se tourner vers l’illustration. Il étudie alors au Lycée Auguste Renoir à Paris, puis à la HEAR Strasbourg dont il sort diplômé en 2019. Cette année là, il co-crée le collectif de micro-édition Discovery Much, et en 2020 il publie le petit livre Chimico, aux éditons Flûtiste.

Son univers graphique et ses productions oscillent entre volume, dessin et image imprimée ou animée. Il vit et travaille à Strasbourg.

Anina Groeger

Dans ses créations Anina Gröger se base sur des phénomènes vus et vécus dans la nature : eau et vapeurs, ombres et lumières, apparitions dans le ciel. Le fugace et l’éphémère nous entraîne dans cet univers éthéré. L’aspect concret du paysage se concentre au travers de la perspective de son langage visuel et fait passer par le filtre du souvenir les impressions qui se mêlent, pendant l’acte de peindre, à l’humeur intérieure et subjective de l’instant. L’artiste concilie dans sa peinture une force expressive presque brutale avec une richesse de nuances infinies, de demi-teintes subtiles passées au crible de sa sensibilité et de sa réflexion.

Romain Goetz

Romain Goetz est un graphiste, développeur web, illustrateur, photographe et peintre Strasbourgeois.   

 

Depuis 2016, il travaille comme graphiste indépendant. Il accompagne des projets au long cours et évolue de la conception à la fabrication, grâce à une vision globale et fédératrice. Il collabore notamment avec le secteur culturel et associatif, avec la restauration, ainsi qu’avec des agences de communication et des entreprises de toutes tailles. Son univers est vibrant, coloré et dynamique. Il emploie les nombreux outils de la création graphique pour construire des identités fortes et cohérentes.   

 

Sa pratique d’illustrateur s’y inscrit en suite. L’artiste y travaille principalement la commande, où il complémente ses univers graphiques par des dessins, des images, des peintures. Elles se déploient sur de nombreux formats et matériaux : la carte d’un restaurant, des étiquettes de vins, l’intérieur d’un rapport d’activités, les interstices de sites internets. Tous deviennent autant d’espaces d’expressions et de transformations. La relation de Romain Goetz avec le public se déroule par le biais d’un objet utile, pourtant, elle apporte un retournement, un carnaval d’idées et de mélanges de genres .Le cartoonesque, la dérision et l’audace se mêlent aux techniques traditionnelles, à un travail minutieux et sensible.   

 

Enfin, comme peintre et dessinateur, Romain Goetz présente un travail plus intime et introverti. Au contact du terrain, à l’arpent du paysage, que l’artiste vit comme une rencontre, il cherche un échange avec le « plus que soi ». Il cherche la survivance du sauvage, une certaine étincelle, les tremblements qui émergent. L’artiste est à la recherche des lumières, des couleurs, des vibrations des moments plutôt qu’à leur représentation. En découle une œuvre disparate, autant toile que carnets, papier trouvés et morceaux d’écorces, dessins d’atelier et croquis de bivouacs.

Vanessa Garner

Née en 1993. L’artiste considère que le métissage est une pleine composante de son identité. Dès l’enfance, la question de l’identité se posait déjà. Jeune femme eurasienne (d’une mère thaïlandaise et d’un père français), elle est aussi petite-fille de nomades qui sillonnaient jadis le Siam et l’Asie du Sud-Est. Bercée par des cultures différentes, l’artiste grandi avec un sentiment de flottement. Son travail artistique permet à l’artiste d’explorer son métissage et sa féminité pour en faire une véritable force, presque spirituelle. Un univers unique découle de ses œuvres, infusé d’une mythologie personnelle influencée par ses origines, l’art brut, ainsi que les arts asiatiques et africains, qui lui permet à la fois d’explorer son rapport au monde, et son identité. Pour l’artiste plasticienne, le questionnement identitaire se définit à travers l’articulation de ses outils plastiques. Variant les techniques et médiums, en passant par la peinture et l’installation.