Après une formation en art aux Beaux Arts de Metz puis en design textile aux Beaux Arts de Lyon, entre l’envie de prendre la parole au travers de formes sensibles et l’exigence d’un savoir-faire dit simplement décoratif, il me fallait formellement éviter le déchirement dans ma pratique. Je décide alors de traverser ce hiatus par la voie rédemptrice de l’idiotie et d’avoir le droit de m’émouvoir à chaque fois que je parcours mon salon ou pose les yeux sur un bibelot. Ornements et autres légèretés deviendraient donc des idées redoutables et soudainement mon travail s’incarne assez librement, que ce soit par le dessin, la conception d’objets, la performance ou encore, par l’élaboration de « titres parfaits » avant même de savoir ce qu’ils habilleront.
Ma pratique est donc un véritable processus de collecte pour laquelle il faut toujours rester hautement vigilante. Il s’agit ensuite de coller, ou plus précisément, de mettre en scène un quotidien de motifs récurrents devenant suffisamment obsédants pour s’imposer comme des ensembles de formes que je dispose et réarrange sans cesse :
« Objets qui brillent, catastrophe domestique, objets qui ne brillent pas, sosies de coupes de cheveux dans la même journée, toutes sortes d’images préfabriquées et autres boîtes de conserve, objets détestables tant par leur forme que pour leur propriétaire, mon chien, phrases entendues, divinations hasardeuses avec un jeu des sept familles, répliques imaginées trop tôt ou trop tard, blagues faites ou à ne pas faire, Divas des années 70, reproches, situations financière, amoureuse, rêvée ou accidentelle, titre de chanson française, bêtise et courage de mon chien, bêtise et courage que je m’attribue … ».
De ces séries de citations ou collections inévitables, j’imagine alors des scènes (en dessin, installation ou situation) comme des décors où quelque chose est sur le point de se produire, rejouant ces motifs pour le simple plaisir de la réplique. Dans un jeu de mise en relation perpétuelle des images et afin d’établir un récit esthétique et poétique, mon travail est toujours dans un écart, se situant tout juste entre le plaisir du bel écrin, la vague impression laissée, la simple suggestion ou la situation inextricable.