Depuis quelques années, je travaille autour des thèmes de la maison, du chez-soi et surtout des abris, ceux qu’on a choisi de se fabriquer après une tempête, un incendie ou un cœur brisé. Ceux dans lesquels on rentre se réfugier parce qu’ils sont doux, familiers et confortables.
J’ai d’abord beaucoup représenté des accidents, des incidents et incendies qui venaient détruire ces foyers, ou simplement les perturber. Après ces destructions, il fallait donc fabriquer des abris, que j’ai représentés d’abord avec des techniques de peinture et de dessin, puis de gravure, pour pouvoir les multiplier presque à l’infini.
À force d’en représenter, ma conception de l’abri a évolué : ils étaient d’abord très fermés, dépourvus de portes ou de fenêtres et même parfois sous cloche pour se protéger de l’extérieur, risquant de devenir des prisons.
Par la suite, ils se sont ouverts et parés d’accessoires pour pouvoir y aller et venir à guise, jusqu’à s’ouvrir complètement sur le monde qui les entoure.
Évidemment, j’ai appris à considérer ces abris comme l’expression de mon « foyer intérieur », de la façon dont je me place dans le monde, comment je matérialise mon intériorité et son rapport avec l’extérieur : le réel, le concret et les autres. J’aime beaucoup la façon dont les femmes-maisons de Louise Bourgeois font du « soi » une construction dans laquelle on peut s’abriter.
Souvent, les abris que je crée sont littéralement des représentations de maisons, de cabanes, etc. ; parfois, c’est un souvenir doux et agréable qui me sert d’abri, alors je me sers de photos pour construire une peinture, un dessin ou une gravure qui représente un lieu ou un moment qui m’a entourée de douceur.
En ce qui concerne les techniques de gravure, j’essaie toujours d’expérimenter pour aller au bout de ce qu’une technique peut apporter à mon travail. J’aime beaucoup jouer avec les différentes textures, les jeux de superpositions de couleurs, les nombreux niveaux de détails que la technique que je choisis peut apporter à mon image.