Pratiques : Technique mixte
Capucine Vandebrouck
En 1967 Robert Morris réalise à la Western Washington University une oeuvre emblématique intitulée Steam Cloud, simple nuage de fumée s’échappant du sol. A l’époque où l’artiste américain conçoit ce travail, il s’agit de penser une oeuvre comme forme aléatoire, changeante et impermanente. Il parlera d’anti-form dans un texte paru en 1968, en rupture avec les canons du minimalisme qui domine alors la scène artistique américaine. De là, on pourrait tirer les nombreux fils d’une généalogie artistique en étoile, où se mêleraient entropie, hasard, ambiguïté fondamentale, immatérialité, disparitions et effets de leurre. C’est dans cette trame que viendrait se loger le travail de Capucine Vandebrouck, quelque part entre les élevages de poussière de Duchamp et les scribbles de Sol le Witt, entre les tenants de l’arte povera et les coulées d’asphalte de Smithson, entre l’élégance âpre d’Eva Hesse et les alchimies visuelles d’Ann Veronica Janssens ou Edith Dekyndt. […] Capucine Vandebrouck travaille avec des matériaux, des techniques, des méthodes dont elle ne maîtrise pas forcément les tenants et les aboutissants, comme s’il s’agissait de révéler les secrets de la matière et l’aura invisible des objets qui nous entourent, de rendre palpable ce qui échappe. La lumière, la chaleur, l’humidité, l’écoulement ou l’évaporation de l’eau sont autant de phénomènes naturels et immatériels dont elle accueille l’évanescence avec une bienveillance poétique. […] Elle tend d’étranges miroirs qui déforment ou perturbent le monde tel que nos sens le perçoivent […] Semblant suspendre le temps et le mouvement, l’artiste donne forme à des phénomènes invisibles ou insaisissables […] Elle ne nous propose pas de croire à ce que nous voyons, mais elle ne souscrit pas non plus à la doxa minimaliste du « what you see is what you see / ce que vous voyez est ce que vous voyez ». L’artiste suggère plutôt que ce qui se voit est aussi important que ce qui ne se voit pas, ce que l’ont sait aussi intense que ce qu’on l’ont tait. Marie Cozette Rome, janvier 2017 Extrait du catalogue Mirari, imprimé grâce au soutien de l’Institut français de Stuttgart.
Cécile Tonizzo
Cécile Tonizzo est artiste plasticienne. Partant de questionnements sur l’intime, elle réalise des jeux d’assemblage où se mélangent le dessin, le textile (broderie, collage) et le montage son (enquête, interview, field recording), avec une attention particulière à l’endroit de la discrétion. Par ce dialogue entre les médiums, elle invite à une lecture polysémique de questions de société (féminisme, camaraderie, savoir-faire ouvrier et artisan). Les objets réalisés sont souvent le résultat d’une collaboration, d’une rencontre ou de la manipulation d’un élément offert. Les recherches et les productions s’inscrivent dans des temps longs, autant pour résister à des modes de production (aliénants) que pour (re-)travailler et (re-)penser plusieurs fois un même sujet.
Francis Ramel
Francis Ramel est spécialisé en création de caractères typographiques. Il rejoint en 2014 l’Atelier National de Recherche Typographique (ANRT) —Nancy où il entame une recherche autour des premiers systèmes de notation de la mélodie en Europe. Dans ce cadre, il dessine Carolinéale, une famille de linéales inspirées du ductus carolingien et intégrant les signes des notations musicales «messines» et «sangaliennes». Ce projet reçoit en 2017 le soutien du Centre national des arts plastiques à travers une aide à la recherche/création artistique. Avec Carolinéale, Francis est admissible en 2018 au concours des pensionnaires de l’Académie de France à Rome — Villa Médicis.
En collectif — au sein du duo ramel · luzoir — il réalise des projets graphiques au service de structures privées, d’associations, de services publics et d’institutions culturelles.
Jean Wollenschneider
Dessins – objets papier De la feuille plane au volume, Jean Wollenschneider dessine, découpe, plie, modèle. Faire du presque rien d’une feuille de papier, des retraites, des vagabondages, des lieux temporaires, des mythologies à ré-imaginer. L’interrogation de notre rapport au vivant, de notre avenir commun parcoure ses propositions créatives, que ce soit par l’illustration naturaliste, ou par des objets en papier : animaux, urnes, cabanes en papier…
Franzele
Franzele, ( de son vrai nom Françoise Rothenburger) promène un regard tantôt amusé tantôt plein de tendresse sur des personnes et objets de la vie courante. En plus de la peinture à l’huile, elle explore également d’autres techniques comme le collage, fusain et ajout de matière. Dans ses tableaux se côtoient avec bonheur Amour, volupté, humour et mélancolie, fils conducteurs de son oeuvre.
Brigitte Bourdon
- Développe un travail personnel autour de la mémoire
utilisant le textile, le papier, le fil, et l’écriture… prenant
plusieurs formes plastiques : gravures, sculptures, et grandes installations…
Le texte, le mot, le signe, son fond et sa forme, la place de la femme dans cette image souvent réductrice du textile et de son identité voilà quelques thèmes récurrents de sa production.
Utilisant le glanage dès ses premières installations : « Hommage à elle ou les vêtement d’une vie » Caen 1979 à la Comédie de Caen.
Adepte de la sérendipité dès que celle-ci alimente et nourrit sa réflexion sur la place de ses matières de prédilection dans la société et leur impact mémoriel.
Géraldine Husson
A travers une approche multiple, je m’interroge sur la porosité, qui existe entre les disciplines. Je passe avec liberté d’un domaine à un autre sans égard de frontière. L’interférence des champs est ma ligne directrice. Mes réalisations questionnent ce croisement par l’instauration de rapports singuliers entre corps, objets et espaces. L’ambivalence de la destination et du statut de l’objet produit m’intéresse. Je me penche à la fois sur l’existence et le dépassement des frontières disciplinaires, spatiales, imaginaire. Le franchissement entre les territoires, en empruntant certains chemins, me permet par association ou hybridation de prendre plusieurs issues, tournures. La circulation parallèlement à la tension qui peut exister entre les disciplines, cohabitent. Les productions s’inscrivent dans cet endroit informel où différents secteurs s’entrecoupent. La limite est envisagée comme une membrane perméable. Je parcours son paradoxe de commencement-fin. Le mystère de l’origine de la vie, de ses cycles et de l’univers m’a toujours intrigué. L’origine n’a ni commencement ni fin. Elle est infinie en tout point de l’espace et du temps. Un concept originel, qui a germé en moi pour devenir une source d’inspiration illimitée. La cellule là où la vie, la matière, la forme prend corps. La fragilité inhérente à la force qui en émane. L’aspect cellulaire est un thème récurrent dans plusieurs de mes pièces. La dualité et la complémentarité sont souvent présentes au moment de la conception des pièces. En combinant les pratiques, les techniques et les matériaux, j’explore, trace, transforme, façonne. L’allure polymorphe, des propositions hétéroclites. Objets / sculptures / peintures / installations invitent à vivre une expérience. Les sculptures enfilées, les objets épinglés, les peintures deviennent espaces. L’apparence minérale et la douceur des lignes épurées s’accordent, s’opposent, se complètent. Droites et courbes coexistent. Tracé fluide ou en pointillé, je dessine les contours puis j’entre au cœur. La couleur est utilisée avec tempérance. Du noir au blanc, je sillonne les nuances de gris. Tonalités naturelles. Poudre de cuivre. Anthracite. Transparence, reflet, profondeur. La matière sensorielle, un soin particulier dans son choix est apporté. J’accorde une place importante au rapport sensitif que peut procurer une pièce. Une forte propension à la sensualité est engendrée. Le processus de création m’importe autant que l’objet produit. Lorsque je travaille sur un projet, je ressens rapidement l’urgence de matérialiser la pièce imaginée. La création peut orchestrer des gestes expansifs ou restreints toujours en constante concentration. La sensation de plaisir est intensément présente. Le lieu intime ou de partage, les objets-espaces, les peintures-assemblages peuvent être des endroits où des choses se produisent. Le temps d’une rencontre, l’espace d’un moment. Les installations peuvent être appréhendées en solitaire ou à plusieurs. Elles existent seules ou ensemble. La quiétude semble se dégager des pièces. J’aime créer des pièces qui invitent à la contemplation comme à la réflexion, tout en y glissant un peu de poésie. La recherche autant que le regard esthétique sont subjectifs. La beauté du geste, d’un silence à sa place. Libre à chacun de se faire sa propre interprétation. L’acte créateur autant que la perception expriment toujours quelque chose de soi. Mon engagement est celui de passer à l’action : Créer. La concrétisation fait acte.
Magalie Ors
Après une formation universitaire de trois ans, Je me consacrais à mes propres expérimentations. Pour moi la matière picturale n’est pas prédéfinie, mais présente dans tout. Ma sensibilité me poussant vers des techniques éthérées, non immédiates et en perpétuelle évolution, je me suis tournée vers une technique mixte à l’encre, à l’acrylique parfois, et au papier collé, arraché, gratté, déchiré, superposé. La vision du paysage s’impose d’emblée comme un référent, un champ d’expérimentation et d’expression. Bien qu’omniprésent et commun à tous, le paysage côtoie l’intime, le particulier, le souvenir, l’émotion. Je travaille souvent d’après une photo. L’image se retrouve alors nue et brute. Un souvenir se superpose à un moment ou à un autre et imprime une émotion, et l’image retrouve avec la peinture, substance et présence physique. Ce mécanisme d’éloignement et de rapprochement successif apporte la distance nécessaire pour revenir à l’essentiel, à l’essence du paysage.
Isabelle Deloron
Yza, véritable touche à tout, est autodidacte. Elle s’essaye à l’acrylique, à l’huile, à l’aquarelle, pour enfin trouver son univers de prédilection dans les variations proposées par l’encre de chine. Ce noir puissant décliné en abstraction suggestive toute en mouvement, au pinceau jouant avec l’eau ou au point précis en figuration la passionne. Le support est important. Papier japonais washi ou papier Lana texturé … chacun apporte par sa structure une dynamique à l’univers du dessin. Les thèmes suggérés ou figuratifs représentent des ambiances de paysages ou animales influencé par la découverte de la calligraphie contemporaine asiatique et les voyages. La découverte de la céramique lui ouvre de nouvelles perspectives : transformer son univers graphique en 3D. Mais cela demande du temps d’essayer de dompter la terre. Son univers pictural influence largement des décors des pièces réalisée au tour en grés blanc, grés noir et récemment porcelaine.
