Régine Falbriard

J aime les pierres. Les cailloux au lit de la rivière, les conglomérats du désert…La puissance du rocher, ancré solide dans le temps qui passe. Je suis traversée par une danse changeante, et renouvelée sans cesse. Le plaisir de répéter les gestes, la sensation s’affine, l’énergie vient et s’échappe, alors je sais que je vais commencer. Je touche l’écorce, je caresse la peau, je choisis la couleur, je réinvente l’émotion, j’y crois. Le béton a cette troublante qualité de se muer du liquide en solide. La fragilité devient la force…………….. Je commence et ne sait jamais ce qu’il va advenir. Pourtant, j’ai besoin de la source, c’est la naissance. L’amour me guide et prend corps. Ensuite vient ce qui nait de ce qui s’impose.

Hans Jellam

Bronze et papier, contraste des matériaux. La forme imposée au bronze, travaillée directement dans le sable, est transférée sur le papier. Il faut regarder, toucher pour qu’un subtil accord apparaisse et qu’éclatent la rigueur, l’exigence et la cohérence de ce travail.

Sébastien Fernex

Je me laisse toujours guider par le bloc brut de pierre ou de bois, je ne conçois jamais d’idées à l’avance.Je me mets à l’œuvre seulement après avoir passé du temps dans la nature pour avoir la tête dans les étoiles et les pieds sur terre. Je me mets à l’écoute de la matière en devenir, et c’est là, les paumes sur le bloc indéfini, fragment d’une roche mère ou d’un arbre majestueux, que me parviennent les fulgurances d’une forme, d’une dynamique à exprimer. Les lignes qui se dessinent alors sont souvent organiques, voire végétales, et possèdent toujours ce mouvement ascendant, vertical, comme si la matière se voulait être un lien entre ciel et terre. Comme si les œuvres se voulaient les interprètes d’une cohérence intemporelle qui sous-tend la Vie de la nature en dépit des folies des hommes qui se croient en dehors d’Elle.Souvent une forme appelle un cristal ou autre pierre semi-précieuse pour se mettre en valeur, pour préciser son émanation.Je suis au service d’une matière en développement bien plus que la matière n’est à mon service, c’est ma façon de redonner la juste place à la nature dans ma vie.

Martin Schultz

Né en 1995, J’intègre la Haute école d’art du Rhin en 2014.
Diplômé d’un DNSEP depuis juin 2021 avec les félicitations du jury et du prix jeune talent de l’Académie d’Alsace, j’ai passé mes années d’étudiant à l’atelier Verre de l’option Art Objet.
C’est l’intérêt pour la matière qui m’a poussé vers la sculpture. Entre objets du quotidien et travail de la matière brute, je questionne aujourd’hui les rapports entre structure, support et formes dans les volumes que j’imagine et crée.
Mon travail de sculpture découle de mon quotidien, de la rencontre avec des matériaux et des objets qui m’interpelle et me renvoie à des souvenirs ou événements de ma vie.
Je cherche donc des combinaisons juste entre ces matières et objets, créant des équilibres et tensions tout en aillant un décalage léger presque naïf dans les différentes lectures que je propose.
J’aime que ces assemblages, qui s’opèrent de façon assez intuitive, restent simples et dans un processus « du faire à main levé »

Nahrae Lee

Diplômé d’un DNSEP Art à la HEAR de Strasbourg, Nahrae Lee née en Corée du sud, ayant grandieen Chine et aujourd’hui vivant et travaillant en France, explore les différences et les points communsqui, aujourd’hui, lient et définissent les êtres humains. En associant plastiquement et conceptuellement des éléments autobiographiques à d’autres plusuniversels, elle interroge la notion de norme et en propose une nouvelle définition à travers un monde qu’elle s’est créé au fil de sa vie et de ses expériences familiales, professionnelles et introspectives. Sa pratique s’étend de la vidéo à l’installation en passant par la gravure monotype

Valentine Cotte

« La pratique artistique de Valentine Cotte se compose de dessins et de sculptures mais aussi de performances et de vidéos. Par ses œuvres, elle explore différents dialogues et dualités à travers des zones interstitielles comme celle où opère le geste par lequel la main rencontre la matière.

Chercheuse de présences-limites, elle s’intéresse ainsi aux surfaces, aux « peaux ». Gravitant autour du thème du corps, de la blessure et de ses soins, l’artiste nous parle de fragilité dans une forme d’ambiguïté permanente entre corps, images, objets et actions.

A travers un répertoire de « matériaux vulnérables », de formes spécifiques et de gestes empruntés au milieu médical, l’artiste interroge la notion du « care », prendre soin, et développe une réflexion sur la fragilité et la résilience au regard des violences, des blessures et des injustices commises sur les femmes et personnes sexisé.es. »

Texte de Sandrine Wymann et Juliette Steiner pour l’exposition «Julia Armutt» à la Kunsthalle de Mulhouse.

Yoshikazu Goulven Le Maître

Yoshikazu Goulven Le Maître développe un travail autour de la récupération et de la réutilisation de matériaux usagés, qu’il sculpte pour donner naissance à un bestiaire aussi étrange que poétique. Par un geste instinctif entre tension et pulsion, il superpose les matières et les textures.

Dans sa quête de réalisme, il cherche l’illusion de vie dans les objets du quotidien, afin de saisir leur altérité. Avec les matériaux en marge de nos circuits de consommation, il interroge le fonctionnement de nos sociétés. Son inventaire plastique dépeint ainsi un écosystème contemporain façonné d’artefacts, sous la forme de représentation du vivant, mais aussi de nature morte.

Zoé Joliclercq

Artiste Strasbourgeoise originaire du Var, je manipule divers médiums dont la céramique, le verre et le textile. Engagées dans une démarche écoféministe, mes créations naissent de l’apprentissage de techniques artisanales, traditionnelles et archéologiques, d’échanges de savoirs, et sont réalisées à partir de matériaux recyclés ou collectés dans mes milieux de vie.

Au travers d’expériences humaines comme le deuil, la réappropriation de mon corps, la recherche de lâcher-priseje tisse du lien entre les mondes et les milieux, dans l’intime comme au dehors. J’initie ainsi des protocoles de résilience qui libèrent les mémoires, et qui me permettent de vivre ces liens symboliquement en jouant avec la matière. Transformation de verreries brisées, incinération de terre médicinale ou de souvenirs d’enfance, altération de draps enterrés ou tissage de cheveux blancs… Les œuvres témoignent et ouvrent un passage vers une voie onirique, introspective et sensible.

Je laisse le temps, le feu, la terre ou la pluie être co-créateurs : ils influencent la forme finale des sculptures. Je joue avec mon environnement physique et immatériel pour découvrir le monde et ses mécanismes. Il est question de trouver une place au sein de cet environnement, en tant qu’être humain.e dans un monde en proie à l’autodestruction. De questionner notre manière sociétale de faire mémoire, de faire famille, de traiter de la mort. D’inventer de nouvelles manières de détruire, de (se) reconstruire, de protéger, de réparer, de se relier au sensible et aux éléments de la Terre

Zuzana Jaczova

Zuzana Jaczova est une artiste plasticienne, née le 9 août 1953 à Bratislava et qui a vécu à Strasbourg depuis 1975.Elle est décédée le 6 septembre 2020.Zuzana Jaczova a été formée à l’Académie de design de Eindhoven aux Pays-Bas et à l’École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg.Son œuvre comporte sculptures, céramiques, textes, dessins et peintures dont plusieurs figurent dans les collections du FRAC Alsace et de l’Artothèque de Strasbourg. Le prix CEEAC Région Alsace lui a été décerné en 1993.Depuis 1981 et sa participation au Salon de la Jeune Sculpture à Paris, Zuzana Jaczova a exposé dans de nombreux lieux en Europe et au Canada, dont plusieurs fois au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, au Centre culturel français de Berlin, à la Passerelle à Brest et dans diverses galeries. Parmi ses nombreuses interventions dans l’espace public, on notera des sculptures pérennes en Alsace et en Allemagne. Zuzana Jaczova a été également enseignante en sculpture à l’ENSAS à partir de 2016.Marquée par un exil non choisi qui l’a conduite, à l’âge de 17 ans, de Bratislava à Eindhoven, Zuzana Jaczova n’a cessé d’interroger la notion de frontières qu’elle visait à franchir, à la recherche d’un équilibre « juste » : frontière entre la peinture et la sculpture, entre l’abstrait et le figuratif, entre le mat et le brillant (mise au point d’un enduit à la caséine utilisé dans toute son œuvre picturale), entre légèreté et volume, fragilité et solidité…Ses dernières réalisations pour la Fête de l’Eau en Alsace (sculpture in situ et exposition de peintures) illustrent explicitement son ressenti d’artiste « Peinture ou sculpture : je ne perçois aucune différence ».Les Ateliers ouverts sont l’occasion de rendre hommage à une artiste reconnue et une belle âme. Ses œuvres seront présentées.

Giom Von Birgitta

En 2017, les envies de création qui sommeillaient en Giom Von Birgitta depuis plus de 10 ans commencent à poindre. Ou alors elles demeurent simplement aussi vivantes qu’avant, mais deviennent visibles par l’œil et l’esprit jusqu’alors concentrés sur d’autres priorités. C’est alors qu’il a rencontré la terre et qu’ils ont échangé. Des mots. Des silences. Des promesses. Des envies. Des peurs. Des doutes. Des convictions et bien d’autres choses encore…

C’est une rencontre : celle d’un parcours, d’un artiste et de la matière, de toutes ses forces. C’est une histoire : de liberté, d’humilité, de patience et de partage. C’est un lieu : signe d’une époque éteinte, mais qui sait se réinventer, bouillonnant de ses nouveaux espoirs. Les créations de Giom Von Birgitta sont tout cela, même si elles renferment une part d’indescriptible magie – celle qui nous échappe toujours – comme forgées par la somme de nos émotions les plus essentielles, à la croisée entre la puissance originelle des éléments et un territoire tout à la fois brut et sensible.