PATRICK MEYER

Après avoir travaillé comme plasticien, en pratiquant dessin, gravure, et écriture, Patrick Meyer et son hétéronyme Dimossios Ergasia ont exploré à travers la photographie, en intimité avec la littérature et par le biais de lectures performances, le domaine des expressions, “voir de ses propres yeux”, “faire le premier pas”, “tuer le temps”, “gagner son pain”. Il présentera ici à la fois des sculptures et des images ainsi qu’une lecture performance autour de l’expression “se mettre dans la peau de quelqu’un”.

Benoît de Carpentier

En 1994, vivant en milieu rural, ma pratique photographique s’est orientée vers l’espace du paysage naturel. Je cherchais une concordance topographique entre l’intériorité et le monde visible extérieur. J’étais à l’affût d’éléments architecturaux naturels pouvant susciter une idée de passage entre les deux. Puis j’ai déménagé en milieu urbain. En l’absence de l’espace naturel, je me suis interrogé sur le paysage dans ce nouveau contexte. J’ai alors ouvert mes livres de peintures sur la table de mon petit déjeuner et j’ai observé comment l’espace pictural d’un peintre côtoyait l’espace contemporain de mon quotidien. Une œuvre picturale pouvait faire office de fenêtre et de passage vers l’imaginaire à partir de mon espace bien tangible et ordinaire. J’ai alors photographié l’espace de la peinture juxtaposé à mon espace immédiat (« Scène primitives» 2005-2008). Depuis, je reste attiré par cette confrontation de l’espace de l’image à celui de notre quotidien, notre espace tridimensionnel, et à différentes matières ou ambiances. Mon intention est de m’approprier la production d’un peintre en créant par le biais de la mise en scène, une image revisitée. Les peintures revisitées, par la mise en scène et l’acte photographique, sont puisées dans le patrimoine mondial de la Peinture. L’usage de l’objet et de matières statiques ou en mouvement, aux côtés de l’image picturale, crée un espace hybride, moins défini, plus flou, qui ouvre le champ sensoriel et signifiant. Cette composition permet au spectateur d’éprouver et de s’immiscer dans l’image, de créer un nouveau point de vue, imaginaire. Dans la série Rêves de printemps (2014), puis « Ladies and Gentleman » (2016), j’ai aimé confronter d’une manière directe, et sans manipulation numérique, l’espace pictural à notre espace contemporain et ses objets. Je cherche à créer un troisième espace où peinture et photographie associées déclenchent un événement poétique et une nouvelle perception de l’œuvre citée.

Eric Junod

Le travail de création d’Eric JUNOD se base sur le recyclage vers le haut, de ré-enchanter les boisdélaissés des menuiseries et des forêts voisines. Son approche de la sculpture se veut brute et originelle à ses émotions, son cursus est l’expérience de la vie.Il se laisse inspirer par la rencontre des troncs d’arbre tombés à terre avant de les ramener à son atelier pour faire émerger des personnages de la matière par la sculpture à la tronçonneuse. Des disques abdominaux sont taillés avant brulage et mise en couleur.L’emblème de sa tribu est symbolisé par une série de totem.Elégance et gaîté́ sont au rendez-vous.

Claire Tahhane

Artiste plasticienne, j’explore différentes pistes artistiques qui ont pour point commun la couleur, la liberté expressive du corps, la visée spirituelle et thérapeutique de l’art.

En effet, je m’intéresse au rapport du corps à la toile à travers l’usage des cinq sens. L’idée est de tester à travers différents matériaux l’impact du corps sur différents supports, d’utiliser des matériaux odorants ainsi que des matériaux comestibles. Ces expérimentations s’imprègnent notamment de l’artiste américaine Heather Hansen, qui utilise en effet les mouvements de son corps pour créer un tableau en ayant des crayons aux bouts de ses doigts. L’idée est de pousser l’implication du corps encore un peu plus loin, puisque ce n’est pas seulement la main mais le corps tout entier qui devient le pinceau. Dans cette optique, les empreintes de Klein sont aussi une source d’inspiration pour mes créations. Cette idée du corps en mouvement je l’ai testé pour la première fois avec Art’corps, une performance où au son de la musique je créais un tableau avec mon corps tout entier. J’aspire à continuer dans cette direction pour finalement aller au-delà des limites du corps, aller explorer ma spiritualité.

Justement Un autre sujet d’exploration est celui du Mandala (en sanskrit =cercle) et sous sa forme plus ancienne de Yantra. Le terme de Mandala est emprunté au bouddhisme alors que celui de Yantra est plus reliée à la tradition hindouiste et sa signification est plus large puisqu’il ne s’agit pas systématiquement de supports visuels. Disons que ma recherche se situe parfois du côté du Mandala, parfois de celui du Yantra. Ce qui les réunit c’est l’idée d’une géométrie, d’un agencement des formes et des couleurs provoquant le centrage, un alignement avec la terre et l’univers. Ils constituent une porte vers la spiritualité et vers l’abstraction où l’harmonie des formes et des couleurs en sont l’expression.

Mes études d’histoire de l’art, m’ont d’ailleurs poussées à étudier différentes théories de la couleur et à penser la couleur dans toute sa force expressive et même thérapeutique. S’exprimer c’est aussi lâcher-prise, laisser libre cours.

Sandrine LABAY

Au fur et à mesure de mes ballades dans les puces, je me suis prise de passion pour les objets anciens, ceux qui ont une histoire, un vécu et que j’ai très vite eu envie de remettre sur le devant de la scène afin qu’ils ne soient pas oubliés.
Ces derniers sont retravaillés et assemblés de différentes manières, peuvent être sujets de compositions selon mes trouvailles et mon inspiration du moment. L’esprit final sera le résultat de la jonction entre le côté brut de l’objet et un apport artistique plus poétique.

Catherine Gangloff

Mon travail artistique se développe autour du principe du collage, de l’assemblage, à travers les rencontres de morceaux, de bribes, de fragments peints sur papier, tissu, bois ou métal.
Les mises en scène de ces peintures/sculptures sont souvent appuyées par des jeux d’ombres qui participent au dialogue avec l’espace.

Fanny Alamer

Elle danse, elle boxe, elle escalade, elle chante, elle dessine. Fanny Guérineau a besoin « de toutes ces expériences du corps en action, de tous ces rythmes différents, pour trouver dit-elle sa place dans cet ensemble ». « L’ensemble », c’est le quotidien, la rue, un jardin, un bar, un restaurant, une file d’attente à Pôle Emploi, un tramway, et tous ceux qui s’y croisent. Son projet : rompre les convenances même imperceptiblement, susciter un trouble, créer l’inattendu et s’ouvrir à l’imprévu. « Mon médium c’est mon corps. » Un corps présent tantôt dans une grande simplicité, tantôt paré, et toujours mû par le désir d’expérimenter la ville comme espace scénique pour y créer dans un geste, par surprise, des rencontres intimes. Actuellement accueillie dans les ateliers d’artistes de la Ville de Poitiers, Fanny Guérineau s’attache parfois un regard ami pour fixer ces actions fugitives et éphémères vécues ici ou ailleurs.

Aurélia Firoben

Le P’tit Baz’Art de l’association de réinsertion Espoir donne une seconde vie à des objets ou mobiliers désuets, abîmés au travers de la création. Le P’tit Baz’Art porte un regard bienveillant sur l’objet comme le fait l’association sur l’humain. Il décèle dans l’extraordinaire banalité des choses leur puissance singulière. Métaphore qui met en lumière la capacité à faire resurgir le beau en toute chose, en tout être. En puisant dans l’immense gisement des objets en transit dans les différents ateliers et la salle de vente d’Espoir, l’équipe du P’tit Baz’Art crée ses objets « décosolidaires » en exploitant ce matériel de récupération. Mobilier retravaillé, nombreux luminaires, sculptures en fil de fer, petits articles de déco qui subliment des ressorts, des couverts, des ampoules, des livres. Ou l’art de sublimer des objets délaissés pour leur offrir une nouvelle destinée qui viendra nourrir de poésie les intérieurs des clients de la boutique.