Annie Tremsal

A la croisée de plusieurs registres, Celui de la photo, prise lors de mes ballades solitaires où marcher n’est qu’un « intensificateur de présence », retravaillées et ciselée comme pour prendre part à l’évolution lente et silencieuse de la nature…Celui de l’espace, le Bi, emprunté à la tradition taoïste de la Chine que je fréquente depuis presque 22 ans, Celui aussi de notre monde industriel où l’acier brut, laminé à chaud, appelle la forme et l’image Celui encore de la couleur par des glacis superposés et délicats, timides aussi… Afin que rien ne s’impose pour qu’apparaissent les choses d’une nature vibrante et apaisée qui m’environne. Faire du dehors un dedans, intime à moi-même et sensible, graphique et vivant. Faire surgir « l’apparaître » afin que s’offre à nous un surgissement qui nous arrache de l’oubli. Et comme le dit Paul Klee, « l’art ne peint pas le visible, il rend visible ».

Alban Turquois

La rencontre avec le travail d’Alban Turquois apparaît à la fois comme une étonnante découverte et d’émouvantes retrouvailles. Face à ses oeuvres-objets on est tout autant frappé par leur caractère familier que par leur extrême atypie. De l’apparente sobriété, voire de la précarité des tables, des chaises, des divers contenants façonnés par l’artiste, émane une force intime, sourde, géologique, le sentiment d’arriver au milieu d’une histoire à la temporalité incertaine mais d’une humanité profonde.Ces histoires sont souvent celles de rencontres, avec des gens, avec des matériaux, avec lesquels l’artiste tisse un lien fort, soutenu, entretenu, qui transparait dans chaque objet. Les moyens et le temps passé pour aller à leur rencontre — cueillettes, glanages, collectes, échanges — sont les points de départ pour inventer et compléter de nouveaux récits. (extrait d’un
texte de Lucas Belloc)

Eléonora Terzis

Qu’il s’agisse de peinture ou d’écriture, les questions de l’intime et de la mémoire, des identités plurielles, des lieux, de la famille, des liens et des corps, tiennent une place essentielle dans mon travail.

Les peintures, de la gouache sur cartons grand format, dressent des auto-portraits ou des portraits qui saisissent des scènes de vie intime ou familiale en plan rapproché. L’échelle agrandie, souvent du 1 et 1/2 ainsi que le cadrage serré, donnent à voir, à regarder, l’instant ou la personne saisi.

Par ailleurs, une série de portraits représentant des personnes, encadrant.e.s du périscolaire, donne à voir ceux avec qui nous sommes étroitement (parentalement) lié.e.s et dont nous ne savons, ne voyons pas grand-chose.

L’écriture, dans mon travail, prend la forme de prose, de prose poétique ou encore d’un livre-journal. Le travail des mots, par des titres et des dates, des lieux, vient aussi renforcer ou faire dissoner les peintures, et leurs donner une signification nouvelle, plurielle ou poétique.

Keam Tallaa

Keam TALLAA est artiste plasticienne. Elle est née en 1987 à Damas, en Syrie. Elle vit et travaille à Strasbourg, en France, depuis 2017. Elle obtient son Diplôme National Supérieur d’Expression Plastiques en 2020, à la Haute École des Arts du Rhin de Strasbourg, suivant l’enseignement d’Anne Bertrand, Mathieu Boisadan et Emmanuelle Castellan, de l’Atelier Peinture(s), en option Art. Keam a également obtenu, en 2009, son Diplôme National Supérieur d’Art, spécialité Gravure, de l’École des Beaux-Arts de Damas. Elle a ensuite été enseignante de Gravure et d’Impression, de 2010 à 2013, au sein de la même école.Explication de mon dernier groupe des peintures ( la série de l’abattoir) et mon projet (Un itinéraire) :Mon projet a débuté à mon arrivée en France, et mes recherches plastiques et théoriques en lien avec l’art contemporain se sont développées à la Haute école des arts du Rhin à Strasbourg, de 2017 à 2020.« Un itinéraire » s’appuie sur mon parcours artistique, depuis la Syrie et ce que j’y ai vécu durant la guerre : la violence, la perte et l’exil, d’abord en Égypte, puis en Italie, et jusqu’en France.Je pense sans cesse aux animaux comme des figures pouvant exprimer le vécu des hommes et des femmes du monde arabe. Je le montre de façon indirecte. La série L’Abattoir regroupe un ensemble de peintures, comme La Cage (2019) et Sacrifice (2020), inspirées de l’élevage intensif. Elle cherche à traduire les problèmes sociaux et politiques actuellement en jeu dans cette région du monde.Mon travail s’est transformé radicalement lorsque j’ai commencé à sortir de la figuration pure, en me focalisant sur une gamme colorée plus précise. Comme si je revenais au travail de gravure, qui avait été mon premier médium, dans mon pays natal. J’ai laissé les couleurs s’exprimer à travers les différentes traces laissées par les pinceaux et autres outils que j’emploie. Je me concentre sur la technique. Par moments je m’éloigne des détails, et je travaille la forme, comme dans Corps gonflé (2020) ou dans la nouvelle série des Poches (2022). Je veux faire percevoir la sensation du tissu, je mets l’accent sur le poids qui fait naître ses plis, la lourdeur de ce qui est à l’intérieur. Je pose ici la question de ce que le corps doit porter, tant physiquement que symboliquement.Je parle des libertés qui sont bafouées tous les jours, de la répression, la corruption, mais aussi de l’effervescence, de l’envie de fuir vers un ailleurs meilleur.

Le Térébenthine

Située au cœur du village de Muttersholtz dans un ancien atelier de tissage au 3 rue Engel, ce collectif fort d’une dizaine de membres présentera des artistes plasticien·ne·s dans un lieu alternatif d’exposition où chacun·e·s pourra découvrir l’art sous une forme libre et moins institutionnalisé.Une programmation variée sera proposée allant de la peinture contemporaine à l’estampe enpassant par l’illustration, la photo, les collages à travers des œuvres aussi bien conceptuelles que figuratives ou narratives.

Jeanne Tocqueville

Si le paysage est le principal sujet de mes dessins, il est un prétexte pour y intégrer une subjectivité, une émotion, une expérience pour prendre à parti celui ou celle qui l’observe.
Il est question de s’interroger sur la subjectivité et les ressentis de chacun.e face à des ambiances sensorielles plus qu’à des représentations précises. Quand commence le processus de narration, pourquoi se raconte-t-on des histoires ? Quels souvenirs, expériences, émotions une image fait-elle naître chez chacun.e de nous, comment s’en empare-t-on sous le prisme de notre vécu personnel ? Qu’est-ce qui ressort de la mise en regard de ces différentes lectures d’une image? Quel est notre rapport aux espaces dans lesquels nous évoluons ? Quels sont leurs impacts sur nous, et à l’inverse, quel impact avons-nous sur les espaces que nous traversons ?

Jacques Thomann

Après de longs mois  d ’ absence, je  retrouvai   l ’ atelier.  Je me laissai aller à l’éblouissement de la  couleur pure, de celle qui donne corps à la forme, à la ligne, à l’espace.  Ce chant nouveau n’ est pas sans vertige ni questionnement. 

            J‘avançai dans le brouillard, émerveillé, sublimant seule la matière composée. Fallait-il ces longs chemins  de traverses pour toucher du doigt la simplicité  du langage poétique,  sa  musicalité ?  

               « Le choc de l’émotion cause l’expression »  Etel Adnan

François Tresvaux

La cause de la lumière
(extrait)
On voit dans ces photographies des masses de noir ou de gris qui rappellent les corps stellaires, parsemées de trouées ou de taches qui sont comme des corps de métal joyeusement soumis à l’attraction d’un puissant aimant. Leurs directions sont indécises, ils vont et viennent, cherchant l’assentiment d’un autre corps, ou le hasard d’une rencontre, pour proliférer dans d’autres formes.
Ce faisant, ils manifestent que leur état est de passer, c’est-à-dire de durer, et donc de se modifier.
Il s’agit de photographies abstraites : ce que l’on voit est comme le récit porté au jour, sa transcription, du lent travail d’érosion, de creusement et de morsure que la chimie impose au papier. Comme dans la gravure, ce qui est destiné à apparaître doit d’abord profondément s’enfoncer dans l’obscurité de la matière. Ainsi s’illustre ce que la photographie partage avec la peinture, son secret originaire, et sa distinction par excellence : comme les racines de l’arbre qui
se développent symétriquement par rapport à ses branches et dans la même durée, peinture et photographie développent dans leur fond quelque chose comme une réserve, ou une mémoire, disponible à l’avenir de ce qui se déploie sous nos yeux, que cet avenir soit celui de l’œuvre ou ce qu’en fait le spectateur. Le lien qui unit la face cachée à celle apparente s’appelle la technique, mais une technique prise dans le mouvement de l’aller-retour, de l’une à l’autre, comme la sève qui monte ou descend selon la saison. C’est pourquoi la technique doit être pensée à la fois comme mode d’inscription et mode de révélation. Elle est l’outil nécessaire pour qu’une forme soit et s’accomplisse, une « servante au grand cœur » ; mais ne s’abolissant pas tout entière dans le service de la forme, une part d’elle subsiste qui reprend son indépendance et retourne à sa tâche
propre, celle de la maturation du matériel déposé dans le fond et qui s’accroît ainsi de ce que la forme n’a pu retenir. Tel est son mode particulier de désœuvrement (à la différence de la déconstruction) dont l’action des fluides chimiques est l’allégorie.
Il s’agit aussi de photographies figuratives : un arbre, justement, sert de point de départ, puis creusé, érodé par l’action de la lumière que redouble celle des acides, il mute soudain dans une autre espèce et donc un autre dessin : cela peut être le fourmillement des bacilles dans un bouillon ou les galeries hasardeuses des vers dans la terre.
Il suffit de lire la description des techniques et produits employés par François Tresvaux pour que viennent immédiatement en mémoire les anciens traités de peinture, du moine Théophile ou de Cennino Cennini. On y parle de gélatine, de bromure, de sel d’argent.
François Tresvaux dit de ses photos : « rien d’autre que quelques grains d’argent emprisonnés dans une gélatine de peau de porc. »
Nous n’en avons pas encore fini avec le corps.
Christian Bonnefoi

Anne Teuf

 

Née en 1964, je suis illustratrice et autrice de bande dessinée.
Mon atelier se trouve dans le collectif d’artistes « MOTOCO »,
13 rue de Pfastatt à Mulhouse.

J’ai illustré beaucoup de livrets scolaires, ainsi que
des livres documentaires ou historiques pour enfants.
( Editions Hatier, Milan, et Bayard ).

En bande dessinée, j’ai publié de 1999 à 2014 dans
la presse jeunesse la série bd « Fil et Flo » sur des scénarios
d’Anouk Bloch-Henry pour le magazine « Les petites Sorcières »
chez Fleurus-Presse.

Mon blog bd « Finnele » débuté en 2010 me fait remarquer
et les pages sortent en format papier.
La série «  Finnele » devient une trilogie aux Editions Delcourt.
Les albums paraissent de 2014 à 2021.

Grâce à ce travail je participe à une animation d’exposition
aux archives départementales de Strasbourg en 2018:
« Strasbourg 1918-1924, le retour à la France ».

En ce moment je dessine une saga historique en bande dessinée
sur un scénario de Chantal van den Heuvel
et colorisée par Simon Canthelou.