Nathacha Art

Il consiste à récupérer un maximum de choses. J’ai été élevé par une famille cosmopolite, parents divorcée donc on récupère un maximum car ma mère ne roulait pas sur l’or, et si je voulais peindre il fallait que je me débrouille pour trouver mon matériel, et pas de gaspillage.
J’aime les marché aux puces, ou je récupère de tout, et donc je fais, je peins, je forme, sur ce que je trouve, les gens ou je vis le savent et me donnent souvent du tissus ou autre pour mon art.
Je travaille pour mettre un maximum de sens en émoi la vue puis le toucher et sur certain travaux l’odorat, car je fabrique moi-même en général mes toiles que je met sur chassis, et j’aime que mes toiles sentent mais peu de personnes le remarque, mes sculptures sont fabriquer de la même manière.

Delphine Gatinois

Lors d »une résidence dans la région du Veracruz au Mexique, j’ai renoué avec de précédentes investigations autour du monde agricole.
Je me suis penchée sur un costume social en particulier, un uniforme involontaire, celui des coupeurs de bananes. Je me suis aussi intéressée à des formes et des présences végétales ambivalentes pour ensuite les re contextualiser différemment. J’ai aussi reconstitué un nouveau fil historique de l’évolution agricole de cette région à travers une confrontation d’images et de boites noires évoquant le pourrissement et la collection. L’ensemble de ces recherches a pris la forme finale d’un musée à ciel ouvert sur les murs d’une ancienne coopérative de mais.

Il y a trois ans, Delphine Gatinois découvre la vallée du Thann et est saisie par des formes à l’arrêt : c’est l’hiver et les hautes structures en bois des bûchers sont alors plongées sous la neige. Pour la première fois de l’histoire de la tradition dans la région, ils n’avaient pas pu être mis à feu lors de l’été précédent. Mais cela leur aura permis de tenir une place dans le paysage qui donna à l’artiste la possibilité d’en faire la rencontre. Rencontre qu’elle décrit en ces termes : cet isolement leur donnait le caractère d’une ossature, des formes sculpturales qui se détachent et s’imposent dans leur rapport au paysage, dont elles sont faites. En suivre la piste, le trajet, est aussi pour elle une manière d’entrer dans cet endroit et de commencer à le comprendre. C’est toute une vallée, dont plusieurs des points culminants sont choisis chaque année pour y construire ces bûchers, qui les voyait se dresser et rester là, comme bloqués dans leur attente.

Depuis 2022, dans le cadre du soutien Mission de Territoire de la Région Grand Est, s’ouvre ainsi une recherche qui choisit de se placer sur le temps long. Un rapprochement que Delphine Gatinois va opérer sur plusieurs années, à observer des pratiques, collecter des objets, documenter les usages et les récits que la tradition agence autour d’elle. C’est tout un travail plastique qui s’élabore, configuré autour de différentes techniques de production et d’édition d’images : de la photographie documentaire, de l’expérimentation sur matériaux textiles, la création d’affiches grand format déployées dans l’espace public, et la réalisation d’une oeuvre vidéo à venir. Un travail plastique qui est traversé par des questions, nées du rapport qui s’établit entre un certain passé, dans lequel s’origine la tradition des Fackels, et le temps présent du monde dans lequel elle continue d’avoir lieu.
(Texte d’Hélène Soumaré)

Au coeur de cet atelier, elle poursuit en parallèle d’autres projets personnels comme Kèmè Kémé, entre danse et photographie ou Trois sillons, un regard sur la propriété terrienne et la circulation des espèces.

Zahra Poonawala

Née en 1983 en Suisse.
Traditionnellement les circuits de production et de diffusion tendent à organiser une séparation entre les espaces dédiés aux arts visuels et ceux des arts musicaux. Zahra Poonawala cherche au contraire à marier les sensations et à trouver un mode d’expression en rapport avec sa double formation de plasticienne et de musicienne. Elle interroge la naissance de l’harmonie, cette étincelle qui fait qu’un son devient l’objet d’une expérience spatiale, avec sa densité, sa présence, ou son absence. Elle est diplômée de la HEAR à Strasbourg en 2007 puis du Fresnoy, Studio National des arts Contemporains en 2012. Expositions (sélection): CAC de Vilnius, Lituanie ; LABoral Centro de Arte, Gijon, Espagne ; Nuit Blanche Bruxelles Belgique ; Kunsthalle de Mulhouse ; MACRO Rome, Italie avec notamment son installation sonore interactive TUTTI, qui a été exposée dernièrement à l’Aubette 1928 à Strasbourg lors de la REGIONALE 16 en Décembre 2015.

Clara Denidet

Clara Denidet
Née en 1991, en Bourgogne, vit et travaille à Strasbourg.

L’intérêt que je porte à ce que l’objet dit, m’enseigne des choses.
C’est une forme d’attention décentrée qui s’applique à débusquer cette capacité de
«faire avec». Loin de l’issue résignée, l’acte de composer, de bricoler tient du magique*.

Quand il est employé à faire ce pourquoi il n’a pas été prévu, à être ce qu’il n’est pas,
quand il devient un symbole, un outil, un langage ou un témoin, quand il est transmis, usé, transformé, l’objet est une prise.
Se pencher sur l’objet est une manière discrète d’étudier ses usagers. Chacun déploie face au chaos une foule de tactiques quotidiennes, habitudes et rites qui fondent nos manières d’habiter un environnement.
(La construction d’une charpente solide comprend le fait de «toucher du bois».)

Mon travail tient autant de la recherche anthropologique que du bricolage empiriste.
Je cherche dans la cohabitation de ces deux terrains des accès à ces savoirs internes et collectifs, ceux qui se logent dans l’usage de la langue, de l’objet, du quotidien… Ceux qui s’apprennent et se fabriquent.
Tout ça demande un effort d’attention, d’indiscrétion. L’œil cherche sans cesse le reflet d’une chose dans une autre, mise sur l’indice, navigue de la marge au centre. Le monde ordinaire, la micro-histoire deviennent par là des terrains de recherche où l’intuition se ferait outil de mesure, l’art une science inexacte.
Il s’agit aussi de présumer des liens entre les choses, de parier sur leurs échos comme
on s’essayerait à jeter des sorts.

Gloria Keller

La cire, le sel, la craie, la terre et les pigments sont seulement quelques-uns des matériaux que Gloria Keller utilise dans son travail. On y retrouve souvent une référence au pays d’origine de l’artiste qui est née à Barcelone – par exemple quand elle applique de la terre rouge ou des fleurs de l’Espagne sur la toile. Les couches de différents matériaux donnent aux toiles un effet presque plastique.
Beaucoup de ses peintures ont un sujet: un poème ou un thème actuel. Mais le travail de Gloria KELLER ne se résume pas à de simples illustrations. Mais à la manière associative dont l’artiste travaille avec les couleurs, les matériaux et les formes.

Célina

Autodidacte, Célina (Céline Anheim) a toujours dessiné depuis sa plus tendre enfance, mais n’a commencé à peindre sérieusement qu’à l’aube de ses 40 ans. Sa vie professionnelle et personnelle a quelque peu différé l’expression de cette passion, qui s’est finalement manifestée par une première exposition en 2012.
Au fil de ses toiles, Célina s’est créé un univers où l’émotion, les couleurs et l’esthétique sont au cœur de sa fibre créatrice et artistique. Elle affectionne particulièrement les sujets figuratifs sur les thèmes de la femme, du rêve, de la spiritualité, de l’Afrique, des enfants, des animaux… mais apprécie également de s’évader dans le voyage d’une composition abstraite. Outre l’aspect esthétique de ses œuvres, Célina souhaite susciter chez le spectateur, une réaction, une émotion… L’artiste passionnée anime également des ateliers, stages et cours de peinture dans son atelier situé à Mulhouse.
« Inutile de vouloir vous expliquer, il faut ressentir, c’est tout »…

Alexandra David

A travers des médiums et des lieux souvent atypiques (le story-telling, des objets, l’édition, une maison de retraite, un téléphérique..) ainsi que des pratiques considérées comme tabou (le vol, l’ésotérisme..), le travail d’Alexandra David explore le concept d’égotisme à l’ère d’aujourd’hui. Les sources de son travail prennent ainsi racine dans l’étude sans complaisance du soi comme spécimen, le physique, le caractère, la personnalité, les expériences personnelles, les limites (etc.) dans un environnent donné. Son travail est à la fois contextuel et in-situ, mais intervient aussi pour modeler cet entourage. Chaque thématique abordée est observée en pensée divergente afin de proposer un rendu multiple, l’ensemble étant traité avec humour et dérision.

Young hee Hong

Percer le visible pour atteindre une dimension autre ? Mais de quelle  visibilité s’agit-il lorsqu’on parle d’une frontière ?
Aujourd’hui, avec la même détermination, il s’agit de faire le point par rapport à ce qui, insidieusement, nous assaille. Je veux parler de la  pression médiatique, pression très puissante, qui nous oblige, soit à croire en tout ce que la société envoie (à travers la publicité, les idéologies), soit à douter de tout. Comment réagir ? Comment trouver son équilibre face à un conditionnement omniprésent et incessant ? C’est à cette question que répond à sa manière, par le travail, Young-Hee Hong.

Elle nous invite avec tact et légèreté à suivre ses mises au point. Elle nous incite, par le regard à examiner avec attention à relativiser, à évaluer, à estimer, à exercer notre esprit critique ; bref, elle nous appelle à nous concentrer afin de conserver notre lucidité, sauver notre jugement personnel et accroître notre conscience.

Cet effort intellectuel et moral, l’artiste le réalise physiquement. Avec son pinceau, sa main, avec son bras, avec toute sa concentration mentale, avec tout son être. Point après point, goutte après goutte, tous ces points  ponctuent un instant de création qui s’étale dans l’espace de ses œuvres.  Ils se superposaient d’abord à des images préexistantes, les points s’appliquaient sur des affiches, des photos, des images extraites d’Internet, mais entre temps, ces mêmes points de vue se sont progressivement affranchis de ces images, qui assaillent notre imaginaire et nous perturbent. Dans un processus d’évolution somme toute assez logique, les points de peinture se sont affranchis, ils flottent librement dans l’absolu, dans un vide qu’ils ont réussi à conquérir. Chaque point s’énonce alors avec sa discrète force. Certaines de ces œuvres s’intitulent par exemple « L’Ombre du Temps », et, de fait, on ne peut imaginer de  meilleure incarnation du temps qui, à la fois s’écoule progressivement goutte après goutte, et demeure à la fois dans un absolu qui n’autre catégorie que lui-même.
Chaque point, chaque goutte de peinture délicatement posée par un fin  pinceau, correspond à un instant précis et renvoie au point suivant, avec chaque fois un peu moins de matière (jusqu’à son extinction ?). Mais, nous en avons fait l’expérience, le temps, lui, n’a pas de fin. « … ».
Claude Rossignole 2014