Michele Morando est né à Vérone le 2 septembre 1978 et vit en France depuis 2010. Il s’installe à Mulhouse en 2011, où il réside toujours, et se consacre à la peinture à l’huile en travaillant sur des sujets tels que l’architecture, l’être humain et l’imaginaire. La dernière période, le travail de Morando s’est concentré sur une réflexion implicite sur le rôle du peintre, mettant en avant l’aspect artisanal du faire et se concentrant sur les enjeux centraux de la toile, la fatigue existentielle, la solitude, le rapport à l’inachevé, la pandémie. Des peintures sont nées : des oeuvres de dimensions très proches, développées autour de thèmes et de couleurs récurrents tels que des paysages rocheux raréfiés, des bois, des personnages qui semblent cristallisés dans des mondes dépourvus d’espace et de temps, silhouettes métaphysiques, solitaires et suspendues.
Ce qui se dégage de ces oeuvres, c’est en effet une solitude existentielle concrète et solide : «Devant la toile je ressens une dimension de guérison par rapport à la vie quotidienne, mais même à ce moment il y a un certain mal-être : celui du processus qui soutient la responsabilité créative, au point que je ne sais pas s’il faut ruiner, figer, embellir (et donc potentiellement enlaidir) cette toile, continuer à peindre dessus ou la laisser en un point suspendu, dans lequel le regard peut encore créer ce qui manque».
C’est ce que dit Morando pour raconter le rapport à la peinture et l’expérience d’un artiste devant sa toile, parfois sans défense voire conquis par sa candeur et ses immenses possibilités. Comme Van Gogh, qui dans une lettre à son frère
Théo raconte des heures interminables passées devant une toile blanche qui devenait moqueuse et qui l’inhibait au point de le rendre immobile. Ici ce champ infini des possibles sur lequel s’ouvre le monde réel et le plus intime de la vie
personnelle de l’homme oblige l’artiste à des questions continues sur les choix à faire pour raconter cette solitude existentielle qui enveloppe tout, et surtout sur ce qu’est le moment le plus approprié pour s’arrêter, pour décider qu’une œuvre est terminée, conclue dans son sens le plus profond.
Jara Bombana
Curatrice de l’exposition L’inattuale
Italie – Décembre 2021