Pratiques : Collage
Nathalie Berizzi-Graux – Nana
Catherine Bihl
Que faire du mystère du monde, si l’on est réfractaire à toute histoire tentant de l’expliquer ou de lui donner du sens ?L’observer, d’un oeil curieux et amusé.Le sonder, de près, de loin, du rayonnement fossile à nos états de conscience.S’en délecter, avec nos sens, aussi trompeurs soient-ils.Découvrir l’ivresse du non-sens. Le grand vertige. S’aventurer dans des expériences inédites.Celle de la peinture, par exemple…Provoquer des big-bangs de poche.Avec de l’eau, des pigments, du sable et du hasard, sur des toiles et des papiers déchirés.Apparition de nébuleuses, d’océans furieux, de mers de glace, de vides vertigineux, de traces ondulatoires, de torrents bouillonnants, de roches opaques et dures, d’infimes nuances de teintes, de ciels déchirés de lumière.J’écoute mes limites.J’aime l’horizon. Sa ligne pure me rassure et m’apaise.Je mets de l’ordre dans le chaos que je viens de provoquer.Je cherche l’équilibre.Je sèche les taches et les coulures.Je construis. Je compose par accumulation de strates.Le paysage s’immobilise…Je pose une maison, un petit village discret au creux d’une colline. J’aimerais habiter là. M’y blottir, m’y dissoudre, m’y perdre.Désir, hasard, énergie, mouvement sont fixés dans l’image.Bref moment de répit. De calme.Je vais pouvoir rêver.Pas longtemps. Je sais que bientôt l’inconnu infini m’appellera encore, et toujours plus fort.
Michel Galliot
Virginie Olanda
Les dadaïstes et surréalistes manifestent à travers leur collage, leur volonté de se démarquer. Emprunt de ce caractère « V.O. » initiale signée, signifie mon propre désir d’une version originale, originaire. Les traces excessives et successives des superpositions de papiers, déposées et collées par l’Homme témoignent de l’accumulation écrasante et envahissante. Une épaisseur, que je ressens comme étouffante pour abriter vulnérabilité et nudité. Ce processus agressif d’arracher ses affichages sauvages laissés à l’abandon me pousse à disséquer patiemment pièce par pièce, lambeau par lambeau jusqu’à ce que l’amoncellement de couches laisse entrevoir la beauté d’une trace, d’une couleur révélée par le déchirement. Voilà ce qui me répare, la re-composition s’éparpille avec rythme sur la toile. Je décolle.
Michel Burkhard
Yann Bruckmuller
C’est dans «le plaisir de l’abstraction» que Yann Bruckmuller se délecte. Quand des images lui «viennent dans la tête – de couleurs, de formes…». Ce n’est donc pas pour rien que sa période préférée, en histoire de l’art, est le XXe. Le siècle qui a vu naître et/ou s’épanouir des géants comme Schiele, Klimt, Klee, Hundertwasser, et surtout, pour Yann, Rothko et De Staël, que ce soit en Europe, en Russie, en Amérique. Une affirmation pleine et entière, évidente. Des représentants de l’art moderne, de l’expressionisme abstrait, de l’art abstrait. «Des styles peu communs. J’adore ça!», s’enflamme-t-il, alors qu’il constelle délicatement l’intérieur d’un abécédaire fait de lettres extra-bold de ronds, traits, matières et vides. Le Franco-Autrichien a découvert l’art moderne au cours de ses études, au lycée puis à l’université. Ces connaissances, il les a enrichies au gré de lectures personnelles, étoffant encore davantage un bagage culturel très hétéroclite. Alors qu’il naviguait déjà entre arts plastiques et histoire de l’art, il s’est entouré aussi de musique, de théâtre ou encore de photographie. Ayant également suivi une formation de médiation culturelle, il s’épanouit toujours, à côté de ses moments créatifs, en animant des ateliers artistiques, que ce soit avec de jeunes enfants ou des personnes âgées en Ehpad.
Mots clés. Art abstrait, art moderne, art contemporain, abstraction.
Thierry Heidt
«Magnifique…» Le mot vient spontanément à la bouche de Thierry Heidt quand il décrit les couleurs qu’il emploie pour accompagner ses dessins ou ses gravures, œuvres qu’il habille d’une délicate innocence. Les nuances de vert, pomme, kaki, jade, olive, tilleul, qui lui rappellent l’herbe, les feuilles, les sapins, et les marches qu’il effectuait, enfant, dans les montagnes avec ses parents. Les bleus, marine, nuit, pétrole, azur, presque toujours présents dans ses travaux, dans l’eau, l’horizon, «le beau temps, le ciel qui s’ouvre». Les bruns, marron, chocolat, brou de noix ou terre de sienne, qu’il emploie pour les arbres, leurs nœuds, les animaux pour qui il a une affection toute particulière. Et le jaune, qui le met en joie. Une couleur synonyme de soleil, de ces petites taches de couleur dans un champ y compris en hiver, de ces «magnifiques feuilles en automne dans les montagnes» ou qui irradie juste avant le coucher du soleil. Thierry aime employer différentes techniques – dessin, tampographie, collage… –, qui lui offrent la liberté de ses interprétations.
Mots clés. Couleurs, nature, arbres, animaux, ciel.
Françoise Marmillot
Elle passe des feutres pointe fine aux aiguilles, des tapisseries aux fils à broder, des pastels secs aux fils métalliques. Françoise Marmillot a démarré sa carrière dans les arts plastiques à L’Évasion, lors du lancement en 2004 de cet Esat artistique et culturel unique en Alsace. Les techniques qu’elle emploie se sont enrichies au fil des projets, que ce soit au sein de L’Atelier ou au sein de la Compagnie de L’Évasion, dont la spécialité est le théâtre d’ombre et la création visuelle. Ses couleurs de prédilection sont à la limite des tons francs, délicatement fanées, comme des fleurs qui auraient juste dépassé leurs plus belles heures. Des fleurs que Françoise voit quasi-quotidiennement lorsqu’elle se rend dans son jardin partagé ou dans les arbres et autres végétaux qu’elle aperçoit tout au long du chemin bucolique qui y mène. Que ce soit en peinture, en gravure, en couture ou en sculpture, ses sujets –personnages, animaux, végétaux…– se parent d’une pointe de tendre naïveté. Sa grande spécialité? Des petites marionnettes qu’elle forme en fil de fer, de coton et de laine, et qu’elle pare de boutons et autres bouts de tissus de récupération.
Mots clés. Couleurs, fleurs, bonheur, labeur, végétaux, oiseaux, marionnettes, couture, gravure, collage, récup’.
Cindy Wenger
Des traits délicats ou des grosses masses très colorées. Des personnages différents. Des collages frêles et gracieux. L’univers artistique de Cindy Wenger est d’autant plus riche qu’elle emploie de nombreuses techniques.
Mots clés. Couleurs, cœurs, aquarelle, couture, collage.