Happé très jeune par la magie photographique, je n’ai de cesse depuis, que d’aller à travers mes objectifs, lentilles, regards et émotions, non seulement vers la découverte mais surtout le partage de ce que le quotidien, le banal, l’inexorable, le « normal » à l’œil du passant, peut contenir pour moi, l’immensité de l’inconnu, l’insolite d’une autre dimension, la surprise d’une interprétation décalée.
Seul le mystère que contient l’évidence m’intéresse.
Mise en œuvre, de mon travail de photographe, dans mon atelier de « C’était dimanche » et présentation du livre d’artiste ainsi que l’édition courante.
Une histoire…
C’était dimanche.
Bizarre ces points noirs à l’horizon. Un présage ? Bon, mauvais ? Que font ces…?
Cigognes ! Des cigognes par centaines !
Lucelle, enfin, brève réminiscence.Je me souviens des balançoires là-bas derrière les arbres. Il y a aussi ce grand champ, fraîchement fauché, et des pierres tombées depuis en ruine, paysage désolé, insolite.
Soudain des cris, une certaine effervescence, des enfants et des ados se précipitent vers l’aire de jeux.Plus haut vers la forêt, le chemin de croix a l’air d’avoir été oublié.
En contrebas, un magnifique potager dément l’absence de vie en ce lieu.
Au milieu des hautes herbes, les tours d’un château – posé sur un terrain de jeu lilliputien – m’appellent et me voilà projeté dans le générique de Game of Thrones.
Au sol un masque noir, triste empreinte de la Covid.
Alors que la nature reprend ses droits, l’esprit de saint Bernard doit veiller au grain en attendant des jours meilleurs.
Dans un impressionnant ballet aérien, les cigognes se rassemblent pour leur grande migration.
C’était dimanche.
Je n’avais pas envie de sortir.
Jean-Jacques Delattre
Auteur photographe