Caroline Grimal Crépin

En entrant dans mon atelier, le visiteur a l’impression de découvrir les travaux de plusieurs artistes : je suis multiple ! J’aime en effet parfois utiliser la technique des à-plats ou à l’opposé travailler à base de collages détournés et repris avec de l’acrylique. Mais un point commun relie tous mes travaux : Aborder des sujets graves de la société, dénoncer des injustices et détourner des symboles de la société contemporaine. Entre peintures, sculptures, collage, résine, terre cuite, tout est rassemblé pour donner des travaux fantaisistes mêlant humour et sérieux. Ainsi mes petites bonnes femmes en résine les Nonnes conventionnelles aujourd’hui appelées les Nonnes essentielles défendent pleinement leur pouvoir de dérision et de sympathie : comme dans la vie, l’ironie se heurte à la gravité, le fantasme au sérieux ! Pas de doute, comme l’indique un tableau à l’entrée : My Therapist is rich !

Gariste Gatené

Gariste Gatené est un vrai faisan et un faucon, ou plutôt il y travaille. On prétend également qu’il exerce en tant qu’installateur sanitaire et social. Il, Gariste Gatené, est plusieurs, c’est le nom propre commun à un micro-collectif. C’est aussi une anagramme, celle d’Artiste Engagé. Alors, une fois auto-qualifiés ainsi, il nous faut affirmer que nous travaillons à ne pas répondre à la définition dite familière par la rousse la plus connue de la langue française, à savoir qu’un artiste serait un « bon à rien, fantaisiste ». Quoique, nous sommes engagés dans, ou plutôt nous produisons de manière multidisciplinaire en gage de recherche systématique de formes contextuellement pertinentes, ce qui signifie que, bons à rien, nous nous projetons dans la réalisation sans automatisme disciplinaire mais guidés par la maxime détournée « On peut toujours tondre un oeuf ».  Nous travaillons donc comme des bons à rien puisque toujours motivés par la volonté de mettre en mouvements, en travaux, les histoires que l’on construit et que l’on donne à voir, que l’on propose au regard, que l’on essaie de « faire entendre ».

Claire Hannicq

Plasticienne installée dans les Vosges, Claire Hannicq explore les champs de l’image-sculpture. Elle modèle les matières (bois, métal, verre) aux formes du vivant et constitue une cosmogonie de références qui relient la matière à certaines formes de l’immatériel comme la spiritualité, l’inconscient collectif, les liens de filiation…
Dans son travail, Hannicq bouleverse les repères ordinaires de la perception. Trompe-l’œil et jeux optiques participent à faire apparaître en décalage les images et leur sens, participent à troubler le visible pour qu’émerge ce qui est caché.
Elle ancre ses créations dans ce qui est manuel, sculptural, tout en nourrissant son travail d’immatériel et d’impalpable. Les matières deviennent un support pour les nombreuses « non-matières » pensées, sentiments, souvenirs, croyances… Le bois devient un corps, le verre une pensée complexe et entrelacée, le métal est un fluide qui alimente l’un et l’autre.

Véronique Werner

Dans l’atelier de « La Maison ronde » où vit et travaille l’artiste Yves Carrey, vit également Véronique Werner qui compose des tableaux, des sculptures en assemblant des matériaux tels que verreries, céramiques, petits objets précieux qu’elle accumule et collectionne en les incrustant dans du ciment . Quand elle n’est pas entrain de produire dans son atelier, elle réalise des fresques en bas-reliefs, essentiellement pour des  particuliers.

Nathacha Art

Il consiste à récupérer un maximum de choses. J’ai été élevé par une famille cosmopolite, parents divorcée donc on récupère un maximum car ma mère ne roulait pas sur l’or, et si je voulais peindre il fallait que je me débrouille pour trouver mon matériel, et pas de gaspillage.
J’aime les marché aux puces, ou je récupère de tout, et donc je fais, je peins, je forme, sur ce que je trouve, les gens ou je vis le savent et me donnent souvent du tissus ou autre pour mon art.
Je travaille pour mettre un maximum de sens en émoi la vue puis le toucher et sur certain travaux l’odorat, car je fabrique moi-même en général mes toiles que je met sur chassis, et j’aime que mes toiles sentent mais peu de personnes le remarque, mes sculptures sont fabriquer de la même manière.

Guillaume Barth

Mes idées se construisent depuis des lieux différents, ont des formes originales qui semblent s’éloigner les unes des autres, mais à y regarder de plus près, leur part d’invisibilité se recouvre dans un même ensemble. G Barth notes, 2015.

 

« Le travail de Guillaume Barth se construit sur une énergie intériorisée, j’ai envie de dire charnelle, mais aussi métaphysique, pour s’inscrire dans une histoire élargie de la sculpture telle qu’elle se définit dans son acception postmoderne. Pour autant, ses travaux abordent des problématiques essentielles quant à la place de l’homme dans l’univers et de chacun dans l’espace social dans lequel il s’inscrit, ou dont il s’échappe ou voudrait s’échapper. »

Pierre Mercier, Artiste, ancien coordinateur des études et de l’option Art à l’École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg (aujourd’hui Haute école des arts du Rhin)

 

«Guillaume Barth’s work channels energies, both physical and metaphysical, to fit into an expanded history of sculpture, in its postmodern definition.

Even so, his work tackles essential issues: man’s place in the universe, and our own place within the social space we belong to, try to escape, or wish we could escape. »

Pierre Mercier

Artist, former Head of Visual Arts and Director of studies at the École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg (now Haute école des arts du Rhin, Strasbourg)

Yiumsiri Vantanapindu

Une frontière est un espace d’épaisseur variable, de la ligne imaginaire à un espace particulier, séparant ou joignant deux territoires, en particulier deux États souverains.
Mon travail s’articule autour de la thématique suivante ; « Sans Frontières ». J’entends par cette notion le fait d’envisager un travail entre deux cultures, mes oeuvres devront être enracinées dans des territoires culturels et philosophiques différents liés aux lieux de production et à la multitude des identités qui me constituent en tant qu’individu social. De fait, l’art contemporain tel que je le conçois doit porter un regard compréhensif sur la diversité. « Objet d’Art contemporain » est synonyme d’art culturellement hybride, caractérisé par une ouverture vers l’autre. De nouveaux points de vues apparaissent, comportant un mélange entre les cultures. Cependant je n’en oublie pas les significations originelles, et je reste attachée à la spiritualité singulière dégagée par celles-ci.
Par conséquent j’ambitionne à partir des traditions artistiques présentes au sein de ma culture d’origine et européenne un art pluriel, combiner avec mes propres perspectives artistiques. il serait donc possible de créer un lieu d’échange de rencontre marqué par les notions d’hybridations des oeuvres, d’altérité dans la démarche artistique.

Clémence Choquet

Comma
Clémence Choquet, Mickaël Gamio

Comma ; la virgule est espacement, articulation. Investie du souffle dans la phrase, elle témoigne de la présence muette du corps. La virgule c’est aussi le premier aspect notable que prend le corps humain, bien avant l’embryon, un « peu » extrêmement dense.
Comma représente en métrologie une quantité faible, définie par le degré de précision atteint, qui se rapproche de « l’unité » à partir de laquelle on prend la mesure des choses.

La sculpture appelle un retranchement, un vide qui la cerne et la rend visible. A l’instar de l’architecture, elle est génératrice d’espaces. Mais elle diffère de l’architecture par son abstraction, son extraction, son isolement.

Sculpter est un moyen pour nous de donner à éprouver ce que des verbes comme persister, maintenir, résister, contenir ont de concentration active malgré une apparente immobilité ;
de rendre sensible à la tension de la fixité. Nos pièces oscillent entre apparition et disparition, entre amenuisement et étirement. Le mode d’apparaître est au centre de nos recherches et nous tentons d’en amplifier le surgissement à l’instant où elles sont appréhendées par le regardeur.

Nous abordons les matériaux dans leur persistance : le savon, millénaire, est pourtant voué à la déliquescence, à l’effacement quotidien quand le métal charrie un univers plus brut de charpentes et cuirasses.

L’effet que nous attendons d’une pièce serait de l’ordre de celui que nous procurent certains mots trop brefs : une plasticité brute, interrompue, laconique ; une manière équivoque d’aborder une question.