Clément Richem

Clément Richem explore les relations du mouvement et du temps, entre petite et grande échelle, accélération et suspension. Faisant et défaisant des civilisations, des mondes et des univers entiers à hauteur de châteaux de sable, il emprunte au regard de l’enfant, à celui de l’architecte ou encore à celui du biophysicien pour générer une expérience aux résonances mystiques. Il interroge les relations entre humanité, nature et matière. Utilisant la gravure, le dessin, la sculpture ou la vidéo, il cristallise ses réflexions autour de processus de construction et de destruction, inhérents à la vie et à la création. Dans ses oeuvres, les éléments bruts ou artificiels s’opposent et fusionnent. L’artiste en souligne le caractère à la fois éphémère et éternel, et crée, tout en le documentant sur la durée, un univers mû par de constants phénomènes de régénérescence et de métamorphose. Louise Le Moan et Daria De Beauvais

Albert Hartweg

Tout en gardant ma passion pour l’aquarelle pure que je travaille régulièrement, l’exploration d’une autre voie pour une utilisation d’une grande liberté et sans tabous de ce médium en l’alliant, au fusain, à la craie, à la pierre noire, au collage est pour moi une vraie source d’inspiration.

Mon inclination naturelle pour les vieux matériaux et notamment les cartons d’emballage est largement présente dans mes œuvres depuis de nombreuses années. La couleur chaude du carton a souvent été un atout voire une priorité dans mes compositions. L’idée de recycler cette matière en l’utilisant, non plus comme sujet, mais comme support a fait tout naturellement son chemin, aquarelle après aquarelle. Ce support a l’avantage de pouvoir être travaillé en surface, mais également en profondeur en utilisant sa structure. Pour garder tout son effet visuel et susciter même une envie de toucher, le carton est fixé brut sur un châssis en bois.

Comme écrin, j’utilise parfois de vieilles tôles zinguées dont la teinte gris-bleu de tonalité froide s’harmonise à merveille avec celle du carton. Cet heureux mariage sublime les vibrations et les énergies que suscite l’expression d’un modèle. Ce sont moins des portraits que des regards, des émotions où aucune place n’est laissée aux faux-semblants ou à la simulation.

Ce travail est rythmé par la création de sculptures. Les œuvres plastiques entrent en résonance avec le pictural, les deux sont complémentaires.

Je ne désire pas m’exprimer plus avant sur mes sources d’inspiration, sur le détail ou le cheminement qui donnent l’impulsion, le déclic. C’est très intime. Le sujet émerge, prend forme et se libère pendant mon travail. L’humeur et les émotions du moment me guident. Je tiens à ce que chacun puisse laisser libre-cours à son interprétation, à ses sentiments.

patrick lorea

Par Frédéric-Charles Baitinger

A la manière d’un Giacometti ou d’un Francis Bacon, Patrick Loréa ne cherche, à travers ses sculptures, aucun effet de ressemble.
Sans pour autant verser dans l’abstraction pure, ces corps et ces visages n’appartiennent à aucun lieu ni à aucune époque :
ils ne sont, pour ainsi dire, que les supports anonymes d’un devenir qui les ronge et les emporte.Figures de chairs, portant sur elles comme les stigmates de leur vie
passée, aucune Idée ne transparaît dans leurs formes mouvantes, mais quelque chose de plus subtil et de plus difficile à nommer aussi.
Que ce soit dans son oeuvre représentant une femme légèrement penchée, la bouche entre ouverte et les yeux fermées, ou bien dans cette autre, encore plus explicite,
nous montrant, à travers un morceau de verre, le visage d’un homme à moitié détruit, une même fragilité semble planer sur ces êtres, comme si l’expression première qui
les caractérisait luttait pour ne pas disparaître sous les assauts d’une force que le physiciens appellent : le principe d’entropie.
Tout passe, et ce qui aurait dû préserver pour l’éternité les traits d’un visage le montre tout à coup en proie au vertige de n’être plus qu’une forme temporaire;
qu’une forme dont l’essence se confond peu à peu avec celle de ses accidents.

Mais par quels procédés Patrick Loréa est-il parvenu à produire de tels effets ? L’histoire mérite d’être contée, car elle résume, à elle seule,
ce qui se joue d’essentielle dans ces oeuvres. Naguère sculpteur d’obédience classique, Loréa modelait ses figures dans la terre, puis les moulait à l’identique
dans un matériaux plus dur.
Mais lassé, un jour, d’un tel procédé, il redécouvrit, dans un coin poussiéreux de son atelier, deux têtes en terre, depuis longtemps oubliées.
Touché par la grâce de ces visages abandonnés, il comprit, alors, qu’une période de sa création s’achevait et qu’une autre s’ouvrait enfin à lui.

Tel un sculpteur archéologue, fouillant les arcanes de son atelier, ce n’est plus la figure en tant que telle qui intéresse maintenant Loréa,
mais l’ensemble des processus physiques et chimiques qui font d’elles l’analogon d’un corps souffrant.
Voilà pourquoi ses sculptures ne sont pas sans nous rappeler celles d’un Giuseppe Penone qui, aux dires de Georges Didi-Huberman,
nous permettent de toucher du doigt la différence qui existe entre « un sculpteur qui fabrique des objets dans l’espace ? des objets d’espace,
et un sculpteur qui transforme les objets en actes subtils du lieu ? en avoir lieu*.»

Ne plus se contenter, donc, de donner forme à ses idées, ne plus chercher à rendre pérenne une figure trop marquée, mais essayer,
envers et contre les risques que cette quête implique, d’atteindre à cette part d’expressivité accidentelle sans laquelle toute oeuvre d’art,
même la plus parfaite, reste un point d’arrêt ? « un arrêt de mort. »

Pascal Kauffmann

L’univers de Paxal mêle la satyre, la caricature, des références à l’histoire de l’art et toutes sortes d’influences culturelles sans frontières ni limites de temps ni d’espace. Son imaginaire ultra créatif se renouvelle sans cesse, que ce soit dans les thèmes abordés, les encadrements, les techniques employées, afin que chacune de ses œuvres possède sa propre identité. C’est pourquoi il n’est pas rare chez Paxal de retrouver des œuvres sur verre, plexiglas, ou différents supports visuels avec une finition parfois baroque qui contraste avec la modernité de sa palette picturale.

martine lutz

par le matériau je construis , vis comme un funambule , cherchant à garder équilibre et maitrise
le materiau comme la voix devient source d’expression .

Eve Guerrier

C’est parce que la peinture d’Eve Guerrier traite de notre quotidien le plus proche dans des décors qui nous sont toujours plus ou moins connus, qu’elle véhicule une émotion toute particulière et crée avec son regardeur une intimité inédite.
Loin des canons d’une peinture trop souvent convenue et sanctuarisée, l’artiste capture dans la couleur et le mouvement, avec une acuité bienveillante et une joie communicative, de minuscules instants de vie, puisant dans leur évidente fragilité les sujets de son travail.
Ces sujets prennent initialement la forme de dessins, parfois de sculptures, permettant de mesurer tout le potentiel pictural de ces choix. Cette lente maturation contribuera à l’aspect immersif et spontané des œuvres peintes, elle sera aussi le moteur de leur mystère.
Un homme sort de sa voiture et fouille ses poches, une passante lit un sms, deux amies se chuchotent un secret, de leur balcon un couple prend congé de ses amis… pendant que d’autres se promènent dans la campagne sans voir les tentes installées ça et là ou que d’autres se balancent en attendant que « cela passe » ou encore que d’autres tentent de passer d’un monde à l’autre….
Nous voici impliqués, au cœur du sujet, simultanément spectateurs et acteurs, et cette peinture parvient avec force et douceur au but ultime de tout art : nous ouvrir les yeux.

Hildegard Wagner-Harms

Des souvenirs d’enfance, la vie à la mer, restauration d’un vieil art graphique et toujours l’inspiration par la musique ont gravé(caractérisé) ma peinture. Des structures de surface donnent une valeur en trois dimensions à mes images. J’admets le matériel(la matière), cela s’écoule de moi. Je découvre dans le caché, dans la nature, comme je le vois(l’épreuve) à la mer, mon pays natal et jouir du calme. J’aime le mystique, la lumière et ombre et l’étendue infinie. Ce sont des images du silence.

Petra Keinhorst

Dessins à l’encre, sculptures en cire de paraffine et installations spécifiques sur le site.