JeanChristophe Gresse Hohnadel
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Chaque toile raconte une histoire à condition de s’y plonger avec une attention délicate. Le regard peut l’appréhender de très loin et puis s’approcher progressivement pour éviter de passer à côté de détails essentiels.
« Tempus fugit », prenons ce temps-là tant qu’il nous est donné, tel est le message.
Bruns, ocres, couleurs terriennes, jaunes orangés forment les fonds. Rien de fixe, de statique cependant…les nuances se déclinent au gré de la lumière. Les aplats s’associent pour se dissocier sitôt la prunelle de nos yeux posée.
L’écriture y figure toujours, sentinelle postée en rappel d’un passé qui nous a permis de décoder le monde. Mais elle évolue ; d’inclusions figée, elle se glisse à présent sur toute la surface en signes lancés comme des messages. Tantôt, tout en douceur et en langueur, les caractères diffusent une poésie infinie. Tantôt hérissés comme des piques, mordants comme des avertissements, ils sont cris muets à écouter.
Les symboles, peu à peu, ont pris possession des tableaux de l’artiste.
Le carré s’oppose au cercle, le réalisme à un monde taillé de toutes pièces, clés de lecture de ces créations, toujours en recherche dans une troublante incertitude qui pose question.
L’artiste narre sa vision du monde comme s’il se trouvait dans l’impossibilité de faire un choix. Au travers de ses expérimentations picturales, il cherche une voie, tenant dans sa main crayons et pinceaux comme le funambule tient sa perche pour rétablir toujours l’équilibre entre le cosmos et lui-même. Nomade ou sédentaire, incertitude ou conviction, terre ou imaginaire, infinitude ou cloisonnement ? Rien n’est monisme, tout est dualité…
Quand je l’interroge, l’artiste soupire et explique le plaisir de créer, ses questionnements, ses doutes et le bien-être qui en résulte lorsque l’œuvre, enfin, est aboutie. Il insiste sur le long cheminement de l’idée dans son esprit avant que le crayon ne soit apte à la poser sur le croquis préparatoire.
A présent, il manque déjà de place, d’espace car son horizon s’élargit encore.
Ses signes débordent de la surface du tableau, prennent leurs quartiers sur les bords ou finissent cachés dans l’envers du décor.
Rien n’est figé, clôturé, tout reste à dévoiler, détecter, repérer.
Danièle FRAUENSOHN