Clara Cornu

Durant sa formation à la Haute école des arts du Rhin (Hear), Clara Cornu découvre la peinture sous verre au contact dupeintre Daniel Schlier. Dès lors, cette technique devient l’un des principaux médiums de sa création.La peinture sous verre consiste à appliquer de la peinture à l’huile à froid, au dos d’une surface de verre, tandis que del’autre côté se découvre l’oeuvre. L’image est inversée, l’ordre pour poser des couches de peinture aussi : d’abord leséléments en surface ; ensuite, le fond. Le verre joue ainsi le rôle de support et de vernis de l’oeuvre. Dans son travail,Clara Cornu présente la peinture sous verre dans des formats atypiques, sur mesure.Dans ses oeuvres récentes , l’action se déroule à un moment précis de la journée, à la brunante.Entre chien et loup, l’artiste provoque la rencontrent de la lumière artificielle et d’un paysage en arrière-plan, encore visiblepour un court instant, alors que la nuit tombe. Comme dans un acte rituel, les modèles sont costumés. Ils paradententre les coulisses et la scène. Les frontières sont troubles : ces étranges mises en scène évoquent un théâtre de plein air,une fête que l’on aurait abandonnée…

Yiumsiri Vantanapindu

Une frontière est un espace d’épaisseur variable, de la ligne imaginaire à un espace particulier, séparant ou joignant deux territoires, en particulier deux États souverains.
Mon travail s’articule autour de la thématique suivante ; « Sans Frontières ». J’entends par cette notion le fait d’envisager un travail entre deux cultures, mes oeuvres devront être enracinées dans des territoires culturels et philosophiques différents liés aux lieux de production et à la multitude des identités qui me constituent en tant qu’individu social. De fait, l’art contemporain tel que je le conçois doit porter un regard compréhensif sur la diversité. « Objet d’Art contemporain » est synonyme d’art culturellement hybride, caractérisé par une ouverture vers l’autre. De nouveaux points de vues apparaissent, comportant un mélange entre les cultures. Cependant je n’en oublie pas les significations originelles, et je reste attachée à la spiritualité singulière dégagée par celles-ci.
Par conséquent j’ambitionne à partir des traditions artistiques présentes au sein de ma culture d’origine et européenne un art pluriel, combiner avec mes propres perspectives artistiques. il serait donc possible de créer un lieu d’échange de rencontre marqué par les notions d’hybridations des oeuvres, d’altérité dans la démarche artistique.

Clémence Choquet

Comma
Clémence Choquet, Mickaël Gamio

Comma ; la virgule est espacement, articulation. Investie du souffle dans la phrase, elle témoigne de la présence muette du corps. La virgule c’est aussi le premier aspect notable que prend le corps humain, bien avant l’embryon, un « peu » extrêmement dense.
Comma représente en métrologie une quantité faible, définie par le degré de précision atteint, qui se rapproche de « l’unité » à partir de laquelle on prend la mesure des choses.

La sculpture appelle un retranchement, un vide qui la cerne et la rend visible. A l’instar de l’architecture, elle est génératrice d’espaces. Mais elle diffère de l’architecture par son abstraction, son extraction, son isolement.

Sculpter est un moyen pour nous de donner à éprouver ce que des verbes comme persister, maintenir, résister, contenir ont de concentration active malgré une apparente immobilité ;
de rendre sensible à la tension de la fixité. Nos pièces oscillent entre apparition et disparition, entre amenuisement et étirement. Le mode d’apparaître est au centre de nos recherches et nous tentons d’en amplifier le surgissement à l’instant où elles sont appréhendées par le regardeur.

Nous abordons les matériaux dans leur persistance : le savon, millénaire, est pourtant voué à la déliquescence, à l’effacement quotidien quand le métal charrie un univers plus brut de charpentes et cuirasses.

L’effet que nous attendons d’une pièce serait de l’ordre de celui que nous procurent certains mots trop brefs : une plasticité brute, interrompue, laconique ; une manière équivoque d’aborder une question.

Ahmet Dogan

Au fil du temps, je recueille, j’accumule des objets ou des images qui m’interpellent par leur potentiel, leur force poétique et politique.

Leur forme, leur couleur, leur mouvement, leur fonction, leur symbolique, leurs bruits sont autant de pistes que j’exploite et mets en scène. J’assemble des objets entre eux, des images,  je m’appuis par moment sur des details insignifiants pour créer des situations souvent décalés, ou absurdes, parfois poétiques. Ma démarche est parfois plus frontale (femmes voilées faites en bâtonnets glacés, ou le pentagone américain fabriqué avec des palettes en bois), ou alors fait intervenir des éléments qui interfèrent sur d’autres (soldats en plastiques placés sur des grains de maïs chauffés qui se mettent à éclater).

Je ne travaille pas un médium en particulier, et mes travaux peuvent se présenter sous forme de photos, d’installations, ou de vidéos.
Mon projet est généralement d’avoir une approche ironique, décalée presque insouciante pour heurter, et déconstruire un symbole pesant ou sensible et percevoir sa représentation sous un autre angle.

Justine Frémiot (Collectif Butane)

Membre du collectif Butane en tant que designer d’espace.
Les membres du collectif ont commencé à se réunir pour partager des moments de convivialité, qui ont débouché sur une envie de partager leur créativité et leurs talents. Le groupe est constitué de 6 graphistes et d’une designer d’espace. Tous les designers du collectif ont développé des spécificités qui permettent au collectif d’avoir une approche globale. De plus, les compétences et les activités propres à chacun sont diverses : photographie, vidéo, dessin, outils informatiques, volume..

Camille Auriere

Des instants fugitifs.
Des moments uniques.
Vouloir capturer le flux inexorable des choses.
En fin de compte observer et traduire.

Mon attention se porte sur tout ce qui est en transition.
Omniprésent mais passant inaperçu dans notre quotidien.
Le travail plastique témoigne de cette fragilité, de cet écoulement du temps.

De la respiration à l’érosion,
du flux sanguin au rythme des marées,
de la création à la destruction.

Chaque proposition, qu’elle soit vidéo ou sculpturale,
installation ou photographie, propose au spectateur une rencontre.
Ces rencontres tendent à devenir de plus en plus inattendues et éphémères,
jouant avec l’espace dans lequel elles s’inscrivent.

Delphine Gatinois

Lors d »une résidence dans la région du Veracruz au Mexique, j’ai renoué avec de précédentes investigations autour du monde agricole.
Je me suis penchée sur un costume social en particulier, un uniforme involontaire, celui des coupeurs de bananes. Je me suis aussi intéressée à des formes et des présences végétales ambivalentes pour ensuite les re contextualiser différemment. J’ai aussi reconstitué un nouveau fil historique de l’évolution agricole de cette région à travers une confrontation d’images et de boites noires évoquant le pourrissement et la collection. L’ensemble de ces recherches a pris la forme finale d’un musée à ciel ouvert sur les murs d’une ancienne coopérative de mais.

Il y a trois ans, Delphine Gatinois découvre la vallée du Thann et est saisie par des formes à l’arrêt : c’est l’hiver et les hautes structures en bois des bûchers sont alors plongées sous la neige. Pour la première fois de l’histoire de la tradition dans la région, ils n’avaient pas pu être mis à feu lors de l’été précédent. Mais cela leur aura permis de tenir une place dans le paysage qui donna à l’artiste la possibilité d’en faire la rencontre. Rencontre qu’elle décrit en ces termes : cet isolement leur donnait le caractère d’une ossature, des formes sculpturales qui se détachent et s’imposent dans leur rapport au paysage, dont elles sont faites. En suivre la piste, le trajet, est aussi pour elle une manière d’entrer dans cet endroit et de commencer à le comprendre. C’est toute une vallée, dont plusieurs des points culminants sont choisis chaque année pour y construire ces bûchers, qui les voyait se dresser et rester là, comme bloqués dans leur attente.

Depuis 2022, dans le cadre du soutien Mission de Territoire de la Région Grand Est, s’ouvre ainsi une recherche qui choisit de se placer sur le temps long. Un rapprochement que Delphine Gatinois va opérer sur plusieurs années, à observer des pratiques, collecter des objets, documenter les usages et les récits que la tradition agence autour d’elle. C’est tout un travail plastique qui s’élabore, configuré autour de différentes techniques de production et d’édition d’images : de la photographie documentaire, de l’expérimentation sur matériaux textiles, la création d’affiches grand format déployées dans l’espace public, et la réalisation d’une oeuvre vidéo à venir. Un travail plastique qui est traversé par des questions, nées du rapport qui s’établit entre un certain passé, dans lequel s’origine la tradition des Fackels, et le temps présent du monde dans lequel elle continue d’avoir lieu.
(Texte d’Hélène Soumaré)

Au coeur de cet atelier, elle poursuit en parallèle d’autres projets personnels comme Kèmè Kémé, entre danse et photographie ou Trois sillons, un regard sur la propriété terrienne et la circulation des espèces.

Lucie Guillemin

Je mets en avant le problème de la surface quant à la représentation du réel par un procédé de mise à plat, de dépliage et de découpe dans notre environnement-écran. J’accentue volontairement la bidimensionnalité pour jouer de l’illusion de profondeur.

Plus qu’un symptôme spatial contemporain, c’est un temps de pause dans un environnement instable qui permet de mieux retenir en mémoire. La suspension dans le temps est liée à la fixation d’un paysage, à un drame latent mais principalement à une immersion et à un isolement dans celui-ci. Je fais appel à cette propension au silence.

Susciter une déroute, une dislocation a pour but de mieux percevoir un ensemble. L’image est mise à l’épreuve. Je mets en valeur sa fragilisation car j’interroge son fantasme intrinsèque. J’utilise des matériaux précaires qui font que la forme puisse s’évanouir. Le dessin me permet la suggestion et le souvenir. Mes moyens d’expression plastiques sont réduits aux éléments les plus simples.

Zahra Poonawala

Née en 1983 en Suisse.
Traditionnellement les circuits de production et de diffusion tendent à organiser une séparation entre les espaces dédiés aux arts visuels et ceux des arts musicaux. Zahra Poonawala cherche au contraire à marier les sensations et à trouver un mode d’expression en rapport avec sa double formation de plasticienne et de musicienne. Elle interroge la naissance de l’harmonie, cette étincelle qui fait qu’un son devient l’objet d’une expérience spatiale, avec sa densité, sa présence, ou son absence. Elle est diplômée de la HEAR à Strasbourg en 2007 puis du Fresnoy, Studio National des arts Contemporains en 2012. Expositions (sélection): CAC de Vilnius, Lituanie ; LABoral Centro de Arte, Gijon, Espagne ; Nuit Blanche Bruxelles Belgique ; Kunsthalle de Mulhouse ; MACRO Rome, Italie avec notamment son installation sonore interactive TUTTI, qui a été exposée dernièrement à l’Aubette 1928 à Strasbourg lors de la REGIONALE 16 en Décembre 2015.