Jimin Song

Ce que devient l’instant…

Jimin Song travaille à la croisée de plusieurs disciplines : photographie, dessin, poésie et art (ou arts) du livre, mais aussi restauration et conservation d’ouvrages anciens.
Tout l’art, chez elle, consiste à produire une « cristallisation émotionnelle » autour et à partir d’un fragment de réelau préalablement isolé, médité et bercé par la pensée.
Perles précieuses du souvenir : tantôt clairs et limpides, tantôt obscurs et confus, des instants familiers parfois dérisoires continuent de vivre en nous ou bien sur le papier.
Trace, effacement, mémoire, intimité mais aussi voir et toucher : voici donc ce dont il est question avec ses « objets-livres », tel cet ouvrage rêveur et alchimique qui procède par apparitions et disparitions, petites épiphanies et fragiles révélations. Comme si nous plongions un papier photo-sensible dans un bain de révélateur, il faut en humecter les pages afin de les rendre momentanément transparentes et commencer à voir à travers elles.
Il y a aussi ces livres aux pages diaphanes consacrées à un escargot ou bien à des pigeons, de petits êtres familiers évoquant l’univers des contes pour enfants et incidemment quelques états d’âme difficilement formulables : destin esseulé de l’hermaphrodite ou paradoxe d’une créature vivant tantôt à ras de terre, tantôt en plein ciel.
Le travail peut encore prendre la forme d’un livre-ceinture à nouer à sa taille, comme le ferait un voyageur désireux de protéger ses biens les plus précieux en les attachant solidement à lui. C’est un curieux opus fait de longues et fines feuilles formant une boucle, sur lesquelles s’inscrit le souvenir imagé d’un périple nocturne en train : paysages engloutis par l’obscurité auxquels se superpose le reflet fugace du visage de l’artiste dans la fenêtre du compartiment.
Sa série de photographies en noir et blanc « Les mots présents » semble suggérer que tous ses livres ne sont que la version un peu plus développée de ces pensées-bêtes qu’il nous arrive d’écrire au dos ou au creux de la paume de nos mains.
Avec « Mes poèmes préférés », l’artiste transforme la litanies de remontrances affectueuses ou agacées qu’un père adresse à sa fille en un bouquet de haïkus intimistes. Ce sont des mots simples, des expressions familières que nous avons tous déjà entendu avant même de les lire ; une manière pour elle se souligner que « le plus personnel est aussi le plus universel ».
En se réappropriant les traces et les empreintes de défunts inconnus, elle explore aussi la mémoire et le temps de l’histoire. Elle accumule et retravaille des photographies d’enfants anonymes tirées d’images d’archives de la guerre de Corée afin de leur édifier un paisible et souriant mausolée.
Les instants disparus ressurgissent ; de-ci de-là les lueurs vacillantes du souvenir nous guide à travers la nuit de l’oubli. Embarqués sur de frêles esquifs, nous dérivons ensemble au gré des courants sur le fleuve du temps.

David Rosenberg
Paris, janvier 2010

Philippe Buttani

Il y a cette forêt.
Il y a cette forêt sur cette colline, et puis il y a moi.
On dit que se promener en forêt est vivifiant et permet de se retrouver. Alors je me promène dans les bois, à toute heure du jour et de la nuit. Mais moi je n’ai jamais rien ressenti de tout cela.
Autour de moi j’entends de légers mouvements. Partout dans les arbres le bruissement des insectes, le soleil ou le vent à travers les feuilles. Et puis c’est tout, ça s’arrête là. Non, il n’y a vraiment rien d’autre à venir chercher ici.
Souvent, au bout de quelques minutes, je me pers dans mes pensées et je m’assoie. J’aime le contact de ce sol humide sur ma peau. Je sais que personne n’a jamais été à cet endroit précis avant moi. Je suis le seul et je suis le premier. Il n’y a que moi qui puisse toucher cette herbe, caresser cette mousse, casser cette branche ou me glisser sous ce tapis de feuille.
Et puis je finis par me lever et rentrer chez moi, ramenant quelques brindilles ou feuilles séchées.
J’en ferai l’observation méticuleuse dans mon laboratoire inondé de lumière, froide, comme cette forêt ou je retournerai demain.

Raymond Emile Waydelich

Raymond Emile Waydelich (Strasbourg,
1938)

Formé à  Strasbourg puis à Paris à  l’Ecole des Arts décoratifs, Raymond Waydelich appartient à cette nouvelle avant-garde « silencieuse » qui émerge au début des années 1970 avec des artistes qui opèrent un retour au privé, à la mémoire du passé personnel ou étranger (Christian Boltanski, Nikolaus Langâ?), par la reconstitution et la documentation, l’??inventaire, l’??archivage et de mise sous vitrine.
Il s’??inscrit déjà  dans cette mouvance, lorsqu’??en 1973 il découvre un manuscrit de 1890 qui appartenait à une apprentie couturière nommée Lydia Jacob. Il démembre soigneusement les pages de cet album et intervient sur chacune d’entre elles par un travail plastique au feutre, à l’encre et avec des décalcomanies. Chaque double page est contrecollée et il appose sur chacune d’entre elles son tampon, sa signature, la date et le nom de la modiste. A partir de ce journal et de cette premère intervention et identification, il réinvente la vie de Lydia Jacob et lui voue dès lors une grande partie de son oe?uvre dans un cycle qui porte aujourd’hui le nom de « Lydia Jacob Story ».

Tino

Illustrateur, graphiste, collectionneur

Claire Hannicq

Claire Hannicq est artiste visuelle, diplômée de la HEAR Strasbourg et de l’ESAL-Épinal. Explorant le champ de l’image sculptée, photographié ou dessinée, ses œuvres sondent les illusions propres au visuel.En plaçant ses images au sein de procédés par lesquels celles-ci apparaissent systématiquement partielles, trompeuses ou voilées, elle fait écho à notre difficulté à percevoir le « réel ».Elle figure le trouble occasionné par notre rapport visuel au monde, enchevêtrement de liens, de frontières et d’écrans.

Alexander Minor

NEON FAKES

Les Lettres sont formées à partir de tubes en verre-acrylique et sont peintes à la bombe dans des teintes fluorescentes. Les endroits qui ne sont pas censé s’illuminer viennent être peints en noir. Ainsi cette contrefaçon nous renvoie aux Néons que nous connaissons des Enseignes publicitaires.

Ann Schomburg

Ann Schomburg was born in Northeim, Germany in 1984. She lives and works in Berlin, Frankfurt am Main, Kassel and Hattorf am Harz.
Since 2005, she studied fine arts in the classes of Joel Baumann (new media), Urs Lüthi (Being and Fiction) and Bjørn Melhus (virtual reality) at the Acadmy of Fine Arts Kassel. In April 2012 she graduated with honors. In the same year she was appointed master student of Urs Lüthi.
Schomburg’s origins started in parliamentary politics, but she decided to switch her career to fine arts, to formulate observations of society in an artistic expression using the real life experience.
Using her own person as an example of real life, where art and life are in a symbiotic relationship. The consistent comparison of the various reactions to the “reality performance” and her art are a relevant focus of research. Schomburg’s interest is undermining ways using a very own system of logic to reinterpret settled systems. Her research and work is primarily influenced by national and
international workshops and residencies; 2007-2009 she had a free research stay in New York, in 2008 residency in Taiwan, 2010 in Berlin, 2011 in China and in Tours, France.
During her studies Ann Schomburg was awarded for her photographic work Northeim, sculptures. by the Unternehmenspark Kassel (category best student work). In 2012 she was promoted by the management of Preview Berlin Artfair as an emerging artist. In the same year Schomburg traveled with a delegation of five German artists at the invitation of the Tennessee State University in
Nashville, US. There, she presented with a delegation of German artists her work on various art academies and realized an exhibition with Students from the TSU. 2013 Schomburg was awarded with the Kassler Art Prize of the Wolfgang Zippel Foundation, who bought the photo series Northeim, sculptures. for their collection the year after.
In the Spring of 2014, Ann Schomburg called “idling mobile” to life, a mobile artist in residence project. The residency is a hybrid between an interactive sculpture and a residency program. In this constellation Schomburg invites other artists to participate into the residencies and exhibitions she gets invited to, to redesign the common structures of the institutional art support. For 2015
Ann Schomburg plans a residency tour through Germany and France in cooperation with project spaces and a crowd founding campaign.Since the summer of 2014, the project is connected to the “idling gallery”an art laboratory in which thematic exhibitions open the dialog between emerging
and established artist. A place for art and artistic networking.

Anne Habermacher

Graphiste indépendante particulièrement sensible au papier et à ses étonnantes propriétés, Anne Habermacher développe un travail autour du pli, de la découpe et de la marqueterie de papier.

Si Anne manifeste d’abord un intérêt pour l’aspect formel du livre-objet, elle se dévoile aussi peu à peu en évoquant le souvenir, l’enfance, et les thèmes plus personnels de la femme, du sentiment amoureux, de la relation à l’autre… Elle tend ainsi à construire un univers minutieux et délicat, à travers des projets entièrement réalisés à la main et en éditions limitées.

Son travail s’oriente vers des œuvres uniques, par un jeu de motifs du papier finement ciselé et marqueté.

Kristina Shishkova

Depuis un certain temps je m’interroge sur la manière de faire cohabiter
des médiums différents. Je travaille en parallèle la peinture, la sculpture et
le dessin. L’échange qui se met en place pendant le processus de travail,
aide à leur développement. Mes œuvres se construisent autour des mêmes
questionnements et sont basées sur des recherches essentiellement
plastiques, quelque soit le médium exploité.
Je considère mon travail comme une mise en tension des couleurs,
des formes et de la matière travaillée de manières différentes.
Je pense que dans la confrontation des médiums se créent des liens qui
rendent plus visibles les tensions que je veux souligner.
C’est pourquoi, je présente mes peintures et sculptures en dialogue.
Je me construis une banque d’images à partir des éléments et des expériences
visuelles rencontrées dans la nature. Je m’intéresse au paysage : les rochers,
les formes naturelles, les textures et couleurs qui se créent sur une surface
par l’érosion, les taches qui apparaissent sur un mur là où la peinture
est tombée attirent mon attention.
Je déplace des éléments de leur contexte pour créer de nouveaux « paysages »
et jouer sur notre perception.
Je mets alors en place une sorte d’ambiguïté, d’étrangeté.
En peinture je travaille par superposition de couches de matière plus ou
moins épaisses (mélanges de colle et pigmentes pour les fonds, sable, vernis
et peinture à l’huile pour les parties en texture). Il y a au cours de ce processus
des réactions, des effets qui échappent au contrôle. C’est là qu’à lieu
la rencontre entre la maîtrise et le hasard, l’habituel et l’étrange.
Mon plaisir est alors de permettre ces surprises, d’accepter ces contraintes.
Je travaille à partir des événements produits par la nature des matériaux.
Je m’intéresse à ces spécificités que j’utilise pour renforcer les tensions qui
s’y sont créées.

Collectif Cent Cibles

Le collectif Cent Cibles se compose de trois artistes et intervenantes plasticiennes :
Sarah Monnier, Delphine Gatinois et Noémie Flageul.
Les 3 plasticiennes de Cent Cibles développent des pratiques artistiques qui leurs sont
propres : photographie, sculpture, écriture, image imprimée et vidéo. Leur rencontre, au C.F.P.I * en 2011,
les amène à mettre en commun leurs réflexions. Ensemble, elles cherchent à tisser des liens entre une
démarche artistique, une recherche esthétique et des ateliers proposés à des publics variés.
En restant itinérant, le collectif souhaite élargir les échanges et les projets, à la ville comme à la campagne,
en France comme à l’étranger afin de favoriser un partage culturel concret. Le Collectif s’engage dans
différents domaines : interventions en milieux scolaire et dans le tissu associatif, proposition d’ateliers dans
des quartiers en manque de
sensibilisation artistique,
proposition d’expositions,
recherche esthétiques et théoriques.