Jacques Herrmann

Jacques Herrmann entend susciter une expérience sensible de la peinture. Tantôt abstrait ou minimal, optique ou haptique, il varie ses approches de la peinture afin d’en cultiver la diversité et d’en renouveler ou revisiter les mouvements. Entre savoir expert et profane, la curiosité qu’il entretient pour la peinture, son histoire et ses particularités, agrémentent son travail d’anecdotes qui imprègnent sa pratique. Les propriétés et les périphériques de la peinture sont pour lui autant de facettes à explorer qui lui permettent d’en redéfinir le statut et de parfois établir des compromis avec la sculpture et l’installation.

Attentif à la place de la peinture dans son quotidien, son utilisation esthétique et son esprit pratique, il cherche à en approfondir ses connaissances et à s’emparer de ses spécificités. L’abstraction est pour lui un espace de liberté et d’expérimentation qui l'entraîne en terra incognita à la recherche des possibilités picturales.

Léa Hussenot Desenonges

Mon activité artistique porte sur une réflexion autour de l’objet-livre et questionne le métier d’art dont je suis issue et pour lequel j’ai été formée. Par les objets que je crée, j’invite à une réflexion sur le livre, notre façon de le collectionner et sa place sur nos étagères.
Je passe par le dessin pour créer des visions qui abordent de manière intime notre rapport au temps, à son élasticité et à son épuisement. Je procède par accumulation et répétition de formes amenées par des techniques de gravure. Je développe depuis cinq ans une pratique de l’estampe qui est en lien avec les livres-objets que je fabrique.
A l’occasion des Ateliers Ouverts 2023 nous présenteront une installation avec l’artiste Aude Dimofski mêlant impression monotype et création sonore. Ainsi des capsules sonores seront diffusées, à écouter au casque. Créé en duo, ce travail de son est issu de captations du réel et notamment d’un chemin déambulatoire dans la ville de Strasbourg. Mis en regard de ce travail sonore, sera présenté une série de monotypes. Le geste semble lancé sur la plaque avant impression pour en ressortir des paysages. Et pourtant s’ils étaient plus l’illustration d’une note. Ou plus encore le souvenir que l’on a d’une note, d’une mélodie, d’un son.

Philippe Haag

Sur la table
mes mains
Par terre
mes pieds
Dehors
quelque part au loin
je ne vois pas
ce que tu vois
avec mes yeux
Inger Christensen
Au fil de la pratique de la vie, et donc des arts, le dessin s’est déposé en moi, et j’en ai fait le compagnon privilégié de mes sentiers. Aucune façon de tracer, c’est à-dire de tirer et de pousser, ne saurait être écartée ; aucune manière d’appliquer, des poudres aux solutions ne saurait être évincée ; aucun support, des papiers au sable des plages aux nids de feuilles des sous-bois ne saurait être ignoré.
Je dessine car le dessin est le chemin le plus court, paradoxalement sans détours ni détourages. Il est le chemin le plus court de la pensée à la main ou de la main à la pensée car cette main, dans un élan, rend à la pensée son dessin, pour reprendre ces mots d’Edmond Jabès :
Toujours cette image
De la main et du front,
De l’écrit rendu
À la pensée
Je dessine toujours d’après nature, toujours sur le motif, toujours avec le motif – à partir de la vie habitée pour rendre la vie habitable, alors s’imposent le paysage, le bouquet, la nature morte, le nu et leurs fragments.
Je me pose devant le motif car dans le motif se cache le dessin que je suis entrain de chercher. Il se pose sur la brèche, sur le regard qui s’occupe du sensible, et donc aussi du fragile. Du motif à l’émotif, je fais face aux histoires de mouvements et de troubles. Je fais bouger ; rappelez-vous, tirer-pousser dans un seul et même mouvement, en un mot : émouvoir. Et lorsqu’il est ornement, le motif se répète tout comme le trouble qui du plat de la main il faut écarter pour mieux apercevoir ou voir le fluide reflet.
Aux mains des météorologies, subissant, le carnet de dessin s’ouvre à moi qui feuille tournée après feuille tournée s’accorde merveilleusement avec l’écriture et la lecture ressassées ; les dessins des séries se suivent et se succèdent. Les séries obéissent à la respiration du ressac incessant du faire et du défaire ; de repentir en repentir, de renouvellement en renouvellement, de plaisir en plaisir se forme un monde de dessin. C’est ainsi qu’à chaque passage au travers du sas
du même tas, le tamis retient le grain du dessin. Je passe ainsi mon temps à agiter le tamis, petits mouvements qui composent, parfois délicatement, parfois furieusement, l’œuvre.
En guise d’inventaire :
séries en cours :
paysages du littoral – paysages de collines de la haute enfance – vagues – troncs –
trainées de poudre de doigt techniques :
crayon – graphite – pastel sec – pastel à l’huile – encre de chine
supports : papiers et cartons de petits ou moyens formats
Le dessin est à l’autre bout de la pensée, et à l’autre bout de la chose.
Les dessins sont les tâtonnements aveugles à travers le champ obscur de la blanche feuille de papier.
Philippe Haag

Simon Hampikian

Originaire d’un milieu rural de l’arrière-pays bordelais, j’ai vite appris à assembler, réparer, fabriquer et créer avec ce qui se présentait autour de moi. Mes grands-parents, agriculteurs, et mon père, passionné de charpente marine, avaient ces compétences pour l’agilité plastique quand il s’agissait de repenser les objets; ils m’ont transmis un héritage qui m’a mené au design.
J’ai d’abord été formé à sa version industrielle, bénéfique mais restrictive à mon goût, avant de suivre un cursus plus artistique à la Haute Ecole des Arts du Rhin pendant quatre ans, où j’ai pu trouver une approche plus personnelle, et qui m’a mené jusqu’en Alsace. J’y ai effectué des stages marquants : l’un chez Björn Steinar, représentant de PreciousPlastic en Islande et l’autre chez Bram Vanderbeke, artiste-designer belge, membre de du collectif Brut.
Je commence cette année un nouveau chapitre de ma vie professionnelle : mon installation dans mon premier atelier, à MotoCo. J’y débute mon activité. Cet espace est un élément essentiel dans ma vision du design : j’y produit principalement des projets personnels mais il me sert aussi d’espace de prototypage, d’expérimentation et agit comme un lieu d’échange.

Catherine Hicks

Les couleurs de la vie quotidienne 

Si le croquis est un devoir journalier, la peinture par ses couleurs, volumes et compositions occupe le reste du temps. Ce qui m’intéresse c’est tout simplement mon environnement, ma vie de tous les jours. Je travaille à partir de croquis que je recompose sur la toile. La technique à l’huile est utilisée par superposition, je joue avec les transparences. C’est aussi pour cela que le monotype en couleur me convient. C’est une technique de gravure qui permet de mélanger les couleurs sur la plaque, la rapidité et le hasard jouant au moment du tirage.

Leila Helmstetter

Je m’appelle Leïla Helmstetter et j’ai passé mon enfance en Afrique, dans des paysages de sécheresse qui ont marqué mon imaginaire. Fille d’un ingénieur agronome et petite-fille d’agriculteur, mon intérêt pour le monde végétal s’est développé très tôt et m’a poussé à obtenir un diplôme de paysagiste en 2014. Je mesuis ensuite tourné naturellement vers l’argile, qui est à mes yeux le matériau idéal pour exprimer le monde du vivant. Diplômée de l’IEAC de Guebwiller en juillet2022, je viens tout juste d’ouvrir mon atelier à Strasbourg. J’aime travailler cette matière molle, humide, porteuse de vie, loin des sols arides africains que j’ai connus toute petite. Quand j’ai de l’argile entre les doigts, je n’oublie jamais qu’elle vient de sous nos pieds, qu’elle flirte avec les racines des arbres. Nous l’avons extraite pour la ramener à la lumière, et elle est le matériau idéal pour exprimer les dynamiques du vivant. Je sais qu’elle est issue d’un processus de dégradation très lent. Ce temps qu’elle a mis pour se former nous parle aussi de l’évolution des espèces. De celles qui s’éteignent et restent prises dans les roches, et de celles qui mutent au fil des siècles. Quelle est notre place au sein du vivant ?Existe-t-il d’autres formes de vie ?Ces sculptures en grès chamotté, texturées et émaillées nous questionne. Les techniques de façonnage sont multiples. Ici, tout se mélange, pousse, fleurit, meurt puis renaît. Bienvenue en territoire inconnu et pourtant si familier.

Valérie Hendrich

Valérie Hendrich est artiste plasticienne, diplômée de l‘école supérieure des Beaux-Arts HBKsaar de Saarbrücken. Depuis 2007, elle vit et travaille en France, et a mené plusieurs projets artistiques en Grande Région autour du langage. Sculptrice, elle s’essaie également à l’installation notamment à travers son projet Lettres miroir.L’artiste fait miroiter depuis 2010 des lettres de fer ou de lumière tout au long des rivières transfrontalières.Ses installations ont navigué entre Völklingen (patrimoine culturel mondial Völklinger Hütte), Grosbliederstroff, Sarrebruck, via le projet « La bande bleue », lancé par Interreg et l’Eurodistrict. L’artiste a aussi exposé à Strasbourg en 2019 pour L’OLCA dans le cadre du Printemps de la langue régionale « Strossburi isch bombisch », ainsi qu’ à Mulhouse en 2022 dans le cadre du projet Diagonales. Depuis, les œuvres sont devenues pérennes. Sarreguemines et Metz ont aussi choisi de pérenniser une œuvre de Valérie Hendrich réalisée dans le cadre du festival Constellations (été 2021, 2022, 2023) et du festival « mir redde Platt » (2022).

Laura Haby

FR :

Laura Haby est née en Alsace en 1988. Elle est d’abord danseuse puis suit des études aux beaux-arts où elle y découvre la peinture et la vidéo avant d’intégrer le Fresnoy en 2017 pour y réaliser ses premiers films. Dans une approche documentaire (réelle ou non), ses films se caractérisent par le mélange subtil de l’apocalyptique et de l’amoureux : d’un côté des phénomènes inexplicables, des éloges funèbres ; de l’autre les désirs de ses narrateurs, leurs essais de séduction. Elle donne voix aux conflits intimes dans leur espace de représentation sociale pour comprendre comment l’humain se construit et se transforme. Selon elle la conversation est un art et la vulnérabilité une vertu des chercheurs de terrain.

Conjointement à des expositions collectives dans des centres dart contemporain comme le MAGASIN de Grenoble, le Musée Fabre de Montpellier, ou lEspace Croisé de Roubaix, ses films ont été projetés dans le cadre de festivals tels que le Festival International du Court-métrage de Clermont-Ferrand, CôtéCourt, le FID Marseille, Les rencontres Internationales Paris/Berlin/Madrid au Palais de Tokyo, à la Villa Médicis à Rome mais aussi à Valence en Espagne, à la galerie Mr. Pink dans le cadre des projections screens – digital video creation series.

ENG :

Laura Haby was born in Alsace in 1988. Her first form of artistic expression was dance, before she started her studies in the Art Academy where she discovered painting and video. The third stage of learning brought Haby to the Fresnoy and in 2017 she made her first films. With a documentary approach whether based on factual reality or not her films are characterized by a subtle mélange between apocalypse and love: on one side inexplicable phenomena, funeral eulogies; on the other the desire of the narrators and their attempts of seduction. Haby gives voice to intimate conflicts within their space of social representation to understand how humans develop and transform. According to her, conversation is a form of art and vulnerability is a virtue for field researchers. She is currently testing all of the above in a film she has been pursuing in Albania for the past four years.

In addition to group exhibitions in contemporary art centers such as the MAGASIN in Grenoble, the Fabre Museum in Montpellier, or the Espace Croisé in Roubaix, her films have been screened in festivals such as the International Short Film Festival in Clermont-Ferrand, Côté-Court, the FID Marseille, Les rencontres Internationales Paris/Berlin/Madrid at the Palais de Tokyo, at the Villa Medici in Rome, and also in Valencia, Spain, at the Mr. Pink gallery as part of the screenings – screens – digital video creation series.

Aurélie Hertrich

La peinture et le dessin me fascinent tout en me paraissant longtemps inaccessibles. C’est finalement grâce à la pratique libre et par le dessin de nu que j’ai pu m’approprier définitivement l’envie de créer.  Avec le dessin je cherche à exprimer ma perception du réel, mon regard sur le corps. Le nu est au centre de mes créations, comme une source inépuisable de beauté, d’expression et de mystère aussi. Parfois je m’en éloigne mais je ne quitte que très rarement “le vivant” humain, animal ou végétal. Les idées de mise en œuvre émergent les unes après les autres et mes mains s’efforcent de modéliser mes pensées. Curieuse de nature, j’aime utiliser différentes techniques, peinture à l’huile, acrylique, encre, fusain…, différentes couleurs…, différents formats…Je ne m’ennuie jamais, ma construction est permanente !

Sybille du Haÿs

L’anecdote historique et l’archive font partie intégrante de la recherche plastique de Sybille du Haÿs, autant d’outils qui lui permettent de jouer avec les déclinaisons possibles d’un même récit.Elle saisit l’information pour en livrer son interprétation, comme dans l’installation Les oubliés de l’actualité. Histoire et mémoire sont deux notions récurrentes de son engagement plastique. De l’art à l’histoire politique et institutionnelle, elle balise un champ de recherches ambitieux qui se déploie en plusieurs ramifications de pensée.Elle explore par exemple les manifestations d’une spiritualité universelle, inhérente à la vie, et utilise pour ce faire des éléments appartenant au domaine religieux comme le retable ou l’ex-voto. Dans Reconnaissances c’est la dichotomie entre les notions de sacré et de profane qu’elle choisit de mettre en avant, tout en manipulant les références artistiques, hommage caustique rendu aux artistes et penseurs à qui elle s’adresse. Dans Silence, l’accumulation de cire coulée crée un débordement ; l’ancrage au sol devient indispensable à la mise en scène de cette pièce qui évoque un temps figé, celui de l’institution religieuse statique.Ces détournements d’objets interrogent la manipulation de la matière, comme dans la peinture Portrait d’un aumônier militaire. L’image pixélisée, démantelée, morcelée oblige le spectateur à s’éloigner afin de trouver une distance physique et critique. En partant du territoire local (À l’arbre vert) ou international (Who wants to shoot ? et Invitation au voyage), Sybille du Haÿs décline une pratique pluri-disciplinaire et esquive la conclusion hâtive, s’inscrivant, comme artiste, au cœur de la réflexion mémorielle collective et individuelle.Élise Girardot – commissaire d’exposition et critique d’art membre de l’AICA