Paul Béranger

De la peinture par le collage
« Plutôt peindre que parler. Se mettre à l’écart, laisser le silence s’installer, les couleurs tomber au fond, la composition s’établir, la lumière transparaître sous le papier qui la voile et la dévoile en même temps. Puis reprendre le même format et avec le pinceau dans le geste indéfiniment repris de la main, faire monter les couleurs, apparaître une autre lumière. Enfin, côte à côte chercher l’accord, établir des continuités, augmenter les dissonances, jusqu’à un être commun naisse de l’unité si longtemps recherchée de deux individus, de matière et de gestuelle différente.
La peinture longuement travaillée, couche après couche, vague après vague recouverte, découverte enfin comme une terre promise qui nous attendait, si proche. Jour après jour, bêché, gratté, aplani, ensemencé, l’atelier est un jardin où poussent les couleurs : rien à identifier, cataloguer ou classer (ce n’est pas de la botanique mais de la peinture), seulement s’asseoir, prendre le temps, attendre que les brumes se lèvent, s’émerveiller pour rien, comme un enfant qui joue, contempler la présence amicale du monde, comme un jardinier son jardin.

A mesure que le silence s’approfondit peut monter la lumière. S’il arrive à rejoindre les hautes intensités, un regard incisif la découvre, pénétrant tout comme un souffle. Ce n’est pas en enlevant la matière qu’on l’atteind mais en la travaillant : faire sortir la lumière du papier et aussi de soi, de la matière humaine, que la main illumine le pinceau avec une infinie délicatesse. La peinture doit se faire transparente pour laisser la lumière passer, légère, aérienne, fragile.

Patiemment Paul fait du papier de soi, dispense discrètement sa lumière en silence, délicatement nous invite à regarder au-dedans, accepter la fragilité, ne pas avoir peur de s’effacer, accéder à la vraie douceur qui est la seule force, effleurer un instant l’impossible sérénité. La lumière ne vient pas sur les choses et les êtres mais les illuminent.
Sa Peinture vous fera du bien, vous remplia de sérénité, si vous lui laissez le temps de venir jusqu’à vous, vous respirerez mieux.
Texte d’Emmanuel Esteve (Galerie 26, rue St jean 69005 Lyon)

Christoff Baron

Christoff Baron vit et travaille à Strasbourg. Il peint sur des planches usagées de palette ou d’échafaudage. Son geste d’artiste s’inscrit sur les traces laissées par le maçon ou l’employé de supermarché. L’oeuvre trouve son essence dans les contrastes entre l’industriel et l’artistique, le brut et le peint, l’anonymat et la signature, l’aléatoire et le maîtrisé.
Ses peintures figurent volontiers des foules tendres ou tendues, en quête d’un dialogue. Il puise son inspiration dans l’oeuvre d’écrivains ou de cinéastes tels que Shakespeare, Sydney Lumet, Dostoïevski, Buzzati ou Simenon. Son goût pour l’art sacré le conduit de plus en plus à réaliser des travaux pour des églises. Il a réalisé une peinture de grand format pour le jardin des religions de Strasbourg qui sera inauguré en 2013.

Philippe Buttani

Il y a cette forêt.
Il y a cette forêt sur cette colline, et puis il y a moi.
On dit que se promener en forêt est vivifiant et permet de se retrouver. Alors je me promène dans les bois, à toute heure du jour et de la nuit. Mais moi je n’ai jamais rien ressenti de tout cela.
Autour de moi j’entends de légers mouvements. Partout dans les arbres le bruissement des insectes, le soleil ou le vent à travers les feuilles. Et puis c’est tout, ça s’arrête là. Non, il n’y a vraiment rien d’autre à venir chercher ici.
Souvent, au bout de quelques minutes, je me pers dans mes pensées et je m’assoie. J’aime le contact de ce sol humide sur ma peau. Je sais que personne n’a jamais été à cet endroit précis avant moi. Je suis le seul et je suis le premier. Il n’y a que moi qui puisse toucher cette herbe, caresser cette mousse, casser cette branche ou me glisser sous ce tapis de feuille.
Et puis je finis par me lever et rentrer chez moi, ramenant quelques brindilles ou feuilles séchées.
J’en ferai l’observation méticuleuse dans mon laboratoire inondé de lumière, froide, comme cette forêt ou je retournerai demain.

Guillaume Barth

Mes idées se construisent depuis des lieux différents, ont des formes originales qui semblent s’éloigner les unes des autres, mais à y regarder de plus près, leur part d’invisibilité se recouvre dans un même ensemble. G Barth notes, 2015.

 

« Le travail de Guillaume Barth se construit sur une énergie intériorisée, j’ai envie de dire charnelle, mais aussi métaphysique, pour s’inscrire dans une histoire élargie de la sculpture telle qu’elle se définit dans son acception postmoderne. Pour autant, ses travaux abordent des problématiques essentielles quant à la place de l’homme dans l’univers et de chacun dans l’espace social dans lequel il s’inscrit, ou dont il s’échappe ou voudrait s’échapper. »

Pierre Mercier, Artiste, ancien coordinateur des études et de l’option Art à l’École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg (aujourd’hui Haute école des arts du Rhin)

 

«Guillaume Barth’s work channels energies, both physical and metaphysical, to fit into an expanded history of sculpture, in its postmodern definition.

Even so, his work tackles essential issues: man’s place in the universe, and our own place within the social space we belong to, try to escape, or wish we could escape. »

Pierre Mercier

Artist, former Head of Visual Arts and Director of studies at the École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg (now Haute école des arts du Rhin, Strasbourg)

Patrick Bastardoz

Depuis quelques années je jette un regard actif vers la peinture du siècle d’or hollandais, je m’en nourris dans mes diverses séries sur les musées, vitrines d’antiquaires et paysages urbains. Les mois passés marquent également un retour vers l’univers industriel avec lequel je n’ai pas encore réglé tous mes comptes.