Laura Apolonio

Artiste pluridisciplinaire, graphiste, chercheuse et professeur à l’Université de Grenade, docteur en Arts (Phd), auteur de plusieurs publications scientifiques et de livres de graphisme. Sa recherche artistique est axée sur le corps, la créativité, l’espace et notre façon de l’habiter, en particulier sur la fragile et mouvante frontière entre l’espace intérieur et extérieur, ainsi que les multiples aspects de la perception. Son travail artistique couvre un large éventail de techniques et se centre principalement sur la figure humaine et son environnement, le corps et la symbolique sociale, ainsi que la symbiose avec la nature, ce qui l’a amenée aussi à la construction de parcours et d’expériences de land art et d’art vivant. En ce moment, elle réalise un séjour de recherche sur la créativité inhérente à la corporalité, au laboratoire de David Le Breton à l’Université de Strasbourg où elle intègre une recherche plastique sur la figuration et la représentation du corps humain.
La série de peintures « Déterritorialiser » qu’elle présente aux ateliers ouverts, évoque la difficulté pour l’être humain d’atteindre l’expression authentique de son être et de se sentir libre. Nous sommes « jetés » dans ce monde (selon l’expression de Heideggger), sans défenses, et nous cherchons continuellement un abri, un refuge, une protection. Les liens sociaux que nous tissons nous protègent en même temps qu’ils nous conditionnent et nous empêchent de nous sentir libres.
Il s’agit d’une dichotomie difficile (voire impossible) à résoudre. Le drame ou la lutte qui en résulte est ce qui caractérise nos vies, chacune ayant une réponse unique à un drame commun. Les protagonistes de ces peintures sont « piégés » dans un réseau de signes qui représentent des cartographies imaginaires. Ce simulacre cartographique symbolise notre système de codage, que nous utilisons pour interpréter la réalité et qui crée de nouveaux liens sous forme de préjugés ou de pensées figées qui nous empêchent d’avoir une expérience authentique de la réalité. La solution est, comme le suggère le philosophe Gilles Deleuze, de « déterritorialiser », c’est-à-dire de rompre les interprétations de la réalité auxquelles nous sommes accoutumés afin de créer toujours de nouvelles réalités, de nouveaux « territoires », en stimulant notre capacité interprétative et en mettant en action l’autocréation continue qu’est la vie.

Emmanuel Antoine

La série Terre d’Encre aborde la notion de paysage avec peu de moyens, l’eau, l’encre de chine et le papier. Il s’agit de faire naitre le paysage à partir de la trace, de l’empreinte. La lumière enfouie dans la profondeur du papier révèle la force et l’énergie du paysage.

Cette série rejoint l’approche de Shitao : « L’encre en imprégnant le pinceau le dote d’une âme, le pinceau, en utilisant l’encre la doue d’esprit »

Diane Albisser Rostalski

La pratique artistique de Diane Albisser est basée sur la peinture (acrylique majoritairement), sur toile, sur bois le plus souvent, parfois sur objets (boîte d’allumettes, boîte à cigare, chute de bois…) avec, depuis quelques années, une fréquente utilisation de la feuille d’or. Sa peinture est figurative, centrée sur la représentation de personnages.
Diane Albisser est passionnée par l’histoire africaine-américaine, et a toujours travaillé sur des problématiques relatives à l’histoire du peuple Noir, et à l’invisibilité de celui-ci dans l’art occidental.
Sa pratique de la peinture s’articule autour du « monde noir » : références le plus souvent au peuple afro-américain, mais aussi au vodou, parfois à l’Afrique. Elle peint des portraits et des scènes où figurent des personnages, dans divers formats, allant de la miniature au plus grand format. Bien que pouvant souvent évoquer la Louisiane, le Mississippi, les lieux et époques restent flous, permettant à l’imaginaire du spectateur de voguer au gré de ses propres références, souvenirs, préjugés, rêves… Ses personnages sont des fantômes, nés dans son univers suite à ses recherches historiques et à ses lectures inspirantes telles que Toni Morrison, Colson Whitehead, James Baldwin, James McBride, Elvan Zabunyan…).
Invisiblité ou représentations négatives dues à l’Histoire (esclave, servante, ou sauvage fantasmé…), le travail de Diane Albisser laisse transparaître la volonté de créer une autre iconographie, allant de la représentation simple d’une personne pour ce qu’elle est, par le portrait par exemple, ou jusqu’à la sacralisation, avec des icônes de madone noire à l’enfant…
Depuis 2015, Diane Albisser a commencé en parallèle un travail sur la figure de l’alsacienne, souhaitant revisiter ses racines et le patrimoine de sa région natale. Ses alsaciennes sont déclinées de différentes manières : vêtues ou nues, en pied, portrait ou encore aux champs, noires ou blanches, parfois même en icône… Ces séries de peintures sont à la fois un hommage à la coiffe traditionnelle, à la femme alsacienne, et aussi la proposition d’un regard neuf sur une Alsace contemporaine, ouverte et cosmopolite.

ArtByDo

Doris excelle dans la technique du pouring. Elle associe les couleurs avec brio .

Auchkatzstudio

Auchkatzstudio se compose d’Elsa Belbacha-Lardy, diplomée d’un DNSEP en 2019 de L’ENSA Villa Arson et agrégée d’arts plastiques, et de Thomas Thibout titulaire d’un DNSEP mention design produit et espace de l’ENSBA Lyon depuis juin 2019. En 2017, ils créent ensemble AuchKatzStudio. Leur travail s’emploie dès-lors à cultiver l’interstice poreux entre design sculptural et art fonctionnel en créant des installations immersives où la couleur devient le lien entre le solide et
le précaire, l’inerte et le vivant.

En effet, en 2021 ils créent pour la sixième édition d’art au Centre à Liège, UNIVERSE IN MOTION. Cette installation propose de s’affranchir des frontières par l’hybridation de la sculpture, de l’objet, de la peinture ou encore de la photographie tant sculpturale que publicitaire. La nature-même des media se voit interrogée dans une relation sensible à un univers mouvant entre
séduction et étrangeté, qui propose la fusion d’une archéologie du futur et d’un passé hypothétique. Cette même année ils sont invités en résidence à Moly Sabata afin d’élaborer ce qu’ils aiment appeler des sculptures de monstration d’oeuvres. Tant fonctionnelle que sculpturale par son autonomie spatiale, cette nouvelle série visant à «socler» les pièces présentées à Art O Rama lors de l’exposition Empire & Royaume de Moly Sabata cultive la porosité entre les arts visuels. Ils participent ainsi à l’édition 2021 d’Art O Rama à la Friche Belle de Mai.

Ainsi AuchKatzStudio s’apparente à une entité hybride qui tend à s’exprimer tant dans le domaine de l’installation que dans celui du design d’objet, et toujours dans une relation sensible aux pièces uniques, s’attachant ainsi à mettre en relief les aspérités de la matière. En effet, de mars à Juin 2021, plusieurs de leurs pièces se voient exposées dans la galerie Chapelle XIV à Paris lors de l’exposition collective SuperNature visant à réunir des pièces de designers et de peintres dans un rapport étroit au sublime. Parmi les pièces d’AuchKatzStudio qui y sont présentées on retrouve notamment Jaspe et Rubis, oscillant entre tabourets ensanglantés et pierres précieuses, et dont la matière semble souligner la relation ambivalente, magnétique et de fait propre au sublime, liant attraction et répulsion. Leur travail fut également montré en novembre 2020 à Brooklyn lors
de l’exposition collective Super Group organisé par Stephen Markos également appelé « Superhouse ». Ainsi AuchKatzStudio aime à penser ses pièces en deux temps, celui de la fonction puis celui de la fiction qui prend forme en tant qu’installation où dialoguent des sculptures praticables, mais également des éléments précaires et évolutifs tels que l’eau ou le sel, avec la stabilité d’un
élément ou d’une construction architecturale.

En effet, en février 2020, ils exposent DINNER PARTY TIME à l’Artist Run Space Loto à Bruxelles. Dans cette installation, alors que la couleur se déploie physiquement dans l’espace qu’elle sculpte, assis sur ce qui peut être envisagé comme la sculpture ou la peinture d’une roche, le visiteur est happé dans un espace-grotte lentement mou – vant, à la fois inerte et vivant et qui propose une
rencontre entre deux temporalités, la notre et celle du monde minéral et organique. En parallèle, Thomas Thibout collabore avec des archéologues lors de chantiers de fouilles paléolithiques, ce qui contribue à alimenter les recherches d’AuchKatzStudio autour de la forme organique et du design spéculatif où les époques s’entremêlent conjuguant ainsi le possible et le plausible.

En septembre 2021, ils ont présenté Hypermonde, leur première exposition personnelle au centre d’art Maison Louis Jardin au Mesnil/Oger. Ils participent également à Materialité aux côtés de la gallerie Adorno durant la Paris Design Week 2021, au Salon Premiere Classe au Jardin des Tuilerie à Paris pour l’exposition Sunny Corner organisé par Harld Molet en septembre 2022, au Lake Como Design Festival 2022 organisé par Artefacto pour Movimento Club.

Ainsi va lavis

Installé dans les locaux de l’Atelier des Compétences, centre de formation, l’atelier Ainsi va lavis est situé au rez-de-chaussée. Il est né d’une rencontre inattendue entre un besoin d’enseigner les arts plastiques et une passion pour la création. Ainsi va lavis incarne à la fois ce flux de l’eau qui coule, l’encre qu’on ne sait retenir, les accidents de la création qui deviennent oeuvre d’art. Les hasards de la vie qui l’a dessinent jour après jour comme le hasard de cette rencontre qui me permet de développer une pratique artistique. Atelier personnel mais aussi atelier collectif, Ainsi va lavis ce sont également des cours de dessin et peinture à destination des adultes et enfants mais aussi des ateliers découverte de différents domaines créatifs tels que l’aquarelle, la calligraphie, la gravure de tampons etc. J’ai imaginé ce lieu pour qu’il soit une invitation au partage, à l’expérimentation et à l’expression de chacun. Intéressée particulièrement par le travail à partir des éléments de la nature, je me suis servie de ses trésors pour aménager le lieu : étagère de bouleau, tataki zome pour la suspension centrale…

À la lumière de Zuzana Jacsova

À la lumière de Zuzana Jaczova / Jean-Marc Nigon J’ai fait la connaissance de Zuzana il y a de très nombreuses années déjà, et nous nous sommes liés d’amitié au gré de nos rencontres lors de vernissages ou lorsqu’elle venait voir mon travail et moi le sien. Nous partagions souvent les mêmes emballements artistiques, ou les mêmes déceptions… Mais surtout, nous appréciions nos travaux personnels ; nous pouvions parler des heures de nos techniques respectives, tellement opposées mais qui pourtant nous rapprochaient. C’était toujours des confrontations passionnantes, émulatrices, toujours gaies. J’entends encore son accent à nul autre pareil…Quelques semaines avant sa disparition, Zuzana était venue me voir car elle aimait aussi mon travail de graphiste, afin que je réalise un livre sur l’ensemble de son œuvre « histoire de faire le point » comme elle disait. Elle m’avait laissé alors tout un fatras de documents, photos, courriers, écrits multiples… Hélas, ce travail commencé dans les éclats de rire a été brutalement interrompu. C’est dans son atelier que j’ai rencontré Elena, sœur de Zuzana. Vivant à Toronto, elle s’y était installée pour le règlement d’affaires en cours. Ce fut comme une évidence entre nous deux ; tellement de choses à dire et partager. Nous avons ainsi passé des heures entières entourés des peintures et des sculptures de Zuzana qui, j’en suis sûr, nous a accompagnés tout au long de ces moments chaleureux. Pour lui rendre hommage, nous avons décidé que je continuerai mon travail sur le livre, et j’espère le présenter lors des Ateliers ouverts. Lorsqu’Elena est repartie, elle m’a confié les clés de l’atelier. J’y suis installé depuis deux ans maintenant et j’ai gardé aux murs les tableaux de Zuzana. Cet atelier est habité, je m’y sens bien, comme dans un cocon bienveillant. Zuzana avait participé à plusieurs reprises aux Ateliers ouverts, et je saisis cette opportunité pour faire revivre ses œuvres et présenter mon travail. Très facile d’accès, accueillant, son atelier se prête particulièrement aux déambulations et aux échanges, avec ses deux espaces d’exposition. Je vous y accueillerai pour parler de Zuzana et de mon travail. JMN- – – – – Zuzana Jaczova Née à Bratislava 9 août 1953 – 6 septembre 2020École de design industriel à Eindhoven École des Arts décoratifs de Strasbourg Expositions personnelles Thann, Paris, Karlsruhe, Strasbourg, La Haye, Brest, Colmar, Sélestat, Illkirch–Graffenstaden, Toronto, Berlin, Montbéliard, Lausanne, Bourges…Expositions collectives Wattwiller, Strasbourg, Blanchrupt, Bâle, Sélestat, Schwabwiller, Barr, Düsseldorf, Saint-Nazaire, Karlsruhe, Bruxelles, Fribourg, Paris, Montrouge, Kehl, Baden-Baden, Angoulême, Villedieu, Liestal, Grenoble, 
Saint-Étienne…Prix C.E.A.A.C. 1995 de la Région Alsace

Aimée Piotrkowski

Il s’agit d’un lieu où figurent trois ateliers attenants à la galerie Arcreanvol située au 2 rue du Mont Blanc, Strasbourg. J’ai eu eu la possibilité à plusieurs reprises de participer à des expositions organisées par cette dernière

Collectiv ARTsTRAvers

Le collectif ARTsTRAvers travaille sur la „TRANS-scription du paysage“ dans le  Dreyeckland.

Actuellement, ils posent leurs interventions écrites et auditives sur le Rosenberg une colline entre Hégenheim (France) et Allschwil (Suisse). En traversant la frontière, entre le ventre Hegenheim et le Windzimmerde la Kunsthalle Allschwil, ils produisent des transformations poétiques du paysage perceptible en texte et en son.

Le collectif ARTsTRAvers est pluri-lingual. L’écrivain Victor Saudan écrit en français et en dialecte, l’artiste Mimi von Moos explore la langue allemande, mais fait aussi volontiers des incursions linguistiques dans l’inconnu, et l’artiste et musicien Martin Burr se consacre au vocabulaire des bruits et des choses sonores du Rosenberg.

 

En se consacrant à l’expérience du paysage, le texte et le son alternent et deviennent partie intégrante d’un itinéraire de promenade entre les deux maisons de la culture.

Les textes et les sons déposés par Mimi von Moos, Victor Saudan et Martin Burr sur le Rosenberg seront également mis en ligne sous forme de podcast et pourront être consultés sur les sites web des deux maisons culturelles et via les médias sociaux.

 

De la même manière qu’un tableau apparaît irrémédiablement différent au spectateur après avoir lu la légende qui l’accompagne, il en va de même pour une promeneuse qui perçoit un paysage à travers lequel elle se déplace. Dès que le paysage est associéà un texte qui lui est consacré, qu’il s’agisse d’un texte imaginaire, d’un texte surréaliste, d’un récit fictif basé sur des faits historiques ou d’un récit d’histoires vraies, il se modifie dans la perception des promeneurs qui le traversent.

Les connotations entre l’image, le son et le texte influencent et renforcent la relation et la forme de relation que nous tissons toujours, spontanément et le plus souvent inconsciemment avec notre environnement.

La transcription du paysage permet d’identifier de fins réseaux qui se posent sur le paysage et se densifient à mesure que l’on s’intéresse à son histoire, et aux histoires et possibilités qui s’y jouent. L’histoire est synonyme de stratification. Nous en faisons partie. Nous devenons le paysage et le paysage vit en nous.

 

Cette rencontre d’égal àégal décrit également une forme alternative de coopération entre les institutions culturelles : elle oppose au traitement colonialiste d’Art Basel (Miami Beach, Hong Kong (plus tard Singapour ?) et Paris) une invitation réciproque entre les contenus et l’organisation dans l’environnement de la région.

Noé Archambault

La pratique plurielle de Noé Archambault mêle l’image et le volume. Le dessin est un de ses médiums de prédilection. Ancré dans son temps, il développe notamment des techniques de dessin en utilisant uniquement les applications de smartphone. La transformation et manipulation d’objets et de matériaux de récupération est un autre axe de son travail. Par le biais de l’installation, du costume et du masque il interroge le monde autour de lui. Il propose un univers organique et en mouvement permanent.