Emilie Picard
67700 Saverne
 
Dernière participation aux ateliers ouverts
2025
 
Techniques
- Peinture
 
contact
4 rue Poincaré
67700 Saverne
studio@emiliepicard.fr
tél : 06 29 60 79 69
https://www.emiliepicard.fr/
 
Présentation
Attirée par le processus de dégradation des images et leur lente perte d’information, je cherche à jouer des temporalités pour créer dans mes tableaux un dialogue entre passé et présent, entre nature et artifice. Mes compositions, traversées de fissures, ramifient des espaces antagonistes et tentent de dire la fragilité de ce qui nous entoure. J’y aborde les notions de leurre, de faux-semblant, d’apparat et d’apparence. Mes peintures se composent comme des mises en scène de théâtre et renvoient à l’illusion du décor. J’y représente des objets divers : artefacts d’animaux ou de plantes, mais aussi des architectures factices, précaires, des maquettes illusoires faites de cartons, de déchets. Tous ces éléments s’inscrivent dans un espace ambigu et cloisonné. Dans mes tableaux, deux plans cohabitent, deux régimes d’images que la peinture fait se rencontrer : face à nous, des artefacts singent grossièrement la faune et la flore. Ils décoraient des espaces ou racontaient des histoires sur des scènes de théâtre ; ils tissent à présent leur propre narration. Délivrés de leur rôle premier, ils s’assemblent en un spectacle statique et silencieux. Ces éléments hétérogènes se détachent difficilement d’un deuxième plan où la nature foisonne, c’est du moins ce que l’on pense. Car en réalité, le regard se heurte à un mur peint : les ombres portées nous révèlent sa planéité. Il s’agit le plus souvent d’une fresque qui emprunte à la nature ses motifs paysagés. C’était le cas dans l’Antiquité, lorsque les riches villas s’habillaient de jardins intérieurs en trompe-l’œil. Aux fresques antiques, j’emprunte donc un catalogue de plantes, de fleurs et d’animaux. Dans leur abondance, ces formes perturbent le regard, se confondent. Leur lecture est d’autant plus confuse qu’elles sont traversées de fissures blanches qui fendent l’image. Celles-ci évoquent la lente dégradation et l’effritement de la matière picturale. Je m’intéresse à la pérennité des images, celles que je construis aujourd’hui comme celles dont je m’inspire, plus anciennes, qui portent en elles les marques du temps. Elles nous parviennent tronquées, lacunaires, et activent l’imaginaire. Ces béances sont souvent insupportables à l’homme. Archéologues et artistes œuvrent à combler les vides, comme en attestent les restaurations spéculatives de plusieurs sites antiques (Knossos, Akrotiri…). Dans mon travail, les fissures deviennent les chemins qui creusent la peinture et guident le regard. Se dessine alors une cartographie faite en réserve, qui met à nu le dessous du tableau et en exhibe le blanc inaugural. En faisant cohabiter des éléments dégradés et lacunaires, j’essaye de construire des images qui interrogent leur propre permanence. Mes peintures octroient aux sujets représentés un destin organique et tragicomique. Dans cette exploration du visible et de l’invisible, mes tableaux tentent de maintenir vivante la mémoire des formes, tout en embrassant leur inéluctable disparition.
 
Parcours
Née en 1984 à Toulouse, Émilie Picard est diplômée en 2009 de l’École Supérieure d’Art et de Design Marseille-Méditerrannée avec les félicitations du jury. Elle développe un travail de peinture qui interroge la permanence des images. Le travail d’Emilie Picard a fait l’objet de plusieurs expositions en France et à l’étranger. Il a été récemment exposé à New-York à la galerie UniX, mais aussi à la Künstlerhaus Bethanien (Berlin), à la Galerie LJ (Paris), au Frac Lorraine (Metz), au CAC Meymac, au Palazzo Liestal (Suisse), à la Galerie Stapflehus (Allemagne) et sur différentes foires internationales (Expo Chicago, Intersect Palm Springs, Luxembourg Art Week…). Émilie Picard a été sélectionnée pour plusieurs prix et bourses, dont la Dotation ADAGP en 2023, le Prix Carré sur Seine en 2021 et la bourse résidence à domicile du FRAC Alsace en 2020. L’artiste poursuit régulièrement ses recherches lors de résidences d’artistes (Künstlerhaus Bethanien, Frac Lorraine, Gedok Stuttgart, Chamalot, La Source, La Résidence Dompierre-sur-Bresbe…). Installée en Alsace depuis 2015, elle travaille actuellement à Saverne, en résidence au Cloître des Récollets.