Rodérik Farny

Je m’intéresse aux situations qui nous font nous décaler. Je cherche à créer un état où il est possible de se surprendre soi-même. Dans ces scènes non officielles, faisant comme effraction dans l’ordre de la cité, je propose parfois à d’autres artistes de venir habiter des chorégraphies, des interactions. L’œuvre prend la forme d’une performance participative où les passants deviennent spectateurs, acteurs. L’œuvre leur est adressée et leur présence la rend parfois possible.Pour d’autres situations, c’est la sphère privée où je m’invite avec une caméra qui devient une partenaire capable de suivre l’improvisation issue d’un canevas que j’ai initié.Le lieu de l’atelier est une séance de montage, une recherche et création sonore, un trafic d’images, l’écriture de court métrage avant réalisation, des jeux entre bobines et outils numériques.

Patricia Feibel

Modeleuse de terre, Patricia se passionne pour les expressions de visages du bout du monde marqués par la vie qu’elle fait émerger de ses doigts pour voyager très loin

Régine Falbriard

J aime les pierres. Les cailloux au lit de la rivière, les conglomérats du désert…La puissance du rocher, ancré solide dans le temps qui passe. Je suis traversée par une danse changeante, et renouvelée sans cesse. Le plaisir de répéter les gestes, la sensation s’affine, l’énergie vient et s’échappe, alors je sais que je vais commencer. Je touche l’écorce, je caresse la peau, je choisis la couleur, je réinvente l’émotion, j’y crois. Le béton a cette troublante qualité de se muer du liquide en solide. La fragilité devient la force…………….. Je commence et ne sait jamais ce qu’il va advenir. Pourtant, j’ai besoin de la source, c’est la naissance. L’amour me guide et prend corps. Ensuite vient ce qui nait de ce qui s’impose.

Carine Faiella

Artiste bricoleur … Ma seule formation c’est d’ assembler, construire, rechercher, démonter, expérimenter, recommencer, faire et défaire, s’acharner … essayer encore.J’observe … tout …. les lignes, les formes, les couleurs, les matières.J’aime transformer les choses autour de moi, déconstruire la matière première. Je puise dans les choses jetées, oubliées, “desaimées”. Le design est partout, il est omniprésent. La lumière à une place très importante dans mes créations, elle permet de jouer avec les effets d’ombre et de projection émanant des matières … et l’objet devient une œuvre d’art visuelle.

Sébastien Fernex

Je me laisse toujours guider par le bloc brut de pierre ou de bois, je ne conçois jamais d’idées à l’avance.Je me mets à l’œuvre seulement après avoir passé du temps dans la nature pour avoir la tête dans les étoiles et les pieds sur terre. Je me mets à l’écoute de la matière en devenir, et c’est là, les paumes sur le bloc indéfini, fragment d’une roche mère ou d’un arbre majestueux, que me parviennent les fulgurances d’une forme, d’une dynamique à exprimer. Les lignes qui se dessinent alors sont souvent organiques, voire végétales, et possèdent toujours ce mouvement ascendant, vertical, comme si la matière se voulait être un lien entre ciel et terre. Comme si les œuvres se voulaient les interprètes d’une cohérence intemporelle qui sous-tend la Vie de la nature en dépit des folies des hommes qui se croient en dehors d’Elle.Souvent une forme appelle un cristal ou autre pierre semi-précieuse pour se mettre en valeur, pour préciser son émanation.Je suis au service d’une matière en développement bien plus que la matière n’est à mon service, c’est ma façon de redonner la juste place à la nature dans ma vie.

Mr Pinkasso

Ancienne Malterie de la fin du XIXe siècle transformée en locaux professionnels puis depuis 15 ans en ateliers d’artiste. Une formidable façade en bois est visible depuis de la cour. Un atelier lumineux de 70 m2 aux poutres de bois apparents, un long couloir permettant aussi des accrochages.

Gaïa Fyot

« Entre dessin, peinture, motif et tissage, mon médium est la ligne. Elle me permet de dresser des portraits, de provoquer la rencontre, de lier et de métisser les histoires et de raconter les existences.

J’aime capter les singularités que je rencontre et leur permettre de se valoriser, soit à travers des ateliers que j’anime, soit en racontant des histoires dessinées et/ou peintes.

J’utilise et je transmets aussi quelques rituels d’artisanat de la laine tissée. Ils sont à la fois un médium de partage, de découverte de l’autre mais aussi un bon outil de méditation, par l’allure qu’ils convoquent. »

Anne Fontaimpe

Suite à un diplôme à l’ENSCI-Les Ateliers à Paris et à plusieurs expériences en design industriel au service de grandes enseignes, je me suis orientée en 2012 vers des créations personnelles faisant appel au tissu.
En quête de nouvelles créations, j’explore les multiples possibilités du tissu à travers des sujets singuliers. Dans mon atelier, je construis ainsi de nouvelles représentations où l’objectivité compte autant que l’interprétation, me saisissant de paysages délaissés pour les réinvestir par la délicatesse de la couture et la grande liberté graphique qu’offre la sérigraphie.
Mes motifs sérigraphies, à mi-chemin entre une géométrie abstraite et un imaginaire débridé, habite régulièrement mes tissus. Certaines créations font appel à une broderie manuelle comme un outil graphique. Le fil cousu devient trait de crayon et accompagne naturellement mes paysages textiles.
De nouveaux univers s’offrent à nous, laissant place à la rêverie. Les objets qui
découlent de ma démarche cherchent par ailleurs à se glisser dans notre quotidien de diverses manières et conduisent à des rencontres, au départ impensables, que certains imaginent “décalées”, avec nos intérieurs.
Je m’interroge mais avance avec un goût évident pour l’expérimentation positionnant les arts textiles comme une source poétique, créative et expressive.
Je souhaite à travers ma production garantir une démarche globale, à fortes valeurs humaines et environnementales. Le «bien-faire» ne se limite pas seulement à la qualité du geste.
Il me semble ainsi évident de faire appel à des entreprises au plus proche de mon
atelier, de veiller à la qualité et à la traçabilité des matières sélectionnées.
Collection de paysages horizons Des paysages, des architectures délaissées posées sur une ligne d’horizon remuée par des reliefs et l’usure du temps, dans des lieux éloignés, de seconde zones, où mauvaises herbes et autres animaux habitués de ses entre-deux, trouvent refuge.
Photographiés, inventés, ou rêvés ces paysages mêlent de frêles structures de fils, des motifs graphiques ou des empreintes sérigraphiées. Ils croisent des surfaces
transparentes, des fragments de végétations et des fils qui s’échappent de leur
construction.
Ces scènes multiples laissent imaginer des itinéraires vacants dans nos campagnes, des errances dans nos périphéries. Elles illustrent des parcours dans lesquels une histoire semble se dessiner dans l’enchaînement des images.

Tiago Francez

Né en 1990, Tiago Francez est un artiste originaire de Lisbonne. Diplômé de la Faculté des Beaux-Arts de Lisbonne, il a passé la dernière décennie à travailler entre Lisbonne, Paris, Londres et Mulhouse où il vit actuellement. Au cours des dix dernières années, il a travaillé et a diffusé ses images liées à la représentation de la biogenèse humaine sous forme de gravures et de peintures murales sous le nom de The Empty Belly.

Son oeuvre est habituellement associée à la question de la nature humaine et cherche à mettre en lumière la fragilité ainsi que l’origine des actions de l’être humain que l’on croit toujours dériver d’une cause. Une partie du travail de Tiago Francez se distingue par le langage qu’il emploie. Comme dans le pointillisme, il utilise le point comme l’élément exclusif de ses images – à la fois composant d’un organisme plus grand et individu à l’intérieur de sa propre identité. La philosophie fondamentale qui engloberait son travail pourrait être la phrase de Kandinsky : « Tout commence en un point ».

Cher Tiago,

Quand j’ai vu le titre de l’une de tes oeuvres « 1+1=1 » ; je me suis souvenue de l’un des derniers poèmes que Jean Arp ait écrit, où il avouait aimer les calculs faux « car ils donnent des résultats plus justes ». Il me semble que ton travail se situe là quelque part où l’image serait une formulation énigmatique ou problématique liée à notre intériorité humaine. Les titres de tes oeuvres d’ailleurs semblent souvent vouloir générer un doute et mener à un endroit où la pensée conceptuelle se balance, d’avant en arrière, de gauche à droite.

C’est d’ailleurs dans ce mouvement de va-et-vient de pendule que tu trouves ton moment de réflexion favori.

Si tu t’intéresses aux images biomédicales, c’est parce que tu aimes pratiquer l’investigation vers le dedans, dans la place de l’intime, pour apercevoir l’être humain dans ses profondeurs. Et bien souvent tu es ton premier patient. Chacune de tes oeuvres dévoile une partie de ton inconscient psychique. Ce point aveugle situé sous la lampe que tu ouvres à l’aide de la technique du pointillisme. Dans cette constellation d’images il y est souvent question de filiation, de transformation, de dépendance, d’érotisme et de causalité. Causalité aussi dans l’expérience empirique de tes performances, lorsqu’elles engagent ta responsabilité devant leurs conséquences ; quand tu es illégalement nu sur le toit d’une usine agitant un drapeau au vent aux couleurs du ciel, ou quand tu te balances obstinément sur un cheval à ressort alors que le parc à jeux ferme ses portes. Notre condition humaine subit l’inéluctable loi des forces « fatales ». Car en effet c’est au moment de la coupe du cordon ombilical que peut commencer l’incise du destin et l’impossible retour en arrière. Où existe la part de liberté humaine là-dedans ? Ce Fatum dont l’étymologie du mot Fado porte la marque est si étroitement liée à ton identité portugaise. C’est dans toute l’étendue de ce terme, qui porte mystère et magie que tu peux alors « fouiller les mots et les énigmes de la vie et réaliser ton devenir propre”.

Bien à toi,

Laura Haby